Le tragique destin de Fred Archer, le plus grand jockey du 19e siècle

26/10/2023 - Grand Destin
Véritable légende des courses anglaises, Fred Archer a été le jockey le plus dominant du 19e siècle. Après avoir battu de nombreux records au cours de sa carrière, Archer se suicida brutalement à l’âge de 29 ans seulement.

 Fred Archer, un génie au destin tragique


 
 
 
Enfance et début de carrière
 
Né à Cheltenham en 1857, Frederick James Archer a immédiatement été baigné dans le monde des courses. Son père William était jockey - vainqueur du Grand National l’année de la naissance de Fred - profession que vont par la suite embrasser ses fils Will, Charles et Fred. Après que sa famille ait déménagée à Prestbury, Fred commence à monter à poneys, et participe à des courses mettant aux prises des poneys et des ânes. La légende raconte qu’à 8 ans, lors de sa première course, il a été battu par un âne alors qu’il était en selle sur son poney. Vexé, le jeune Fred va alors se mettre à travailler d’arrache-pied pour améliorer ses qualités de cavalier, avec les précieux conseils de son père.
 
 
A l’âge de 10 ans il débute son apprentissage chez Mathew Dawson à Newmarket (l’actuelle écurie de Sir Mark Prescott ndlr). Encore gringalet, Archer ne pèse que 30 kilos et est bizuté par les autres apprentis de l’écurie, plus âgés que lui. Pris sous l’aile de Dawson, qui le traitera comme son fils, le surnommant « le petit chat », Archer n’a pas renoncé à son rêve de devenir jockey. Au fil des mois, le jeune garçon gagnait en taille et voyait son poids augmenter. A l’âge de 12 ans, il reçu l’autorisation de monter en courses. Il revêtit l’habit de lumière pour la première fois le 14 octobre 1869 à Newmarket, en selle sur une 3 ans nommée Honoria. Ce jour-là il effectuait le rôle de leader à l’autre cheval de l’écurie Stomboli. Celui-ci l’emporta et Archer et Honoria terminèrent dernier.
 
 
Mathew Dawson, le patron et père spirituel de Fred Archer
 
 
Archer remporta sa toute première course, non pas en plat, mais en obstacle cette même année, dans un steeple-chase sur l’hippodrome de Bangor-on-Dee. C’est en 1870, à l’âge de 13 ans donc qu’Archer remporte sa première course plate dans un handicap pour 2 ans à Chesterfield. Il remportera cette année là une autre course à Ayr, et concluera sa saison avec 2 succès et 9 deuxième place en 15 montes. Certaines sources racontent que le jeune garçon était rentré aux vestiaires en pleurs après avoir été battu d’un nez plusieurs fois consécutives, souhaitant que les commissaires affichent dead-heat.
 
  
Révélation au plus haut niveau
 
Au fil des mois, Fred Archer gagne en maturité et en 1872 il remporte sa première grande course, le Cesarewitch au poids de 34 kilos. Ce jour-là, il épata les observateurs de par son sang-froid et son talent. Durant cette saison, le pilote perdit sa décharge, et pour le féliciter de son « bon comportement » son patron Mathew Dawson lui offrit une montre en or. Cette montre aura une valeur sentimentale inestimable pour Archer, qui la garda toute sa vie. L’année suivante, en 1873, le premier jockey de l’écurie Tom French décède de la tuberculose et Archer se voit donc propulsé sur le devant de la scène. Il remporte 107 courses, et conclu 2e au classement du Champion Jockey. La machine était lancée.
 

 
Durant le reste de la décennie 70, Fred Archer s’imposera comme le meilleur jockey d’Angleterre. Il remporte son tout premier classique dans les 2000 Guinées 1874 avec Atlantic. Archer signe alors un contrat de première monte pour le propriétaire Lord Falmouth. Cette prestigieuse casaque lui offrira la moitié des classiques de sa carrière. En 1877, il remportera le premier de ses 5 Derby d’Epsom associé à Silvio. Alignant les titres de Champion Jockey, Archer gagne environ £10 000 par an, soit environ 1,2 millions d’euros actuels. Véritable star de son époque, Archer mène la grande vie et est surnommé le « Tin Man » (l’homme qui brille ndlr) en raison de son train de vie et de son goût pour les belles choses.
 
 

Fred Archer en selle sur Ormonde après son sacre dans le St Leger
 
 
Problèmes de poids, névrose et suicide
 
La décennie 1880 débute et Fred Archer continue de dominer outrageusement son sport. Le gringalet des débuts a bien changé, et le jockey mesure désormais 1m78. Accompagné par le docteur JR Wright, il met en place une diète stricte pour tenter de maintenir son poids. Ses repas étaient composés d’une demi-orange, une sardine et une demi flûte de champagne le midi, et d’un biscuit, de l’huile de castor et d’une flûte de champagne le soir. En plus des bains chauds quotidiens, il était adepte des « Archer’s Mixtures », un puissant mélange laxatif.
 
 
Plus grand que les autres jockeys, Archer avait de serieux problèmes de poids
 
 
En 1884, sa femme Nellie se rend à l’hôpital pour mettre au monde leur premier enfant William. Malheureusement celui-ci sera mort-né. L’année suivante, Nellie donne naissance à sa fille (aussi baptisée Nellie), mais décède des suites de complications à l’accouchement. Afin de tenter d’oublier ces deux drames successifs, Archer s’implique corps et âme dans son métier. En 1885 il réalisera l’exploit de remporter 241 courses en seulement 377 montes. L’année suivante, alors qu’il devait perdre 4 kilos pour monter le Cesarewitch en octobre 1886, il ne mangea pas durant des jours, et arriva fortement affaibli le jour des courses. A bout de forces dans la ligne droite, il fut finalement battu d’une tête.
 
 
 
 
L’après-midi du Cesarewtich ayant été particulièrement froide, Archer avait attrapé froid, ne pouvant se couvrir à cause du poids. Ce rhume s’est alors rapidement transformé en fièvre typhoïde. Hospitalisé chez lui, Archer souffre alors de démence à cause de la fièvre. Le mardi 8 novembre 1886, sa sœur Alice est venue lui rendre visite. Pendant qu’elle était en train de regarder par la fenêtre, Fred se leva de son lit et lui demanda « Est-ce qu’ils vont venir ? », en faisant sûrement référence à sa femme et son fils défunts. Avant qu’elle ne puisse répondre, il plaça un révolver dans sa bouche puis tira. Fred Archer mourra à seulement 29 ans, avec derrière lui une carrière riche de 2748 succès et 13 titres de Champion Jockey consécutifs. En seulement une quinzaine d’année, il aura marqué d’une trace indélébile l’histoire des courses anglaises et mondiales. La légende raconte que son fantôme chevauche un cheval gris sur les pistes de Newmarket.
 
 
   La tombe où Fred Archer repose avec sa femme Helen Rose, dans le cimetière de Newmarket

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