L'Arc dans 3 semaines : l'heure des montes a sonné

13/09/2015 - Grand Destin
Je ne voudrais surtout pas porter la poisse ou la guigne aux futurs acteurs du premier week-end d’octobre mais il serait prudent pour chacun d’entre eux de mesurer l’importance d’un dernier mois préparatoire aux joutes des bords de Seine (qu’ils ne retrouveront qu’en 2017). Certains l’ont appris à leurs dépens comme Poincelet, Flavien, Deforge, Garcia, Piggott, Saint-Martin, Samani, Desaint, Cruguet, Paquet, Dettori, Lemaire, Soumillon....et bien d’autres tandis que 4 victoires l'ont été par des changements de jockeys de dernière seconde, Prince Royal II, San San et deux fois Trêve !  Par Xavier BOUGON.  

Quelle brochette de crack jockeys de la génération précédente : Willie Carson, Yves Saint-Martin, Lester Piggott et Pat Eddery. SI le 1e ne s'est jamais imposé, les 3 suivantes détiennent actuellement le record commun de 4 succès dans l'Arc. Ils y ont tous eu leur lot d'aventures et de mésaventures.

 
Petite piqure de rappel
 
A une époque, du temps où les moyens de communication n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui (pas d’informatique, pas de minitel, pas d’internet, pas une « mob », mais des «troquets» cf à Coluche), la mise à pied prenait effet 48 heures après la notification à l’intéressé, en général sur les lieux où le contrevenant avait sévi (et pourtant la déclaration de partants avait lieu la veille pour le lendemain). Puis quelques années ou plutôt décennies plus tard, le délai entre l’infraction et le début de l’interdiction de monter est passé à 8 jours (à dater de 1973), elle est maintenant de 14 jours depuis 2008.
 
Les mœurs ont évolué et les nouvelles sanctions également avec par exemple celles liées au nombre de coups de cravache laissés longtemps à l’appréciation des commissaires puis codifié (ramené de 15 à 12 puis à 10 et maintenant à 8)......et puis l’apparition du joker (une seule par année civile) qui est très récente (1er juillet 2009) pour les faibles punitions......A une époque, si le délai avait été celui d’aujourd’hui, certains fautifs n’auraient pas eu la possibilité de monter l’Arc de Triomphe mais certains n’y ont pas échappé malgré tout.
 
 
Roger Poincelet (26 montes sur 27 années), il doit une des ses victoires au refus de Bill Shoemaker.

 
C’est au Tremblay en 1943 que Roger Poincelet monte son premier Arc (à 22 ans), en selle sur Cordon Rouge, élève de Guy de la Grandière et de René Pelat. Il terminera au pied du podium occupé par Verso II (Hubert de Chambure), Esmeralda (Boussac) et Norseman (Mme René de Bonnand, représentant les intérêts Strassburger).
 
Il ne manquera ensuite aucune édition jusqu’en 1958, année où aucun entraineur ne fait appel à ses services. Dans ce laps de temps, il avait vaincu avec Coronation (pour Marcel Boussac) et Nuccio (l’achat hivernal de S.A. Aga Khan), pour l’entrainement du jeune mesnilois Alec Head (28 ans) à Maisons-Laffitte. De retour en 1959, il participera à toutes les éditions suivantes (jusqu’en 1969) y compris cette fameuse année 1964...
 
Le 27 septembre 1964, Roger fait partie des trois jockeys à terre lors du Prix Henry Delamarre à Longchamp. Si Lester Piggott et Marcel Depalmas sont accidentés, Poincelet s’en sort indemne. Le matin, depuis le 16 du mois, il monte régulièrement les galops d’un certain Prince Royal II (VOIR CI-CONTRE) à l’entrainement chez George Bridgland. Son nouveau propriétaire américain, Rex Ellsworth, avait fait appel au crack américain, Willie Shoemaker, qui refuse la monte de l’Arc, invoquant qu’il ne connaît pas Longchamp (est-ce la vraie raison ?, il faut dire que le fils de Ribot venait de terminer dernier du Prix Royal-Oak). Et voilà Roger Poincelet remporte pour la 3e fois l’Arc.
 
Le gagnant, Prince Royal II (fils de Ribot), avait été acheté foal à Newmarket (3.600 Guinées à George Forbes pour le compte du Dr Carlo Bassignema, vétérinaire italien, associé à Guido Bérardelli) à ses éleveurs américains (Mme Ivar Bryce et Charles Wacker) sans sol en Angleterre, où ils placent leur chevaux près de Newmarket, à Moyns Park Stud.


Vainqueur du Gran Premio di Milano en juin de ses 3 ans, il sera ensuite revendu à l’américain Rex Ellsworth (connu pour être l’éleveur de Swaps et l’acheteur de Khaled et de Nikellora), le 11 septembre très précisément, tout en conservant ses anciennes couleurs dans le Prix Royal-Oak disputé deux jours plus tard et dont le résultat fera parler. C'est un échec total ! Monté par Enrico Camici, le pilote de Ribot et de son fils Molvedo, il termine 6e sur six.
 
A l’issue de cette piètre démonstration de la part du pensionnaire de Giuseppe Galbiati, son nouveau propriétaire décide de changer d’herbage en le proposant à Ernie Fellows (père de John) qui ne donne pas suite. C’est ainsi qu’il prendra la direction des boxes de George Bridgland le 15 septembre. Dès le lendemain, l’américain propose la monte de l’Arc à Willie Shoemaker qui réfute l’offre (sous prétexte qu’il ne connaît pas Longchamp). C’est ainsi que Roger Poincelet hérite de la monte (à l’entrainement) et de la victoire.
 
Aucune mise à pied ou chute n’ont empêché Roger Poincelet, surnommé le Professeur ou Grincheux, de monter le premier dimanche d’octobre. Par contre, il a mené une vie de cigale et quand il abandonne les bottes et le breeches en 1970, il doit continuer à travailler. La cigale devient fourmi en achetant une écurie à Chantilly et se consacre à l’entrainement pour Marcel Boussac, entre autres. En 1969, l’un des ses fils, Jean-Jacques, débute comme gentleman-rider.

 

Notes :

  • Lors de sa victoire en 1952 en selle sur Nuccio, le Professeur se glisse à la corde et à hauteur du Petit Bois, il lance à René Bertiglia : « je vais gagner de loin » on était encore à 1.600 mètres du poteau ! A l’arrivée, 3 longueurs le séparent de sa dauphine, La Mirambule entrainée par William Head.
  • Pour l’anecdote, le 19 novembre 1944, Roger Poincelet est en selle à Auteuil dans une course de haies (Prix Aston Blount) en selle sur le champion Wild Risk. A hauteur des tribunes, son pilote ne se souvient pas d’avoir emprunté.....la rivière des tribunes....Il est mis à pied pour le restant de l’année.

 

 
Les jockeys vedette de l'après-guerre, ici sur l'hippodrome du Tremblay à la fin des années 50, de gauche à droite, Jean Deforge, Maxime Garcia, Léon Flavien, Jean Massard, Roger Poincelet, Guy Chancelier et Serge Boullenger.

 

Léon Flavien, élève de Charles Bariller, comme Poincelet

Léon Flavien, le sarthois, est de la même promotion que Roger Poincelet, tous les deux apprentis chez Charles Bariller. Chez la tête de liste des entraineurs de l’époque, il avait eu Léon Gaumondy mais aussi Noël Pelat, qui reprendra l’écurie après la déportation en Allemagne (où il est décédé en 1945) de son beau-père.
 
Léon Flavien, monte son premier Arc en 1952 en selle sur Fast Fox, élève du baron Gérald de Waldner à l’entrainement chez Percy Carter. Il signe, ensuite, un contrat de premières montes (qu’il honorera pendant 18 ans) pour Jean Stern (décédé en décembre 1962) puis son épouse. Léon portera la casaque Stern dans l’Arc 1960 avec Hautain, second de Puissant Chef.
 
Les couleurs blanche, étoiles bleu-clair, toque noire (reprises depuis peu par Jean-Claude Rouget) n’ont pas de partant dans l’Arc 1958. Il est donc «à pied» jusqu’au 2 octobre, jour où Jean Deforge chute à Saint-Cloud. Dans l’impossibilité d’honorer sa monte, Jean (dit Maurice, son second prénom) est remplacé par Léon Flavien sur un élève de Mathieu Goudchaux, V.I.P. qui termine au pied du podium dont la plus haute marche est occupée par l’irlandais Ballymoss, monté par Arthur Breasley et entrainé par un certain Vincent O’Brien..
 
 

Voir l'Arc de Triomphe 1958 remporté par Ballymoss devant V.I.P, monté par Léon Flavien en remplacement de Jean Deforge.
 
 
En 1965, Léon ne montera pas Sigebert, le protégé de Mme Jean Stern et de Maxime Bonaventure, dans l’Arc. Il est remplacé par un certain Freddy Head qui n’a encore jamais monté cette épreuve, et pour cause, il n’est âgé que de 18 ans. Léon avait écopé d’une mise à pied de 30 jours pour avoir été reconnu responsable de la chute d’un concurrent. La mise à pied prenait effet le 28 septembre et uniquement sur l’hippodrome du Tremblay. La suspension sera étendue à tout le territoire car à l’époque, en fonction de la gravité de la faute, il revenait aux commissaires de la Société d’Encouragement d’étendre ou non l’interdiction de monter sur les autres hippodromes de France ou de Navarre.
 
En 1966, Léon est en selle sur le fameux Sigebert qui prendra la place de premier dauphin d’un certain Bon Mot monté par un certain Freddy Head qui l’avait suppléé l’année précédente. Léon met un terme à sa carrière de jockey en 1974 puis entraine pendant 3 ans avant de partir pour la Normandie où il a exerçé le métier de restaurateur. Il est décédé en janvier de cette année dans sa 92e année.


Jean Deforge, prénommé par l’état-civil, Maurice

A Clairefontaine le 30 août 1958, les commissaires constatent que le jockey Jean Deforge, arrivé 2e du Prix d’Orbec, s’était livré à des voies de fait après le passage du poteau, sur l’apprenti Jean Burgund. Des renseignements recueillis, il s’avère que Deforge a, à plusieurs reprises, donné des coups de cravache à son collègue. Il écope de 15 jours d’interdiction de monter.
 
Le 2 octobre suivant, à Saint-Cloud, Jean (dit Maurice) Deforge chute à l’entrée de la ligne droite. Il ressort de l’enquête que l’apprenti Jean-Pierre Boullenger a fait des difficultés à tourner et par conséquent s’écarte de la corde en provoquant une bousculade dont est victime la partenaire de Jean. L’apprenti est mis à pied jusqu’au 10 octobre mais Deforge ne pourra monter l’Arc. Léon Flavien le remplace sur la pouliche V.I.P., élève de Mathieu Goudchaux. Elle termine au pied du podium celui occupé par le vainqueur irlandais Ballymoss.
 
 

Jean Deforge avec le Baron Guy de Rothschild, vainqueurs du Prix de l'Arc de Triomphe en 1963 avec Exbury.
 
 
Il signe, ensuite, un contrat de premières montes avec le baron Guy de Rothschild avec qui il restera 8 ans. En 1962, il est victime d’un grave accident de voiture et reste immobilisé pendant cinq mois (de février à juin), ce qui ne l’empêche pas de monter l’Arc, associé à Exbury, élève du baron de Rothschild, entrainé par Geoff Watson. Mais c’est en 1963, que ce même Exbury enlève l’Arc devant Le Mesnil (pensionnaire d’Etienne Pollet, monté par Thomas-Patrick Glennon, futur pilote de Sea-Bird) et Misti (monté par Maurice Larraun).
 
L’ex-apprenti du formateur, Jack Cunnington, prend sa retraite fin 1971 après avoir décroché 3 fois la Cravache d’Or contrairement à d’autres bons élèves des Cunnington and C° qu’ont été Jean-Claude Desaint, Gérard Dubroeucq, Maurice Philipperon, Henri Samani. Il se consacrera, à la retraite, à l’exploitation d’un domaine viticole près d’Avignon, son village natal. Pas pour longtemps puisqu’il décède en 1983 à 48 ans.
 

Jacques Fabre était venu à l'Arc sans monte prévue...et donc sans ses affaires !


En 1955, Maxime Garcia a été retenu pour monter le 3 ans de Georges Wildenstein, Beau Prince II dans l’Arc. Mais dans le rond de présentation de la course précédente, un handicap, La Bretonne (René Pelat) se cabre et fait chuter l’infortuné Maxime. Dans l’impossibilité de se remettre à cheval, la pouliche est déclarée non partante et il faut lui trouver un remplaçant pour la grande course. Dans le public, un jockey en civil est accoudé à la barrière, il est présent à Longchamp pour accompagner un apprenti qui n’avait pas de voiture pour venir de Maisons-Laffitte. Ni une ni deux, Jacques Fabre (c’est de lui qu’il s’agit) est approché par Edmond Boullenger, l’un des entraineurs de la casaque bleue. Il empreinte à Pierre, Paul ou Jacques, un breeches et des bottes (rappelons que le casque n’est obligatoire que depuis 1959) et se mettra en selle sur le 3 ans, vainqueur du Prix Djebel et Eugène Adam. Beau Prince II prendra le premier accessit en terminant, néanmoins, à distance du champion Ribot.

Dans l’Arc 1960, le temps exécrable sert les intérêts du pensionnaire de Charles Bartholomew Jr, Puissant Chef. Monté par Maxime Garcia, il devance Hautain, le partenaire de Léon Flavien. Dans l’Arc 1962, la monture de Maxime Garcia, Picfort, a galopé dans les postérieurs du cheval qui le précédait provoquant la chute de Maxime. Il était la propriété de Michel d’Ornano, le fils de Guillaume d’Ornano qui avait également un partant dans cette édition, Misti, monté par Neville (Nell) Sellwood. Cet australien fera une chute mortelle quelques semaines après à Maisons-Laffitte. L’apprenti de René Pelat, Maximino, dit Maxime, est décédé d’un accident de ski à Courchevel en janvier 1972 à 40 ans.
 

Lester Piggott (28 montes)

En ce premier dimanche d’octobre 1952, un certain Lester Piggott âgé de 16 ans (né en novembre 1935) se présente à Longchamp. Il monte la première, le Prix de la Cascade (un handicap pour 2 ans) pour le comte Edouard Decazes et l’entrainement de Dalton Watson. La pouliche, Bagnoles de l’Orne doit porter 48 kgs (quand on sait que Lester pèsera, deux ans plus tard en hiver, 63 kgs !). Il s’était mis en selle pour reconnaître la piste qu’il foulera dans l’Arc avec son partenaire italien, Oise (le second du Derby italien), propriété de la Razza Ticino (Edigio Verga). A noter que Lester a monté son premier Derby d’Epsom en 1951 à 15 ans en selle sur Zucchero (propriété de George Rolls) qu’il remontera dans l’Arc 1953.
 
Lester Piggott (VOIR CI-CONTRE) ne montera pas l’Arc 1954 après une mise à pied de trois mois portée à six (pour l’exemple !) en raison d’une monte, façon stock-car, en selle sur Never Say Die dans les King Edward VII à Royal Ascot. Quinze jours avant cette sortie tumultueuse dans laquelle il termine au pied du podium, ce fils de Nasrullah avait donné à Lester le premier (à 18 ans) de ses neuf Derby (Derbies).

En 1964, il fait partie des trois jockeys à terre lors du Prix Henry Delamarre à Longchamp le 27 septembre (voir Yves Saint-Martin). Il est remplacé dans l’Arc par Ron Hutchinson sur le pensionnaire de Noël Murless, Royal Avenue, arrivé non placé.

Lester ne manquera, ensuite, aucune des éditions de 1965 à 1985 (avec trois victoires, Rheingold et Alleged par deux fois) à l’exception de 1984, l’année où il devait monter Teenoso (King George VI and Queen Elizabeth) mais que son mentor, Geoffrey Wragg fera forfait le vendredi. Sa monte étant libre, il a le choix des «armes», Sadler’s Wells (pour Vincent O’Brien) ou Rainbow Quest, le pensionnaire de Khalid Abdullah et de Jeremy Tree. Lester choisit le fils de Blushing Groom, tandis que Pat Eddery sera associé au fils de Northern Dancer.


Mais il tombe le samedi à Newmarket dans les Sun Chariot St. Il est remplacé par Anthony Murray sur Rainbow Quest qui terminera non placé contrairement à l’année suivante, où, monté par Pat Eddery, il prendra la seconde place, celle attribuée ensuite à Sagace après rétrogradation et des années de palabres
 
En 1979, on se souvient avec quelle «maestria» Lester Piggott (en selle sur African Hope) avait «chipé» la cravache de son collègue, le pourtant diabolique Alain Lequeux (en selle sur Jeune Loup), alors à la lutte pour la seconde place du Grand Prix de Deauville. Lester hérite de 20 jours de mise à pied du 4 au 23 septembre, une fin de suspension qui lui permet de monter Trillion dans l’Arc (montée l’année précédente par la vedette américaine, Willie Shoemaker).
 
L’année 1985 est celle de sa dernière monte dans l’Arc, en selle sur Galla Placidia, une élève d’André Fabre.


Yves Saint-Martin (25 montes)
 

1960, Yves Saint-Martin vient tout juste d’avoir 19 ans, il a déjà perdu sa décharge et il monte pour la 1e fois dans le Prix de l’Arc de Triomphe en selle sur le demi-frère de Midnight Sun et de Relance, Esquimau. Ses débuts dans ce championnat des pur-sang sont encourageants puisqu’il prend la 4e place sous les couleurs de François Dupré et sous l’autorité de son patron, François Mathet. Yves terminera l’année Cravache d’Or à 19 ans devant Maxime Garcia. Il décrochera 14 autres Cravaches d’Or.
 
En 1961, en selle sur Match, il termine au pied du podium derrière le poulain de Sir Winston Churchill, High Hat. Mais Yves (l’apprenti comme indiqué dans le compte-rendu) est doublement fautif : il a tenté de prendre un avantage illicite au départ occasionnant ainsi un faux départ (les stalles datent de 1964) et ensuite il s’est rabattu vers la corde avant d’avoir atteint le signal placé à 400 mètres du départ. Il est sanctionné de 6 jours de mise à pied.
 


Yves Saint-Martin, porté en triomphe par ses collègues Freddy Head, Alain Lequeux, Alfred Gibert et Jean-Claude Desaint.

 
Le lendemain d’une victoire dans la Poule d’Essai des Pouliches 1961 avec Solitude, Yves se rend à Strasbourg pour y faire ses classes avant de rejoindre l’Allemagne et il est même envisagé de l’envoyer en Algérie. Après un peu plus de 2 mois en uniforme, Yves est réformé temporaire et va pouvoir regagner le «Clos du Roi » chez son patron. En 1962, l’année suivante, il est convoqué à Amiens puis à l’hôpital militaire de Lille pour passer devant le conseil de réforme avec pour verdict, la réforme définitive. Il ne regagne Chantilly que fin septembre 1962, trop tard pour espérer être en selle dans l’Arc. François Mathet avait dû faire sans lui et avait fait appel à Jacques Fabre pour monter Match qu’Yves avait piloté lors de sa 3e place du Jockey Club et de sa seconde du Grand Prix de Paris. Match terminera 5e de l’Arc, celui de Soltikoff.
 
Edition 1964 (4 octobre) : Yves ne montera pas pour S.A. Karim Aga Khan, Jour et Nuit. La faute à une mise à pied d’un mois (à compter du 3 octobre) suite à une triple chute survenue à Longchamp le 27 septembre dans le Prix Henry Delamarre. Sont à terre, Lester Piggott, Marcel Depalmas et Roger Poincelet qui est le seul à se relever sans trop de bobos. Yves est accusé d’être le responsable mais il s’en défend encore aujourd’hui. Les propos de Lester, quelques temps après, le conforte dans son innocence. Yves est remplacé par Arthur (dit Scobie) Breasley sur Jour et Nuit, un élève de François Mathet, qui terminera non placé.
 
François Mathet avait fait appel également à Scobie dans le Prix du Moulin de Longchamp dans lequel sa partenaire va s’imposer malgré la gêne occasionnée à un autre de ses concurrents. Le résultat est entériné mais Scobie sera néanmoins sanctionné de 4 jours.
 
Quant à Lester Piggott et Marcel Depalmas, ils ne sont pas de la fête et Roger Poincelet est bien présent puisqu’il gagne son second Arc en selle sur Prince Royal II en provenance d’Italie, via Chantilly et les écuries de George Bridgland.
Cette mise à pied d’un mois l’empêche d’atteindre les 200 victoires dans une même année. Avec 183 succès, c’est tout de même un record qui tombera 24 ans plus tard avec les 200 d’Asmussen puis les 226 et 228 de Soumillon. Mais la comparaison est difficile, vu le nombre de courses en forte augmentation.
 
Le 25 septembre 1972 à Maisons-Laffitte, Yves Saint-Martin est sanctionné de 10 jours de mise à pied pour s’être livré à des voies de fait envers l’un de ses concurrents après la course. La sanction prend fin le vendredi 6 octobre, deux jours avant sa seconde place dans l’Arc en selle sur Rescousse qui doit s’avouer vaincu par San San.
 
 

Voir cette émission extraordinaire de Léon Zitrone, datant de la veille du Prix de l'Arc de Triomphe 1974 remporté par Allez France avec des images d'entrainement de la jument et une interview d'Yves Saint-Martin, avec en plateau Guy Wildenstein.
 
 
Le 26 septembre 1974 à Maisons-Laffitte, les chevaux tournent dans le rond avant le départ du Handicap de la Seine, l’épreuve retenue comme support du Tiercé. Au moment d’enjamber sa monte, avec l’aide de Jean-Jacques Beaumé, Native Friend prend peur et se cabre échappant à la poigne du lad qui décolle de terre au bout de son licol. Le poulain recule, dressé sur ses postérieurs et Yves retombe lourdement sur le bitume. Diagnostic : trois semaines d’immobilité totale. Le ciel lui tombe sur la tête en pensant à l’Arc et sa pouliche Allez France. Pour faire court, nous sommes le Jour J et Yves arrive à Longchamp avec des béquilles. Infiltré, il est en selle sur la championne de l’écurie Wildenstein qui va l’emporter d’une tête sur Comtesse de Loir.
 
L’édition 1980, remportée par Detroit, voit Yves dans les tribunes suite au forfait de dernière minute (le matin même) de la pensionnaire de John Fellows, Aryenne, à cause d’un abcès à la bouche. Rappelons qu’elle deviendra la mère d’un Derby-winner, Quest For Fame.
 
Yves Saint-Martin n’aura manqué qu’une seule édition, celle de sa mise à pied.
 

Jean-Claude Desaint

Le 14 septembre 1977 à Chantilly Jean-Claude Desaint termine 5e d’un handicap mais «prend» 4 jours (du 23 ai 26) pour avoir gêné un concurrent. Il était dit qu’il ne monterait pas l’Arc. Il s’accidente en se rendant au départ du Prix des Champs-Elysées, la seconde épreuve du programme du 2 octobre. Il devait être associé à l’excellente pouliche Fabuleux Jane, seconde dauphine du Prix de Diane (de Madelia et Trillion) et du Prix Vermeille (de Kamicia).Il est remplacé par Robert Jallu. 
 
Henri Samani, le presque jumeau de Philipperon
 
Il monte son premier Arc en 1963 pour son patron d’apprentissage, Jacquot Cunnington (le fils). En selle le 27 septembre 1973 à Maisons-Laffitte sur une pouliche de S.A. Aga Khan, arrivée 1e,  Henri Samani est jugé coupable d’avoir gêné plusieurs concurrentes. La pouliche est purement distancée de ce maiden et Henri prend une mise à pied de 8 jours à compter du samedi 6 octobre. Il était programmé le 7 octobre dans l’Arc pour monter Direct Flight (pour François Mathet) avec qui il avait gagné la préparatoire, le Prix Foy. Il ne sera donc pas en piste et sera remplacé par Maurice Philipperon (lequel sortait d’une mise à pied terminée depuis le jeudi précédent). Henri était également pressenti pour monter Kalamoun (récent vainqueur du Prix Jacques Le Marois) dans le Prix du Moulin de Longchamp. Il est remplacé par Freddy Head qui prendra le premier accessit derrière Sparkler, propriété de Mme Maria Mehl-Mulhens et monté par Lester Piggott. Rappelons qu’en 1973, Henri Samani est lié par contrat de premières montes avec S.A. Aga Khan. Apprenti chez John Cunnington Jr, il fait partie de la même promotion que les frères Philipperon. Henri est né le 9 mars 1945, Maurice, le 20 mars.
 
Maurice Philipperon
 
En 1964, Maurice Philipperon vient de passer dans le rang des professionnels, il monte à Deauville le Prix de la Côte Normande dans lequel il va écoper de deux jours rétrogradant de la 4e à la 5e place. Cinq jours plus tard, dans le Grand Prix de Clairefontaine, il chute alors qu’il est au milieu du peloton au début de la ligne d’arrivée. Il s’était engagé à un endroit où il n’y avait pas la place. Il écope de 6 jours (du 1e au 6 septembre).
 
En 1965, le 5 septembre dans un gros handicap à Longchamp, il est jugé coupable d’être à l’origine des chutes de Jean Parra et d’André Jézéquel. La sanction est d’un mois de suspension (du 7 septembre au 6 octobre) avec donc l’impossibilité de faire peut-être ses débuts lors de la grande journée (son patron d’apprentissage, John Cunnington Jr, n’a pas de partant dans l’Arc).
 
Le 22 septembre 1973 à Evry, Maurice Philipperon est en selle sur un élève John Cunnington Jr qui terminera non placé. Pour avoir gêné un concurrent en début de parcours, il écope de 4 jours, une suspension qui prend fin le jeudi 4 octobre, ce qui lui permet quand même de monter Direct Flight dans l’Arc en remplacement d’Henri Samani, sous le coup d’une suspension.
 
Alfred Gibert, une Cravache d’Or.
 
Le 30 septembre 1970 à Chantilly, Alfred Gibert écope d’une mise à pied de 4 jours (2 au 5 octobre pour avoir gêné son second (monté par Marcel Depalmas en remplacement de Marc Macaire, souffrant). Il ne pourra se mettre en selle lors de la journée de l’Arc alors qu’il devait monter l’excellente 3 ans Miss Dan, la pensionnaire de Philippe Lallié. Son remplaçant, Jacki Taillard, terminera à 2 longueurs du duo Sassafras-Nijinsky, séparé d’une tête.
 
Alfred a monté 18 fois l’Arc avec pour meilleur résultat une seconde place avec l’inusable mansonnien On My Way, quatre fois au départ. Il avait débuté sa carrière d’apprenti chez le mansonnien, Antoine Monnat. De la même promotion que les Samani et Philipperon, il inscrit son nom au palmarès des Cravaches d’Or en 1978 devançant Freddy Head.
 
 

Jean Cruguet, jockey français devenu une superstar aux Etats-Unis, lauréat de la triple couronne 1977 avec Seattle Slew, était revenu en France en 1972 avec Angel Penna. Mais à cause d'un accident, il ne pourra pas monter le Prix de l'Arc de Triomphe.
 
Le franco-américain, Jean Cruguet, il n’y avait plus qu’à se mettre en selle.
 
Angel Penna débarque d’outre-atlantique en 1972 avec dans ses valises le jockey-franco-américain, Jean Cruguet. Ils deviennent les artisans des succès de la comtesse Batthyany pour quelques temps seulement. Le 4 octobre 1972 à Saint-Cloud, Jean Cruguet est en selle sur Expertease (B. Sécly) qui galope dans les postérieurs de Black Music (R. Corme), montée par Jacki Taillard. Les deux jockeys vont au tapis mais seul Jacki se relève sans trop de «bobo» au contraire de Jean qui a le poignet fracturé. Dans l’Arc, il doit laisser sa place à Freddy Head sur San San qui pulvérise l’opposition. Sauf le respect que l’on doit aux jockeys, San San aurait même pu être associée à un «peintre» selon la formule consacrée.
 
 

Suite à l'accident de Jean Cruguet, Freddy Head remporte avec San San son 1e Arc de Triomphe en 1972.
 
 
Philippe Paquet
 
Le 12 septembre 1976 à Longchamp se dispute le Prix Royal-Oak gagné par Exceller. Philippe Paquet monte un pensionnaire de son «patron» François Boutin, Bold Bird. Après enquête, il s’avère que Philippe est jugé responsable de la chute d’Anthony Murray en selle sur Nuclear Pulse, pensionnaire d’Arthur Breasley. Le protégé de François Boutin sera sanctionné d’un mois de suspension à partir du 21 septembre. Dans l’Arc, il avait deux montes possibles, deux Boutin, celle de Trépan et celle de Lagunette (propriété de Marius Berghgracht, père de Marc-Antoine et d’Olivier) avec qui il venait de s’imposer dans le Prix Vermeille. Il est remplacé par Alain Lequeux sur Lagunette et Trépan est piloté par Joe Mercer.
Pour l’anecdote, Philippe Paquet est devenu le gendre de George Moore (jockey associé à Saint Crespin, vainqueur en 1959)

 

Kieren Fallon, une vie semée d’embûches

Youmzain, lors de sa troisième seconde place en 2009, l’édition de Sea The Stars, est associé au jockey irlandais, Kieren Fallon qui revient d’une suspension qui avait pris fin le 3 septembre. Il était à pied depuis le mois de mars 2008, manquant donc l’édition de Zarkava. La punition était la conséquence d’une récidive dont la première sanction avait débuté en décembre 2006 pour se terminer en juin 2007.
 
En 1994, il avait hérité (pas pour les mêmes raisons) d’une interdiction de monter de 6 mois pour avoir fait tomber un de ses collègues. Pour mémoire, il était associé aux vainqueurs de la «casaque Coolmore» avec Hurricane Run et Dylan Thomas en 2005 et 2007. (relire article du 4 mai 2014).
 

Gérald Mossé, le français s’exporte

Il est l’un quatre mousquetaires de l’écurie Biancone (Legrix, Bœuf, Mongil) des années 80. Il détient tout de même 20 montes dans l’Arc avec un succès, celui de Saumarez en 1990 malgré son départ pour Hong-Kong. Lié un moment par contrat avec S.A. Aga Khan, il n’a jamais gagné l’Arc avec la casaque verte, épaulettes rouges. En 2008, il n’avait pas pu monter en France du 15 septembre au 13 octobre, des suites d’une punition infligée par les autorités de Hong-Kong. En revanche, l'année suivante, il récupère à la dernière seconde de la monte de Siyouni dans le Prix Jean-Luc Lagardère suite à l'accident de Christophe Lemaire. Il retrouve le succès sous la casaque de l'Aga Khan qui lui est si chère. (VOIR CI-CONTRE)

Christophe Lemaire manque 7 victoires dans le week-end de l'Arc 2009.


En 2009, Christophe Lemaire tombe à Saint-Cloud dans une épreuve réservée aux chevaux arabes le vendredi précédent l’Arc. Il est remplacé dans l’Arc par un autre Christophe, Soumillon, en selle sur Stacelita. Christophe Soumillon, qui venait pourtant de perdre le contrat avec l'Aga Khan au profil de Lemaire, va également le remplacer dans le Prix Marcel Boussac que sa pouliche, Rosanara va dominer. Gérald Mossé va palier à l’absence de l’infortuné en selle sur Siyouni. Ce dernier va remporter le Prix Jean-Luc Lagardère-Grand Critérium. La pouliche Shalanaya remporte le Prix de l’Opéra avec Maxime Guyon. La veille, Gérald Mossé palie à l’absence de Christophe sur Manighar et Daryakana qui remporte respectivement le Prix Chaudenay et le Prix de Royallieu Ces 5 vainqueurs sont la propriété de S.A. Aga Khan avec qui Christophe Lemaire est lié par contrat de premières montes depuis quelques jours !

Tamazirte
enlève le Prix Daniel Wildenstein qui sera montée par son remplaçant, Christophe Soumillon. Enfin, Dominique Bœuf enlève le Prix Dollar avec un élève de John Gosden, Pipedreamer, qui avait retenu Christophe Lemaire. En conclusion, c’est une chute qui lui coûte cher, très cher.

En 2011, il est toujours le premier jockey de l’écurie Aga Khan qui a deux partants, Sarafina et Shareta. Il choisit la première nommée et Thierry Jarnet, la seconde, annoncée comme un leader (de luxe). Shareta prendra la place de première dauphine derrière Danedream. Quant à Sarafina, elle est battue.
 
Le miraculé Frankie Dettori, maudit avec Trêve.
 
Lanfranco échappe à la mort le 1er juin 2000 suite au crash d’un avion de tourisme dans lequel il avait pris place avec le jockey Ray Cochrane, également rescapé. Par contre le pilote, qui avait raté son décollage de l’hippodrome de Newmarket en partance pour Goodwood, est décédé. Dettori est tout de même indisponible quelques semaines. Le jour de la victoire de Dubai Millennium dans les Prince of Wales’s St. à Royal Ascot le 21 juin, il accourt vers son remplaçant, le crack-jockey américain Jerry Bailey, qui l’avait imité dans son saut de l’ange. C’était son premier jour sans béquilles Moins de deux mois après, on le revoit à Deauville puis dans l’Arc, il est associé à Hésiode, un pensionnaire de Jean-Claude Rouget.
 
En 2013, le 2 octobre à Nottingham, son poulain, Eland Ally, se renverse et provoque la chute de son cavalier avant même d’avoir atteint les stalles de départ ; le verdict est sans appel : entorse puis fracture de la cheville. Il est remplacé sur Trêve par Thierry Jarnet qui l’avait déjà amené au succès dans le Prix de Diane, avant qu’elle ne soit vendue au qatari. Frankie est sous contrat avec le Cheik Joaan Al Thani (futur Al Shawab Racing), c’est donc lui qui devait être associé à la pouliche, d'autant plus qu'il vient de gagner avec elle le Prix Vermeille (VOIR CI-CONTRE)

L'année suivante, en 2014, rien ne va pour le couple Trêve - Dettori. Dans le Vermeille, la 4e place est une douche froide. Criquette Head souhaite remettre Jarnet. Dettori ne croit plus en la jument. Un "gentleman agrement" avec Cheikh Joaan Al Thani fait que Dettori monte son autre représentant Ruler of The Word, qui dégèle tandis que Trêve s'envole une 2e fois avec Jarnet !

Le cas particulier va se présenter cette année. Jarnet a récupéré définitivement la monte de Trêve, mais Dettori est associé à Golden Horn pour toutes ses courses. Il va donc se présenter très exceptionnellement, mais remarquablement comme le principal rival...de la casaque Al Shaqab qui l'emploie au quotidien !

Rappelons que sa mise à pied de 7 mois (novembre 2012 à fin mai 2013) pour contrôle positif en France n’a pas eu d’incidence sur sa participation à l’Arc.
 
Depuis 1988, Frankie n’avait jamais manqué une édition, soit 25 années en selle avec trois victoires : Lammtarra, Sakhee et Marienbard.


Christophe Soumillon, une seule absence, deux victoires
 
C’est en 2000 (l’année de Sinndar) qu’il monte pour la 1e fois le Prix de l’Arc de Triomphe en selle sur Daring Miss, une pensionnaire d’André Fabre. Il sera de nouveau associé à un élève du Napoléon cantilien, en selle sur Cherry Mix (second de Bago) en 2004 et sur Shirocco, dont un tendon lâche dans la fausse ligne droite, en 2006.
 
En 2009, Christophe n’a pas de monte dans l’Arc, ni même dans les deux groupes 1 pour 2 ans. Et pour cause, il est en convalescence. Mais suite à un coup de fil de Jean-Claude Rouget, il perd des kilos dans la nuit, obtient un feu vert du médecin et remplace, au pied levé, un autre Christophe, en l’occurrence Lemaire (tombé le vendredi à St-Cloud), qui devait se mettre en selle sur la pensionnaire de Jean-Claude Rouget, Stacelita, finalement 6e. Il a quand même très bien fait de forcer le destin car il aura gagné le samedi le Prix Daniel Wildenstein (Gr.2) avec Tamazirte (pour Rouget) et le dimanche le Prix Marcel Boussac (Gr.1) avec Rosanara.
 
En 2011, il ne peut se mettre en selle du fait d’une mise à pied de 15 jours (du 25 septembre au 9 octobre) consécutive à un changement de ligne ayant entrainé la chute d’un de ses concurrents le 11 septembre à Longchamp. Sous réserve, il a peut-être perdu la monte de Shareta qui est octroyée à Th. Jarnet et qui termine 2e. C’était la première édition que Christophe manquait. Il totalise 14 montes, deux succès pour S.A. Aga Khan, Dalakhani et Zarkava et trois places de premier dauphin avec le japonais Orfèvre et le Lagardère Cherry Mix.
 

Freddy Head et Thierry Jarnet, des remplaçants de luxe
 
En 1965, Freddy monte son premier Arc à l’âge de 18 ans (né en juin 1947) en selle sur Sigebert, un élève Madame Jean Stern, entrainé par Maxime Bonaventure (il remplace Léon Flavien, premier jockey de l’écurie Stern, mis à pied pendant un mois).
 
L’année suivante, il remporte l’Arc à 19 ans en selle sur Bon Mot, un pensionnaire de son grand-père, William et la casaque de Frank-Walter Burmann. Il devance un certain Léon Flavien en selle sur Sigebert. Pour Freddy, c’était sa première victoire de groupe.
 
Quelques cinq ans plus tard, Freddy échoue à la seconde place avec la championne Pistol Packer, devancé un autre champion, Mill Reef. L’année suivante, il est en selle sur San San, en remplacement de Jean Cruguet, accidenté.
(voir le franco-américain Jean Cruguet). Freddy aura monté à 27 reprises la plus grande course au monde avec comme palmarès quatre victoires dont trois familiales (Bon Mot, Ivanjica, Three Troikas).
 
 

Dans l'Arc de Triomphe 2013, Thierry Jarnet récupère la monte de Trêve quelques jours avant la course, suite à une chute subie par Frankie Dettori en Angleterre. L'année suivante, il récupère une nouvelle fois sa crack juste avant la course, en conséquence du choix de Dettori de lui préférer Ruler of The World !
 
 
Le cas Thierry Jarnet
 
Thierry Jarnet, né en mars 1967, est le doyen du vestiaire et à tout seigneur, tout honneur, il hérite de la monte de Treve dans l’Arc 2013 suite à l’indisponibilité de Dettori. Rappelons que Thierry avait déjà remporté le titre suprême à Longchamp en 1992 et 1994 avec Subotica et Carnegie. Il a donc ajouté un 5e sacre en 2014, celui de Treve, à nouveau.
A ce jour, Thierry a monté 19 fois l’Arc dont celui de 2005, année où il accompli son métier en grand professionnel acceptant la selle du leader de Shawanda pour S.A. Aga Khan.
 
En 2011, il est également un remplaçant de luxe à cheval sur un leader de luxe. L’écurie Aga Khan a deux partants, Sarafina et Shareta. Le premier jockey de la casaque verte, Ch. Lemaire choisit la première nommée puisque la seconde est annoncée comme son leader. A l’arrivée, Shareta prend la place de première dauphine de Danedream.
 

L'Arc de Triomphe 2011 : ici en tête à mi-ligne droite sous la casaque Aga Khan, à la lutte avec St Nicholas Abbey, tandis que l'allemande Danedream est prête à bondir dans son sillage, Sherata est montée par Thierry Jarnet. Elle conservera la 2e place. Shareta a été présentée comme la présumée leader de la favorite Sarafina. Soumillon, qui remonte ocasionnellement pour l'Aga bien qu'il n'ait plus le contrat de 1e monte, est mis à pied. Jarnet le discret tombe à point nommé.
 

Cash Asmussen, Olivier Peslier, les bons élèves

Cash n’avait pas manqué une seule édition depuis son arrivée des USA (de 1982 à 1998) soit 17 montes et une victoire, celle de Suave Dancer en 1991.
 
L’année 2014 restera dans la mémoire d’Olivier Peslier. Depuis 1993, il n’avait pas manqué une seule édition soit 21 montes. Il allait devoir suivre la course, non pas à cheval, mais dans les tribunes, aucun professionnel n’ayant eu besoin de ses services. Rappelons qu’il avait enchaîné les victoires, trois consécutives (Helissio, Peintre Célèbre, Sagamix) puis celle pour les Wertheimer en 2012 avec Solemia. Son talent a dépassé les frontières puisque les étrangers se sont attachés ses services en 2002 avec Falbrav et en 2003 avec Dai Jin.
 
Au lendemain de sa victoire avec Sagamix en 1998, il est à pied pour 2 jours suite à une punition récoltée à Ascot.
 
Pat Eddery, le co-recordman
 
Vingt-trois montes de 1972 à 1998 pour 4 victoires (Detroit, Rainbow Quest, Dancing Brave, Trempolino). Il est le co-détenteur du nombre de succès avec Jacques Doyasbère, Freddy Head, Yves Saint Martin, Olivier Peslier et Thierry Jarnet. Lors de l’édition 1988, Pat était accompagné de son frère Paul, en selle sur Luth Dancer pour Paul de Moussac et l’entrainement d’André Fabre.
 
Une demi-heure plus tôt, Pat venait d’écoper de 8 jours de suspension dans le Prix de l’Abbaye de Longchamp en selle sur Cadeaux Généreux (distancé de la 1e place) qui avait fortement gêné La Grande Epoque, manquant de faire tomber son cavalier, Cash Asmussen.
 
Albert Laborde et Garnet Bougoure
 
1958, dans un handicap pour 2 ans à Longchamp, l’apprenti Albert-Paul Laborde (au service d’Antoine Monnat) est victime d’une chute causée par un autre apprenti qui s’était trop vite rabattu dans le dernier tournant. Six ans plus tard (1964), l’apprenti, devenu jockey, fait les frais d’une autre bousculade dans le Prix de l’Arc de Triomphe.
 
En selle sur Mercure, le leader de Le Fabuleux, Albert-Paul Laborde ne peut éviter la chute dont est tenu responsable l’australien Garnet Bougoure, en selle sur Ragusa pour Paddy Prendergast ; il sera mis à pied pendant un mois. Garnet n’est autre que le beau-frère de George Moore (le pilote de Saint Crespin).
 
Jacques Fabre, le Vincent Cheminaud de l’époque
 
Jacques Fabre (VOIR CI-CONTRE) est arrivé le second dimanche d’octobre 1955 à Longchamp en civil. Il venait de servir de chauffeur pour un apprenti de Maisons-Laffitte qui n’avait pas encore de véhicule ou tout simplement de permis. Jacques, jockey d’obstacle pour les Pelat, n’avait pas été sollicité pour monter lors du week-end, et c’est bien normal puisqu’il compte à peine 15 gagnants en plat mais 49 en obstacles. Il était donc là en dilettante, parmi le public, adossé à la barrière. Voir la suite chapitre Maxime Garcia.
 
C’est son premier Arc et suite à sa seconde place, Georges Wildenstein lui propose de signer un contrat de premières montes en plat à partir de 1957 à condition qu’il abandonne l’obstacle, discipline dans laquelle il avait intégré le top cinq des jockeys (second en 1955 derrière Pierre Delfarguiel qui domine sans partage, et 6e en 1956). Il monte ses deux seuls gagnants de l’année en janvier 1957 à Pau, avec pour point d’orgue, le Grand Prix.
 
En octobre 1957, pour Georges Wildenstein et Percy Carter, il monte Balbo qui terminera sur la 3e marche du podium de l’Arc, celui d’Oroso (un mansonnien). Le contrat ne durera qu’une année ; il se met à nouveau en selle pour l’obstacle en 1958.
 
En 1959, en janvier, il renouvelle un bail avec le Grand Prix de Pau. En octobre, l’arrivée du Prix de l’Arc de Triomphe est assez confuse et le juge à l’arrivée fait afficher (après 12 minutes) dead-heat entre les deux 3 ans, Saint-Crespin (Prince Aly Khan-Alec Head) et Midnight Sun (François Dupré-François Mathet). L’un est monté par George Moore et le pensionnaire à la casaque grise, toque rose est piloté par Jacques Fabre qui hérite de la monte de Maxime Garcia qui était pourtant son partenaire lors de sa victoire dans le Prix Lupin tout comme lors de sa 3e place du Prix du Jockey Club.
 
Peut-être sa 4e place du Prince d’Orange avait fait changer les plans de Mathet. Maxime Garcia est en selle sur un autre Mathet, Vamour pour Mme Volterra. Une double réclamation émanant des deux premiers aboutit à un examen minutieux (23 minutes d’attente). Celle de François Mathet se plaignant que son pensionnaire avait été gêné par son adversaire, n’est pas admise par les commissaires. De surcroît, il rétrograde le protégé de Jacques Fabre à la seconde place en lui infligeant même une mise à pied de 8 jours....(son fils, Christian, dit Kiki ou Quiqui, déclare encore aujourd’hui qu’on a volé la gloire de son père).
 
En 1962, Jacques Fabre est sollicité par François Mathet pour monter Match. En effet, son jockey attitré, Yves Saint-Martin, vient tout juste de rentrer d’un service militaire écourté et l’équipe avait été obligée de prévoir une monte en son absence.
 
En 1964, il fait partie de l’armada Rothschild-Watson qui déclarent 4 partants, le 4 octobre. La Bamba (3e, montée par Jean-Claude Desaint), White Label (Louis Heurteur), Barbieri (Freddy Palmer) et Free Ride (7e monté donc par Jacques Fabre)
 
Jacques Fabre, en selle sur un élève de Georges Pelat, chute le 1e octobre 1965 à Maisons-Laffitte peu après le départ. Il sera indisponible dans l’Arc, lui qui était appelé à monter un élève Rothschild, Free Ride, qui lui avait été associé l’année précédente. Remplacé par un des jockeys-maison, Louis Heurteur, Free Ride termine au pied du podium juste derrière son compagnon de couleurs et d’entrainement, Diatome.
 
Update : Pierre-Charles Boudot a écopé, le 7 septembre à Craon, de 6 jours d’interdiction de monter. Cette mise à pied, du 21 au 26, lui permettra de monter lors du prestigieux week-end, à moins qu’il reste des séquelles du fait de sa chute dans la dernière course à Lyon le (11 septembre), cabriole imputable à un autre concurrent très gravement accidenté.
Le jockey anglais, Ryan Moore, tombé en juillet à Newmarket est certain de ne pas monter le premier dimanche d’octobre, comme quoi l’Arc n’est pas l’affaire d’un jour.
 
En résumé, le malheur des uns a fait le bonheur de trois remplaçants victorieux : Roger Poincelet (en lieu et place de Willie Shoemaker), Freddy Head (Jean Cruguet), Thierry Jarnet (Lanfranco Dettori). Jacques Fabre et Jacki Taillard  monteront sur les secondes et troisièmes marches du podium en remplacement de Maxime Garcia et d’Alfred Giber.

 

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