Linngari est-il perdu à tout jamais ?

27/02/2018 - Zoom Etalon
 Père de Garlingari, Linngari poursuit un destin totalement atypique depuis sa naissance jusqu'à sa carrière d'étalon en passant par d'incessants voyages aux courses. Pourrait-il revenir en France alors qu'il a été exporté au bout du monde ? 


Linngari à Summerhill Farm en Afrique du Sud, en février 2018

 

Corine Barande-Barbe est un entraîneur si particulier qu'elle parvient depuis ses débuts à toujours avoir une vedette dans ses écuries pourtant très limitées en effectif, de Carling à Garlingari en passant par le célèbrissime Cirrus des Aigles. Tous ses champions ont en commun le fait de ne pas être sortis de la cuisse de Jupiter, nés d'origine standard voire modestes, de ce ventre mou du pur-sang qui détient de la bonne génétique sans figurer dans le haut du panier.

Garlingari est sans doute le mieux né de tous, car petit-neveu de la 1ère nommée, Carling, qui a réussi le doublé Diane-Vermeille, par un étalon qui ne fait peut-être pas l'unanimité mais dont le bilan est quand même flatteur : Linngari. Déjà vainqueur de Groupes et de Listeds, facile lauréat pour sa renrée du Grand Prix de Cagnes 2018, Garlingari fait partie de la 2ème génération de son père.

 


Garlingari après sa victoire dans le Prix Dollar (Gr.2), avec Stéphane Pasquier et Corine Barande-Barbe. (PHOTO APRH)

 

Fils d'Indian Ridge, petit puncheur alezan très améliorateur, Linngari descend d'une vieille souche Boussac oubliée pendant deux décennies, après avoir offert à l'actuel Aga Khan son 1er Arc de Triomphe en 1982 avec Akiyda. Il a d'ailleurs été élevé par l'Aga Khan, qui l'a vendu en cours de carrière. Le destin du fougueux alezan Linngari n'est pas facile à comprendre. L'animal a pour autant de très nombreux mérites. Si on a découvert Linngari en France et sur la scène internationale à l'âge de 4 ans, Linngari était bel et bien précoce. Il a gagné 2 de ses 3 sorties à 2 ans sous la casaque Aga Khan chez Sir Micheal Stoute, A 3 ans, après 2 victoires de Listed, il a été vendu à l'amiable à Jim Atkinson et P. Walraninski pour aller à Dubaï et a remporté 2 groupes dans la foulée chez Herman Brown.

 

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Linngari sous la casaque de Rupert Plersch.

 

Passé ensuite sous la coupe de Diego Lowther, brésilien à chantilly, Linngari a été vu une 1ère fois en France à la 6ème place du Prix Maurice de Gheest (Gr.1), a gagné le Goldene Peitsche (Gr.2) à Baden-Baden, et s'est vraiment révélé en étant 2ème dead-heat avec Welsh Emperor dans le Prix de la Forêt (Gr.1), entre Caradak et Stormy River. Ensuite, il n'a cessé de voyager dans le monde entier sans répit, passant ses hivers à Dubaï toujours chez Herman Brown, où il a conclu 2ème d'une Dubaï Duty Free (Gr.1).

Passé sous la casaque de Rupert Plesch, Linngari a fait une saison chez Alain de Royer-Dupré, pour qui il a gagné le Premio Vittorio di Capua (Gr.1). Et finalement à 6 ans, il a conclu sa carrière chez son 1er entraîneur, Sir Micheal Stoute qui lui a fait gagner un nouveau Gr.1 en Allemagne et faire les arrivées du Topkapi Trophy en Turquie, des Champion Stakes en Angleterre et de la Hong Kong Cup en Chine ! 

 

 

 Au terme de ses aventures internationales, Linngari a posé ses valises chez son éleveur au Haras de Bonneval en 2009, ce qui n'a pas manqué de surprendre car le Prince n'avait pas pour habitude à l'époque de prendre des étalons venant de l'extérieur. Il a sailli 54 juments en 2009, mais a baissé à 39 en 2010. Pas assez populaire auprès des éleveurs, il a quitté l'Aga Khan en 2011 pour entrer au Haras du Petit Tellier, où il s'est maintenu autour des 40 juments jusqu'en 2015. Puis il a quitté la France pour l'Afrique du Sud, la nation d'origine de son propriétaire, pour s'installer dans le plus grand haras du pays, Summerhill Farm.

 

 

C'était un aller sans retour, compte-tenu des conditions de quarantaine si contraignantes qu'elles empêchent les étalons de faire du shuttle. Mais les acteurs locaux ont très bon espoir que les règles s'assouplissent pour redevenir normales d'ici la fin de l'année. Aujourd'hui âgé de 18 ans, Linngari pourrait alors envisager un retour en France où son bilan d'étalon comporte quelques points très positifs.

 

 
Made to Lead (PHOTOS APRH)

 

En effet, alors qu'il n'a jamais sailli de juments d'élite, il a démontré une capacité d'améliorateur, tant dans la précocité que la ténacité. En 2012, ses 2 premiers partants de 2 ans avaient gagné. En plus de Garlingari, son porte-drapeau, il revendique la paternité de très bons éléments comme Mr Pommeroy, Comical, Linngaro ou autre Made to Lead. Celle-ci, issue de l'avant-dernière génération française de Linngari, et achetée seulement 3000 € aux ventes Osarus du Lion d'Angers 2016, a gagné en débutant à Deauville à l'automne dernier pour Elie Lellouche. Engagée dans le Prix de Diane 2018, elle fait partie des espoirs classiques de Fabrice Chappet chez qui elle a été placée à l'entraînement. Alors pourquoi pas un retour en France du père, nouvelle étape de ses aventures internationales, à la faveur d'une pouliche classique au printemps ?

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