L'AFD lutte pour la reconnaissance du débourrage.

Un des pionniers de ce métier particulier développé en tant que profession indépendante depuis une dizaine d'années, Yann Poirier s'est installé en Anjou en 1993. Constructeur et animateur du Haras du Chêne, il a pris consience que sa profession explosait dans les années 2000, tout en naviguant à vue en terme de reconnaissance. Lui-même formateur de plusieurs jeunes qui ont aujourd'hui crée leur centre de débourrage pré-entraînement, il a fondé et pris en main les rênes d'une association regroupant les membres de sa profession devenue un maillon essentiel de l'activité du cheval de course, transition incontournable entre l'élevage et l'entraînement.

Tout d'abord, l'Association des Débourreurs Pré-entraîneurs (ADP) est née en 2002, regroupant des spécialistes du galopeurs, très nombreux dans le grand ouest et surtout en Anjou. Puis en 2004, l'ADP est devenue un département de l'Association France Débourrage (AFD), qui concerne elle toute la filière équine, des courses de trot et galop au sport en passant par le cheval de travail.
"Il faut en effet représenter l'activité d'une filière globale pour susciter l'intérêt des instance dirigeantes. L'AFD travaille dans tous les domaines, par exemple au sein de la FIVAL, crée par Pierre Julienne, qui signifie l'interprofessionalité entre les filières sport, travail et loisir."

Comment exister légalement

Objectif clair et net de l'association présidée par Yann Poirier: faire reconnaître et exister la profession par les instances dirigeantes, de France Galop aux instances européennes en passant par le gouvernement français.
L'enjeu: encadrer ce metier et lui fournir une main d'oeuvre qualifiée en créant des filières de formation dans les différentes écoles qui préparent les jeunes aux divers métiers du cheval.
Les résultats deviennent probants, au prix de long et patients efforts répétés.
"Nous sommes rentrés dans le cadre des textes de lois. Par exemple, les dresseurs d'equidés que nous sommes ont pour la première fois existé officiellement lors du changement de taux de TVA et été inclus dans les métiers adoptant les 5,5%. C'est très important d'être ainsi reconnu comme acteur de la filière. Nous travaillons actuellement sur une convention collective adaptée au débourrage.

Ouvrir des persectives aux jeunes lads


Parallèlement, nous agissons pour l'adaptation des formations existant actuellement au métier du débourrage. Par exemple pour que le C.A.P. lad jockey puisse conduire à un B.E.P. dresseur. Cela permettrait d'offrir de nouveaux débouchés à tous les jeunes de 15 ou 16 ans qui savent déjà, notamment pour des problèmes de poids, qu'il resteront sur le bord du chemin sans jamais pouvoir évoluer du poste de simple lad. Une telle formation les amènerait à un apprentissage spécifique amenant vers un métier ouvert, et pourquoi pas une installation à son compte, alors qu'on sait bien que s'installer entraîneur aujourd'hui est très aléatoire.
Par ailleurs, la filière entière est très demandeuse de ce type de création de nouvelle activité. Cela permet de garder des gens dans le sérail en leur offrant des perspectives alors qu'on sait tous bien que les professionnels du cheval ont toutes les peines à trouver du personnel en général. Et plus particulièrement du personnel formé pour travailler avec les jeunes chevaux, tous simplement parce qu'il n'y a aucune filière d'apprentissage spécifique."

Frapper à toutes les portes

Pour faire comprendre son message, l'Association accomplit un travail de fourmi, frappent à de nombreuses portes dans les vastes institutions, administrations et ministères et avance pas à pas notamment grâce au concours du GESCA, organisme dirigé par Martine Della Roca Fasquelle, très efficace pour mettre en relation les bonnes personnes.

L'AFD participe ainsi aux importantes Assises du Cheval. "L'idée est que le débourrage soit invité aux réunions de réflexion sur la profesion avec les personnes qui permettent de monter les dossiers au niveau du gouvernement et de l'Europe."

L'idée d'un diplôme

Une finalité: le diplôme, un sésame fait pour ouvrir des portes plutôt qu'imposer des contraintes.
Afin de gagner en crédibilité, le métier du débourrage doit être réalisé par des gens compétents et reconnus comme tels. Aujourd'hui, n'importe qui peut s'installer, même sans la moindre compétence, et certaines personnes ainsi nuire considérablement à l'image de marque de l'ensemble des professionnels. Pour exercer ce métier, il faut avoir des connaissances techniques, mais aussi un minimum de savoir dans la gestion et dans les relations sociales, car nous sommes des chefs d'entreprise. Aujourd'hui quand on veut s'installer agriculture, il ne suffit plus de savoir faire pousser du maïs, même si cela doit rester la base du métier."

Un monde riche et très varié

Un diplôme qui permettrait d'aposer un cadre nécessaire au développement parfois cahotique d'un métier en pleine construction. C'est le passage à l'âge adulte d'une profession qui grandit et devient puissante, avec les règles de bonne conduite qui deviennent indispensables.
C'est l'art du juste équilibre entre le néfaste légalisme forcené et la néfaste anarchie débridée. Comment orienter sans diriger, comment superviser sans surveiller. L'Association France Débourrage travaille patiemment à ce positionnement dans un monde aussi uni par la passion du cheval qu'hétéroclite dans son approche.
"L'AFD est symptomatique de la problèmatique de la filière cheval dans sa globalité, courses de galop et de trot, sport, travail, loisir y compris les ânes et les poneys. Nous travaillons tous la même matière, mais pas avec les mêmes objectifs ni les mêmes moyens. Comment trouver des points communs entre un entraîneur et un centre equestre, quand l'un est chargé de faire progresser le cheval et l'autre le cavalier ? Et comment comparer ces deux-là avec un organisateur de randonnées de hautes montagnes dans les Pyrénées ?
Pourtant, à la fin, on fait le même métier, on dresse des équidés."
Et dire qu'il faut expliquer tout ça en même temps aux membres de chaque branche et à l'administration française...