Toskana Belle : une "Diane" allemande à la gloire du vieux copain Shamalgan
Shamalgan, l'éternel retour !
C'est le destin unique en son genre d'un gamin du Sud-Ouest devenu l'un des meilleurs chevaux jamais entraînés en République Tchèque, boudé pour son physique mais revenu en grâce jusqu'à une consécration tardive, mais ô combien méritée. La "Diane allemande" Toskana Belle, qui a remporté hier le classique germanique des femelles de bout en bout à Düsseldorf, sacre au plus haut niveau pour la première fois son père Shamalgan, le "vieux copain", cheval dur et attachant, qui connaît enfin la gloire après s'être vu renaître de ses cendres au Haras de Grandcamp.
Shamalgan en course, lors d'une victoire de Groupe à Baden-Baden
Lors des 10 premières années de sa vie, Shamalgan est passé 6 fois sur le ring d'ARQANA, ce qui explique pourquoi l'agence de vente l'a surnommé affectueusement le "vieux copain". Élevé au Haras des Granges, le fils de Footstepinthesand est parti yearling en République Tchèque, où il a réussi avant de revenir au pays. Troisième du Condé (Gr.3) en fin d'année de 2 ans, Shamalgan s'est ensuite placé de la Poule d'Essai de Lope de Vega à 3 ans, avant de concourir avec les meilleurs en Europe. Il est passé ensuite sous les couleurs Prime Equestrian pour l'hiver à Dubaï sans succès avant de connaître un "faux départ" aux États-Unis, à cause d'un test positif à la piroplasmose. À 6 ans, la bête est revenue plus forte que jamais chez Xavier Thomas-Demeaulte, sous ses anciennes couleurs de Artur Resulov, pour gagner son Gr.1 en Italie. Déjà incroyable.
Toskana Belle, glorifiée après son succès de justesse dans le Preis der Diana (Gr.1) 2022, pour l'honneur de son père !
Le "vieux copain" a donc débuté étalon au Haras du Lion en saillissant 45 juments, avant de connaître une baisse de popularité la saison suivante. Il a donc été renvoyé à l'entraînement, et a regagné en 2016 le Grand Prix de Prague à l'âge de 9 ans ! De retour au haras, mais en République Tchèque, il est repassé à ARQANA à la faveur des bons résultats de ses premiers 2 ans, dont le black type Anima Rock, lui aussi élevé par Mathieu Daguzan-Garros. Simon Springer (Ecurie Normandie Pur-Sang), également propriétaire de Dabirsim, a été séduit par sa solidité et l'a acheté, puis placé à Grandcamp. C'est là que la belle histoire redémarre, avec 75 juments saillies en 2018 et une pouliche classique qui sort de cette génération quasi miraculée, née grâce à la solidité du père, mais aussi grâce aux hasards de l'histoire.
En l'occurrence, cette génération née en 2019 a sorti pas mal de gagnants, et est couronnée grâce à Toskana Belle. Née en France pour Simon Springer, cette nièce de Varévées et petite-nièce de Kaldounévées avait été rachetée à ARQANA yearling avant de porter en course les couleurs de Olaf Profft (Stall Picadilly), que l'on a connu longtemps comme courtier pour Simon Springer. Quatrième pour ses débuts à Saint-Cloud sous la coupe de Marian Falk Weissmeier, elle n'est réapparue qu'en mai dernier pour briser son statut de maiden ... à Évreux ! Gagnante de Listed à Düsseldorf par la suite, elle a été achetée par Australian Bloodstock pour courir le Diane. Troisième de la préparatoire, puis arrivée chez Andreas Wöhler, elle a été supplémentée dans le Preis der Diana au prix de 50.000 € par ses nouveaux propriétaires, australiens vous l'aurez deviné ... et bingo !
Toskana Belle résiste à la corde aux assauts des pensionnaires de Markus Klug, Wagnis et Mylady
Toskana Belle était montée pour l'occasion par Kerrin McEvoy, un australien âgé de 41 ans qui était la veille à Ascot pour la Shergar Cup, une compétition entre jockeys internationaux. Légende en son pays, il a même monté quelque temps en Europe pour Godolphin, remportant notamment le St. Leger avec Rule of Law. Triple vainqueur de Melbourne Cup, ce pilote d'expérience a donné une leçon aux locaux en le faisant tête et corde, repoussant toutes les attaques de justesse. Toskana Belle devance ainsi 3 pensionnaires de Markus Klug dont la grise Mylady, une fille de The Grey Gatsby qui a fait illusion pour le succès avant de coincer à la fin, sans doute par un petit manque de tenue. La favorite irlandaise Toy a quant à elle sombré au 7e rang, bien loin de la tête.
La joie du jockey australien Kerrin McEvoy
Pendant ce temps-là, notre vieil ami Shamalgan fêtait depuis le Haras de Grandcamp son premier succès de Gr.1, lui qui est finalement un "jeune étalon" si on ne compte pas toutes ces années à batailler sur le champ de courses au haut niveau ! Après ses 75 juments saillies en 2018, il a oscillé plus bas, malgré une trentaine de prétendantes en 2021. Mais à 15 ans, le vieux copain est toujours frais et dispo, et prêt à reprendre un énième départ dès la saison prochaine. Un éternel recommencement, qui sonne comme une cure de jouvence ... pour notre plus grand plaisir !