L'incroyable coup de 5 réussi par Anodin lors d'un jeudi de grâce

Anodin.

" J'ai récupéré le cheval en 2022 alors qu'il était dans le creux de la vague, n'ayant sailli que 27 juments l'année précédente. Nous avons cravaché l'an dernier pour saillir 140 juments et nous devrions faire encore plus ce printemps. Mais je n'ai aucun mérite car je récolte les fruits du travail fait en Normandie. La génération de 3 ans est notamment très riche, car il avait sailli 141 juments en 2019 au Quesnay. " Lucide, Tangi Saliou, le patron du Haras de la Haie Neuve, est aussi modeste. Ancien responsable de plusieurs stations des Haras Nationaux, puis du Haras de Montaigu sous la direction d'Aliette Forien, il a acquis  avec sa femme Dorothée le Haras de la Haie Neuve et confirme avec la recrue très réussie d'Anodin sa place de leader du Grand Ouest pour les haras spécialisés dans le plat. " A la fin de l'année 2021, j'ai été contacté par Vincent Rimaud, le directeur du Quesnay avec qui je me suis toujours très bien entendu, pour me proposer le cheval qui devait se déplacer dans la perspective de l'arrêt de l'activité du haras. Avec lui mais aussi Hunter's Light au Lion, on peut dire que les éleveurs de notre région ont, pour une fois, une véritable offre d'étalons confirmés en plat."

Tangi Saliou dans sa nouvelle écurie au Haras de la Haie Neuve.

Chose curieuse, alors qu'il avait connu une très bonne réussite dès ses débuts (Directa, Harmless, Hayzum, Insandi, Goya Senora, Anodor), Anodin n'a jamais eu une bonne cote commerciale sur les rings de vente. C'était pourtout un propre frère de la crack Goldikova, la meilleure jument entrainée en France depuis Miesque, donc un fils d'Anabaa. Mais il n'a jamais gagné Gr.1, même s'il a pris 5 places à ce niveau, n'a remporté qu'un seul Groupe et portait des oeillères. Il n'était donc pas considéré comme un gagneur, et plutôt comme un tardif car il avait couru jusqu'à 5 ans. Cette double fausse image lui a longtemps collé à la peau. A la faveur de ses 1ers résultats, la popularité du cheval a bondi en 2018 et 2019 auprès des éleveurs, notamment ceux qui font courir. Ceux-ci étaient attirés par son efficacité et son tarif de 7.000 €, un excellent rapport qualité prix pour un cheval qui était monté très haut dans les statistiques au nombre de vainqueur, à la 11e place du classement France Sire toute disciplines confondues. 

Nasella, montée par Maxime Guyon. (photo APRH)

Mais l'augmentation du tarif à 15.000 € a refroidi la plupart des ardeurs de cette catégorie d'éleveurs. Sa liste de juments s'est soudainement écroulée à 32 juments en 2020. Ce fut encore pire en 2021 avec 27 juments, son tarif abaissé ayant créé plus de confusion que de retour de flamme. Dans le grand ouest, Anodin est en plein dans son coeur de cible actuel. Tangi Saliou est effectivement aidé aujourd'hui par le succès de cette génération riche née en 2020, mais aussi par la formidable ténacité des générations précédentes, qui s'est illustrée depuis 2 ans via Goya Senora, Neige Blanche, Savy Nine, Narcos, Prince Anodin, Richemont, pour ne citer que les black types. En l'espace d'une année glissante, c'est à dire depuis le 28 avril 2022, Anodin compte 122 victoires de toutes courses + places de black type, ce qui est un chiffre extraordinaire pour un cheval n'ayant jamais fait la monte dans l'hémisphère sud.

King Gold rentre aux balances après avoir passé le poteau du Prix du Gros Caillou en 2e position mais va logiquement récupérer la victoire sur le tapis vert. (photo APRH)

" Il a déjà sailli 85 juments ce printemps. L'an dernier à la même date, il en était à 70. De mon expérience, j'ai constaté qu'arrivé au 1er mai, on avait sailli la moitié de toutes les juments qui seront convertes au printemps. Cette date pourrait être avancée au 20 avril pour le stricte registre du plat." Cela donne une perspective d'un score approchant les 160 juments pour la saison 2023 d'Anodin, en pleine force de l'âge à 13 ans, qui peut tenir un tel rythme grâce à une excellente fertilité. 

La folle journée d'Anodin, le jeudi 27 avril 2023 :

• 14h07 à Marseille-Borély : la pouliche de 3 ans Manada efface ses débuts manqués à Longchamp par un franc succès dans un maiden sous la selle de Léo Roussel. Elevée par Jan Krauze, Manada est une soeur du jeune étalon Makaloun.
   
• 15H00 à ParisLongchamp : sous la casaque Wertheimer, Nasella gagne le Prix de la Madeleine, course à conditions intéressante pour les pouliche de 3 ans. La pensionnaire de Christophe Ferland est le 11e produit de la matrone Peaceful Love, qui avait déjà produit le célèbre Pao Alto. Elle a été élevée par La Motteraye et Gérard Ferron.
   
• 15H17 à Marseille-Borély : à 6 ans, la valeureuse jument Les Aldudes remporte le 6e succès de sa carrière dans un handicap, pour sa 46e sortie. L'élève de l'Ecurie du Sud est entrainé par son propriétaire Pierre Sigaud.
   
• 16H10 à ParisLongchamp : fortement gêné par Amilcar dans la phase finale, le solide King Gold, 6 ans, récupère un succès mérité après enquête des commissaires dans l'important Prix du Gros Caillou sur 1400 m, pour l'entrainement de Nicolas Caullery.
   
• 16H45 à ParisLongchamp : élevé par Yvette et Alex Pantall mais entrainé par Gina Rarick, Jack O'Boy, lui aussi âgé de 6 ans, arrache le succès sous la selle de l'éternelle Delphine Santiago dans un handicap.

PS : notons également la 2e place du 3 ans Half Half dans le quinté, pour l'entrainement de David Smaga, qui en est aussi  son éleveur.