Avec Kadir Kiygir et Fedai Kahraman, la Turquie fait son marché à Arqana
Si elle reste totalement méconnu du grand public, et même des socio-professionnels, la Turquie est un grand pays de courses dont le niveau sportif n'est pas considéré à sa juste valeur en raison de la fermeture de son programme national. Paradoxalement, les courses turques doivent leur essor à une menace ferme d'interdiction, voici une vingtaine d'années, quand l'arrivée d'Erdogan à la tête du pays a été appuyée au pouvoir par des forces islamistes. Ces groupes ont ainsi prononcé l'interdiction de tous les jeux d'argent dans le pays dont les loteries, les casinos et donc les courses. Mais le Jockey-Club s'est sorti habilement du piège en démontrant que les courses nourrissaient toute une filière d'emplois agricoles, un argument massue dans un pays qui souffre de l'exode rural. De fait, les courses ont retrouvé leur licence de jeux... et sans concurrence !
Fedai Kahraman à gauche avec son manager hippique Kadir Kiygi.
De fait, le système est riche et les éleveurs ont les moyens d'importer des étalons et des juments de haut niveau... et d'ailleurs ils n'ont pas le choix ! En échange de l'autorisation de jouer, les autorités imposent un programme de courses intégralement réservé aux nés et élevés en Turquie. Et les critères d'importation de juments sont très stricts, car elles doivent forcément gagnantes elle-même, mère ou fille de gagnante de Groupe. Par voie de conséquence, les turcs n'importent que des juments de qualité. Ils ont donc forcément de bons poulains qui naissent chez eux, même si on ne les voit pas courir face à une concurrence internationale.
En l'occurrence, le courtier turc Kadir Kiygir (Turquoise Bloodstock) a fait une razzia en achetant 17 juments pour un total de 536.000 euros, notamment pour le compte du propriétaire éleveur Fedaï Kahraman, d'ailleurs présent en personne. Ce dernier est bien connu en France car il détient 10 pensionnaires à l'entrainement chez Alicja Karkosa, professionnelle polonaise installée à Chantilly. Toute l'équipe fonde beaucoup d'espoirs avec Heybetli (Showcasing), gagnant cet été à 2 ans à Compiègne et Deauville avant de conclure 2e du Prix La Rochette (Gr.3) et 6e du Prix Jean-Luc Lagardère (Gr.1).