Meeting international du Qatar : bilan complet, histoire et anecdotes

02/03/2016 - Actualités
Omniprésent désormais dans toute l'Europe des courses, du sport et de l'économie, le Qatar a fait monter en puissance son meeting de courses internationales traditionnellement disputé fin février. Thomas Fourcy et des jockeys français y ont brillé en 2016. Lire le bilan complet ci-dessous et VOIR LES VIDEOS DES COURSES.

" Girl power" au Qatar : le monde change ?
 
 
Les femmes ouvrent le bal
 
Il y a 20 ans, les femmes n'avaient pas le droit de conduire au Qatar, un pays dont à peu près personne n'avait entendu parler dans le monde. Depuis 3 ans, une course de cavalières ouvre le meeting de courses le plus important de l'année à Doha. Non pas que les filles ont laissé tomber le burqa noire pour les mini jupes roses, mais tout de même c'est un grand chemin qui est parcouru. D'ailleurs, la 1e année, la vision des femmes élancées en breeches blancs, fins et moulants, avait fait quelques remous parmi les tenanciers de l'islam le plus rigoureux, notamment chez  la mère de l'Emir, ce qui n'a pas empêché sa reconduction. Cette course, sponsorisée par Longines, fait partie du circuit international de la Fegentri et comportait donc une candidate française, Laura Le Geay, qui conclut 5e avec Ventura Shadow, un anglais par Equiano. Autrichienne, très confirmée, Hana Jurankova, s'est imposé en selle sur Saakhen, un irlandais par Invincible Spirit, vainqueur à Southwell avant son importation au Qatar. Il démarre un grand meeting pour Jassim Al Ghazali, l'entraineur tête de liste au Qatar, installé sur l'hippodrome avec 200 chevaux qui sortent pour moitié le matin et pour moitié le soir afin d'éviter les chaleurs torrides de la journée.
 
 

Entrainé par Thomas Fourcy, Aba'Ath se promène dans la Qatar International Cup sous la selle de Julien Augé.
 
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Thomas Fourcy décroche un Gr.1 avec Julien Augé
 
Ancien bon jockey, sans avoir pu atteindre les sommets en plat ou en  obstacle, Thomas Fourcy obtient en revanche des résultats extraordinaires depuis qu'il s'est installé entraineur sur l'hippodrome de La Palmyre, entre Arnaud Chaillé-Chaillé et Guillaume Macaire, qui le désigne d'ailleurs en le cachant à peine comme son successeur. Le jeune homme a eu l'intelligence de comprendre qu'il pourrait percer d'autant plus vite par le biais des pur-sang arabes, une filière très particulière, exploitée par peu de gens mais aussi très riche et de plus qui permet de voyager.
 
Il s'est envolé dans un Gr.1 pour Pur-Sang Arabe, la Qatar International Cup, avec Aba'Ath. Agé de 4 ans, ce fils du vénérable Amer a été élevé au Qatar par Al Shaqab Racing puis envoyé en Charente chez Fourcy où il a gagné un Gr.3 à La Teste, le Prix Chéri Bibi, et un Gr.2 à Toulouse lors de la Breeders'Cup arabe. Il avait aussi remporté le Qatar Derby le 29 décembre. Aba'Ath était monté par Julien Augé.
 
 

Gaëtan Faucon sous la casaque d'Umm Qarn Farm, travaille pour Alban de Mieulle au Qatar.
 
 
Retrouvailles de jockeys, d'Avranche à Munro
 
Outre Julien Augé, ce meeting de Doha a été l'occasion de retrouver sur le devant de la scène des pilotes qui passent l'hiver, au Qatar ou qui s'y sont installés, comme les autres Français Gaëtan Faucon et Jean-Baptiste Hamel, au service d'Alban de Mieulle, mais aussi Yanis Aouabed et bien sûr Gérald Avranche, le premier à poser ses valises au Moyen-Orient il y a une déjà une quinzaine d'années.
 
 
Par ailleurs, on a pu revoir le plus fameux globe trotter des temps modernes, Alan Munro, toujours au top de sa forme à 49 ans. Cet Anglais a commencé les voyages dès son apprentissage. Il fut le premier jockey anglais à importer dans son pays le style de monte à l'américaine, qu'il avait appris en Californie, lorsqu'il s'est fait connaître du grand public en 1991. Cette année-là, alors qu'il avait été repéré par ses nombreux succès en... Espagne, il décroche un contrat de premières montes chez Paul Cole et se retrouve en selle d'emblée sur un crack, Generous, avec qui il réalise un triplé historique Derby d'Epsom - Derby d'Irlande - King George d'Ascot. Malheureusement, en France, une monte catastrophique dans le Prix de l'Arc de Triomphe lui laissera un très mauvais souvenir, même s'il remporte l'année suivante le Prix d'Ispahan en selle sur Zoman, avec qui remporte ensuite le Washington DC International aux Etats-Unis. Munro monte au Japon, passe l'année 1995 en Afrique du Sud et part ensuite à Hong Kong où il est associé au premier champion international du pays, Indigenous. Il enlève aussi la Queen Elizabeth II Cup en 2000. Mais soudain, il disparait... Munro quitte totalement le métier pendant 4 années sabbatiques, afin de se ressourcer tant au niveau physique que mental. A près de 40 ans, il revient en compétition chez lui en Angleterre, en gagnant les Irish 2000 Guinées et les St James's Palace Stakes avec Araafa, puis reprend son tour du monde, en Inde, à Singapour, au Japon dans le circuit secondaire de la NRA, et désormais au Qatar. Ce n'est pas son premier passage ici, car il avait déjà remporté l'Emirs Sword en 2011 avec Al Jafeer.
 
 

Izzthatright, le meilleur sprinter du Qatar.
 
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Moss Vale roi de la vitesse
 
Désormais installé en Bretagne, à l'Ecurie du Faoudel, le sprinter confirmé Moss Vale s'est mis en lumière juste à propos en début de saison de monte avec son fils Izzthatright, vainqueur de la meilleure course de vitesse du meeting, le Katara Sprint Cup (Gr.3). Celui-ci avait été acquis par Jassim Ghazali à la vente de septembre 2014 à Doncaster pour 185.000 livres, faisant à cette occasion le top price, juste après un succès dans une Listed pour 2 ans à Ripon. Il a devancé l'Irlandais Roi de Vitesse et le Français Golden Steps, fils de Footstepsinthesands élevé par les frères Jeffroy (SCEA des Prairies) en Bretagne.
 
 
 
Alezan en casaque blanche et bleue toque rouge, Spaghetti revient de l'arrière-garde pour manger tous ses rivaux dans la ligne droite.
 
 
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Des Spaghettis et des Nouilles au Gratin
 
C'est quand même un drôle de nom : Spaghetti. Président de l'AFAC (Association Française des Arabes de Courses), Yves Plantin a choisi ce patronyme en toute logique finalement, pusique la mère s'appelle Nouillaugratin. Deux fois placé en 2 sorties l'an dernier chez Philippe Sogorb, ce fils de Snoopi a remporté le Silver Swords, une épreuve sur 1850 m où les Français ont décroché le 5 premières places ! Entrainé par l'omniprésent Jassim Ghazali et monté par son premier jockey de l'hiver, le jeune Anglais Harry Bentley, qui rentre ce printemps au service de Roger Varian en Angleterre, ce Spaghetti a la particulirité d'être né dans le Tarn-et-Garonne d'une mère alors âgée de 24 ans ! Cette Nouillaugratin a donné à 25 ans une propre soeur qui s'appelle Farfale...
 
 

Le puissant The Blue Eye, vainqueur de l'Emirs Trophy, a été acheté à la vente de l'Arc Arqana à Saint-Cloud en 2014.

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The Blue Eye, un Arqana Graduate à 400.000 € décroche l'Emirs Trophy

 
Le meeting de Doha se conclut sur les 2 plus gros morceaux : l'Emirs Sword pour les Arabes et l'Emirs Trophy pour les pur-sang. Pascal Bary, qui sait viser jute dans ses déplacements (Breeders'Cup, Dubaï World Cup, etc...) déléguait un concurrent français, ou plutôt marocain, car Billabong est né à Rabbat au Maroc. Ce fils de Gentlewave a tout gagné dans son pays natal avant d'être envoyé par Jalobey de l'autre côté de la Méditerrannée, où il a gagné le Prix Lord Seymour (Listed) à Longchamp et conclu 2ème de Gr.1 à Milan. Monté par Christian Demuro, il a arraché d'une courte tête la 2ème place à l'ex-Lellouche Fort Moville (Le Havre), mais n'a rien pu contre le facile vainqueur The Blue Eye. Ce dernier, fils de Dubawi et Soneva (Prix d'Aumale, Gr.3), avait été acquis pour la forte somme de 400.000 € par Chantilly Bloodstock (Gérard Larrieu) à la vente de l'Arc Arqana après 2 succès dans le Sud-Ouest et 2 places de courses B à Chantilly et Deauville.
 
 

Julian Smart (à gauche) enlève la plus grande course de l'année au Qatar avec Gazwan, associé à Richard Mullen.
 
 
Julian Smart, le grand ouf
 
Entraineur de l'écurie mammouth des Al Shahania, c'est-à-dire celle de Cheikh Mohammed Al Thani, Julian Smart est ce sympathique personnage qui saute en l'air dans tous les sens quand il gagne une bonne course. Pendant les 3 jours du meeting, il est resté les pieds désespérément cloués au sol, accumulant les échecs jusqu'à la course de la dernière chance, mais aussi le clou du festival, grâce auquel il a sauvé l'événement mais aussi gagné son année tant cet Emirs Sword, la plus grande épreuve du pays pour les pur-sangs arabes, revêt une importance capitale pour tous les propriétaires locaux.
 
 

Gazwan, facile vainqueur de l'Emirs Sword (Gr.1)
 
 
Smart a même signé le jumelé gagnant grâce à Gazwan, monté par Richard Mullen, un jockey de deuxième plan en Angleterre mais très en vogue à Dubaï d'où il est venu pour l'occasion, et Assy, associé à Harry Bentley. Agé de 5 ans, élevé en Angleterre bien que provenant d'une souche française, Gazwan est un fils de l'incontournble Amer, qui fait toujours la monte au Haras du Grand Courgeon, au Lion d'Angers, à l'âge canonique de 32 ans ! A l'automne, il avait conclut 2ème de la Qatar Arabian World Cup le jour de l'Arc à Longchamp, battu par Al Mourtajez, un fils de Dahess sur lequel il a pris une éclatante revanche puisque le pensionnaire de Thomas Fourcy a conclut 3ème. Ce dernier faisait toutefois sa rentrée tandis que Gazwan avait remporté les 2 épreuves préparatoires de l'hiver de Doha.

 
 

Voir la vidéo de la course et toute l'après-course ainsi que la remise de prix.
 

Il n'y a pas que des Al Thani au Qatar
 
 
Et finalement, un pensionnaire d'un frère Al Thani, oncle de l'Emir, entrainé par un Anglais qui fut parmi les pionniers des courses au Qatar, a remporté le plus grande course du pays. On pourrait dire que tout est bien qui finit bien mais pas que rien ne change car, outre ce succès très "classique", il faut remarquer la grande variété des casaques ayant participé à ce festival, notamment des propriétaires locaux qui ne sont plus tous issus de la famille régnante. En quelques années, les Al Thani, sans doute plus que les Maktoum à Dubaï, ont réussi à faire partager leur passion des courses avec la nouvelle nomenclatura nationale au-delà des proches cousinades. Et les courses en ont évidemment gagné en intérêt.

 

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