Qatar Prix de l'Arc de Triomphe 2017 : quelle cuvée !

30/09/2017 - Actualités
Huit chevaux différents, vainqueurs de douze classiques seront au départ de cette 96ème édition, une grande cuvée. C’est un record avec une favorite, Enable, qui devra briser un signe indien car jamais une gagnante des Oaks d'Epsom n'a gagné l'Arc ! Une analyse signée Xaver BOUGON.
En parlant de lauréats classiques, citons bien sur Brametot, le chef de fil français hauteur du doublé Poule d'Essai - Prix du Jockey- Club ©APRH
 



Huit classiques pour les quatre 3 ans présents
 
Les vainqueurs de huit classiques printaniers seront à Chantilly ce dimanche. C’est une première dans l’histoire du Prix de l’Arc de Triomphe. De tous les 3 ans ayant fait l’actualité au printemps dernier et en septembre à Doncaster, quatre essaieront de succéder à la 4 ans Found (Galileo) qui avait elle-même pris le relais du 3 ans Golden Horn (Cape Cross). Ils pourront ainsi ajouter une corde à leur Arc……A eux quatre, ils ont remporté huit classiques franco-britanniques. Le record du nombre de classiques dans l’Arc était de sept en 1992 : User Friendly (Oaks GB et IRE, St Leger), St Jovite (Irish Derby), Dr Devious (Derby), Jolypha (Diane), Polytain (Jockey Club).
 
Puis six avec les années :
- 1968 : Sir Ivor (2000 Guinées - Derby), Roselière (Diane), La Lagune (Oaks) et Ribero (Irish Derby – St Leger). Dhaudevi gagne le Prix Royal Oak.
 
- 1972 : Rescousse (Diane), Regal Exception (Irish Oaks), Roberto (Derby), Hard To Beat (Jockey Club), Boucher (St Leger), Steel Pulse (Irish Derby). Pleben gagne le Prix Royal Oak.
 
- 1976 : Crow (St Leger), Youth (Jockey Club), Pawneese (Oaks – Diane), Lagunette (Irish Oaks), Riverqueen (Poule d’Essai). Exceller gagne le Prix Royal Oak.
 
2004, Ouija Board (Oaks GB et IRE), North Light (Derby), Latice (Diane), Blue Canari (Jockey Club) et Grey Swallow (Irish Derby).
 
 
Enable (Frankie Dettori) reste sur 4 victoires de Gr.1. Elle sera la pouliche à battre
 
 
La grande favorite, Enable (Nathaniel, fils de Galileo) non content de triompher dans deux classiques printaniers (dont les Oaks) a rajouté à son palmarès les King George VI d’Ascot et les Yorkshire Oaks. Aucune gagnante du classique d’Epsom n’a fait le doublé avec le Prix de l’Arc de Triomphe…..ce serait une première pour la pouliche du prince Khalid Abdullah……mais qu’elles sont les 19 malheureuses à l’avoir tenté :
 
 
Revoir les images d'Enable et Frankie Dettori gagnants les Oaks d'Epsom
 
 
Gagnantes des Oaks, Brulette et Imprudence sont les instigatrices
 
Propre sœur cadette de Hotweed (2e Prix de l’Arc de Triomphe de Motrico en 1930), Brulette (Bruleur) s’impose dans les Oaks 1931 pour les couleurs du Lieutenant-Colonel Charles-Wilfrid Birkin (apparenté à Jane) à l’entrainement chez Frank Carter, installé à Mill Cottage à Chantilly. Après une seconde place dans le Prix Vermeille de la championne Pearl Cap, Brulette se classera au pied du podium de l’Arc de…. Pearl Cap.
 
Il faudra attendre 1947 pour revoir une gagnante des Oaks dans l’Arc. Ce sera une autre française, Imprudence (fille de Canot, 3e de l’Arc 1938), gagnante de 5 longueurs. Pensionnaire de Joseph Lieux à Maisons-Laffitte, la pouliche était la propriété de son éleveur Mme Pierre Corbière au Haras de Nonant le Pin. Non seulement, elle avait gagné les Oaks mais aussi la Poule d’Essai à Longchamp et les 1000 Guinées de Newmarket. Sa mère avait été achetée aux ventes de Newmarket en 1935 (à 3 ans) pour 600 Guinées.
 
Elle sera suivie par Sun Cap (Sunny Boy) gagnante par 6 longueurs en 1954, également entrainée en France par Réginald Carter puis par deux autres françaises entrainées par François Mathet, Sicarelle et Bella Paola (gagnante également des 1000 Guinées et du Prix Vermeille). Avec Imprudence, Joseph Lieux a été l’un des premiers, il sera le premier à entrer aux balances avec sa pouliche Monade (Klairon), seconde de Soltikoff en 1962, après un succès dans le Prix Vermeille.
En 1966, Valoris (fille de Vali), quoique née en France, donnera à l’Irlande son premier partant. Sous les couleurs de Charles Clore (père d’Alan) et l’entrainement de Vincent O’Brien, elle venait de s’imposer dans les Irish 1000 Guinées.
En 1968, La Lagune (fille de Val de Loir, donc petite-fille de Vali) donne à François Boutin son premier classique en remportant les Oaks de 5 longueurs. Elle finira cinquième à Longchamp de Vaguely Noble et Sir Ivor (le gagnant du Derby d’Epsom).
 
En 1976, c’est l’année de Pawneese (Carvin), gagnante des Oaks de 5 longueurs le 4 juin puis du Prix de Diane le 13 juin et enfin des King George VI en juillet. Elle tentera en vain un incroyable quadruplé.
 
L’année suivante, en 1977, la pouliche de la Reine, Dunfermline (Royal Palace) enlève les Oaks puis le St Leger et doit se contenter du pied du podium de l’Arc. Elle est entrainée par Dick Hern.
 
En 1981, la pouliche entrainée par l’irlandais Dermot Weld, Blue Wind, remporte les Oaks anglaises et irlandaises. Elle finira parmi les battus d’un Arc enlevé par Gold River.
 
En 1983, Sun Princess (English Prince) est la première anglaise à passer aussi prêt du but. Après avoir enlevé magistralement (12 longueurs, un record) les Oaks en étant encore maiden et le St Leger, elle finit à une longueur de la 4 ans, All Along. Elle portait les couleurs de Sir Michael Sobell et était préparée par Dick Hern. Cette année-là, le quarté n’est composé que de pouliches.
 
Les gagnantes des cinq éditions suivantes seront toutes présentes à Longchamp : Diminuendo, Salsabil, Jet Sky Lady, User Friendly (également gagnantes des Irish Oaks, des Yorkshire Oaks et du St Leger) et la française d’André Fabre, Intrepidity (également gagnante du Prix Vermeille). User Friendly terminera seconde de Subotica en 1992 et Intrepidity, quatrième d’Urban Sea en 1993.
 
Il faudra ensuite l’année 2004 pour voir une autre gagnante des Oaks se rendre à Longchamp. Ouija Board (Cape Cross) enlèvera également les Irish Oaks avant de prendre la 3e place de l’Arc de Bago. Dans cette édition, étaient également présents, le gagnant du Derby, de l’Irish Derby, du Prix de Diane, du Prix du Jockey Club, soit six classiques.
 
En 2014, Taghrooda (Sea The Stars) enlève les King George VI après avoir sienne les Oaks. Elle se classera troisième de l’Arc de Trêve. Les gagnants du St Leger, du Prix de Diane et de la Poule d’Essai (Avenir Certain) étaient présents.
 
 
 
Un défi de taille attend Enable, même la grande Ouija Board (en photo ci-dessus) n'avait pas réussi à remporter l'Arc
 
 
Les précurseurs irlandais et anglais
 
Le premier entraineur d’outre-manche à venir disputer l’Arc fût, en 1949, l’irlandais Cecil Brabazon (le premier entraineur d’un certain Sovereign Path quelques années après) avec son poulain de 4 ans, Beau Sabreur qui avait remporté en juin la Coronation Cup (le premier irlandais à le gagner). A 3 ans, Beau Sabreur avait enlevé en Irlande, les 2000 Guinées et le St Leger (encore réservé aux 3 ans). Parmi les prétendants à la victoire, on note la présence de quatre entraineurs anglais, tous avec des pensionnaires nés en France qui termineront tous à distance de la gagnante Coronation. Cette élève de Marcel Boussac avait gagné la Poule et avait terminé à une tête de Musidora dans les Oaks anglaises.
 
L’année suivante, l’année de la 1ère victoire de Tantième, le gagnant de l’Irish Derby était de la partie. Dark Warrior, âgé de 3 ans et entrainé en Irlande par Paddy Prendergast, est le tout premier vainqueur classique d’outre-manche en visite à Longchamp à 3 ans. Paddy avait fait venir d’Australie un jockey, Jackie Thompson, vite reparti dans son pays à cause d’une aversion au climat irlandais. Parmi le peloton, il y avait aussi, le gagnant du St Leger et du Prix du Jockey Club, le français Scratch (Pharis). L’élève de Marcel Boussac finira au pied du podium.
 
Un an plus tard, en 1951, il sera suivi par le gagnant du même classique, Fraise du Bois (Bois Roussel), né en France, acheté yearling 8.000 Guinées par S.A. la Begum Aga Khan (ancienne Miss France et 4ème épouse de l’Aga Khan III depuis 1944) et entrainé par Harry Wragg à Newmarket. Fraise du Bois s’est fracturé une jambe l’année suivante dans la Doncaster Cup.
 
En 1953, Longchamp reçoit le récent vainqueur du St Leger anglais, Premonition, entrainé par l’anglais Cecil Boyd-Rochfort (le beau-père d’Henry Cecil). Il terminera 6ème de La Sorellina et de son frère Silnet. Premonition est le premier classique anglais à s’inviter à Longchamp.
 
En 1955, Hugh Lupus (fils du français Djebel) enlève les Irish 2000 Guinées et prend la place de premier dauphin de l’Irish Derby. Après une 5ème place dans les King George VI du français Vimy, son entraineur irlandais du Curragh, Jimmy Lenehan débarque à Longchamp, sans succès.
 
Il faudra attendre 1958 pour voir un irlandais sur la plus haute marche du podium. Le vainqueur, Ballymoss (Mossborough), donnera la première victoire à l’Irlande. Il avait été acheté yearling 4.500 Guinées à Doncaster et avait enlevé les King George VI and Queen Elizabeth St. à l’été précédent.
 
Notes

 
- Cecil Barbazon est le père d’Aubrey, crack jockey irlandais, vainqueur entre autres des Irish Oaks en 1948 en selle sur Masaka pour S.A. Aga Khan III.
 
- Galileo est le père, en 2017, de trois chevaux vainqueurs de six classiques européens (Winter, Capri et Churchill). Par ailleurs, il est aussi celui des seconds du Derby (Cliff of Moher) et des Oaks (Rhododendron) d’Epsom, du Prix du Jockey Club (Waldgeist), des 1000 Guinées anglaises (Rhododendron), des Irish Oaks (Rain Goddess). Les troisièmes des 2000 Guinées (Hydrangea) et du Derby irlandais (Wings of Eagles) sont des fils de Galileo. S’il  est donc impliqué dans treize podiums britanniques, il n’a pas donné un seul vainqueur classique cette année en France. Par ailleurs, notons que son fils, Nathaniel, est le père d’Enable.
 
Capri, double vainqueur de classique
Le pensionnaire d’Aidan O’Brien a enlevé l’Irish Derby avant de s’imposer dans le St Leger anglais. Si trois vainqueurs de l’Irish Derby (Sinndar, Montjeu, Hurricane Run) ont fait le doublé avec l’Arc, aucun gagnant du St Leger n’a réussi dans son entreprise à Longchamp…..même Nijinsky a terminé aux basques de Sassafras en 1970.
 
 
Revoir la victoire de Capri dans l'Irish Derby début juillet

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