Roi Mage : moi je d'un côté, la réconciliation de l'autre
Roi Mage après son succès dans le Prix Georges Courtois, avec Baudouin et Luc Gabeur autour de Thomas Guéguen et François Nicolle. (PHOTOS APRH)
On ne peut pourtant pas accuser le temps, pas désagréable pour une fin novembre, lors du dernier dimanche de l'année à Auteuil qui offrait pourtant un superbe programme avec 4 Groupes et pléthore de vedettes dont Milord Thomas. Et pourtant, peut-être pire encore que le jour du Renaud du Vivier de De Bon Coeur, plus d'un million d'euros d'allocation a été distribué dans l'indifférence générale et une ambiance si glaciale qu'on se demande encore comment on peut aimer les courses, sauf au superbe spectacle qu'elle nous offre...à la télé. Et encore, pour ne pas faire le bide complet, heureusement que l'Association Nationale des AQPS organise tous les ans à cette date son Assemblée Générale, qui attire toujours quelques dizaines de passionnés montés à la Capitale pour l'occasion, et restés jusqu'au bout dans l'espoir de repartir avec l'une des 62 saillies gratuites qui sont très généreusement offertes aux éleveurs membres de l'association (et à jour de cotisation !), qu'ils soient petits ou grands éleveurs.
Roi Mage devance Milord Thomas, tandis qu'en casaque orange et noire, Capferret termine comme une balle.
La matinée se déroule donc avec une succession d'interventions, particulièrement riches et nombreuses cette année. Très attendue était bien sûr l'intervention d'Alain Resplendy-Bernard, n°2 du PMU jusqu'au départ récent du n°1 Xavier Hurstel, et qui a accumulé les "moi je" dans son discours. Ainsi,ce Grand Vizir affiche clairement son intérêt pour son métier et démontre qu'il aimerait bien devenir Calife à la place du Calife. Il n'y a pas de mal à avoir de l'ambition, bien au contraire, mais ce qui est plus suprenant est la teneur du discours, qui réfute toute remise en cause, toute autocritique. Bref, tout est sous contrôle depuis le début et l'avenir sera radieux tant qu'on accorde toute notre confiance à l'équipe en place et à sa politique générale. C'est à dire qu'on fait fi de la fuite des parieurs, du public et des propriétaires, du désintérêt pour le jeu et pour les courses dont nous souffrons tous aujourd'hui, de la multiplication et de la banalisation désespérante de l'offre. Et tout le monde applaudit, comme un groupe de rescapés au sommet d'un immeuble dont les fondations craquent pourtant de toute part.
Roi Mage de retour avec Thomas Guéguen.
Deux heures plus tard, dans un autre genre, à l'ocasion du Prix Georges Courtois (Gr.2), sonnait l'heure de la réconciliation entre 2 hommes, Luc et Baudouin, le père et le fils à la tête de l'écurie Sagara, avec leur entraîneur François Nicolle. Il s'étaient séparés l'hiver dernier, le divorce étant officialisé lors de la vente de février 2017 à Deauville. A cette occasion, Roi Mage était acquis par la société Sofiga pour 210.000 €, c'est à dire que les Gabeur rachetaient entièrement des parts leur manquant. Sagara décidaient alors de confier tout son effectif à Jean-Paul Gallorini. Mais les choses ayant tourné beaucoup moins bien que prévu, Sagara a procédé à un rétropédalage. Roi Mage, qui avait eu déjà une intense campagne de 3 ans au terme de laquelle il avait été racheté 270.000 € en novembre 2015 à Deauville, avait encore brillé au plus haut niveau à 4 ans en 2016, étant notamment 2e du Prix Ferdinand Dufaure (Gr.1). " Au début de l'année, nous avions donc décidé de lui donner un vrai break" explique Baudouin Gabeur. Nous l'avons repris à la maison, dans notre structure près de la mer en Gironde. Il a été remonté à la plage. On ne pensait même pas revenir à Auteuil en 2017. Au printemps, nous avons fait notre mea culpa et nous avons recontacté François Nicolle pour lui demander s'il voulait bien reprendre Roi Mage. Dans la foulée, nous avons décidé de lui remettre l'ensemble de nos chevaux. La seule exception est Pop Art du Berlais, un cheval assez particulier qui a été confié à Patrice Lenogue, qui avait monté dans sa jeunesse pour mon grand-père, Jean-Louis Gabeur." Roi Mage a été le 1e partant du remariage, quand il a terminé 2e pour sa rentrée en septembre à Bordeaux. Logique vainqueur ensuite à Angers, il avait réussi un excellent retour sur la Butte Mortemart dans le Prix Fondeur le 5 novembre. Et dans ce Prix Georges Courtois, il a produit une performance merveilleuse, sous la selle de Thomas Guéguen, pour dominer de haute lutte une légende vivante, Milord Thomas.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il offre sa 1e victoire de Groupe à l'Ecurie Sagara, créée seulement en 2010 mais qui est montée très rapidement en puissance et avait accumulé les 2e places à ce niveau. Spécialiste de la production de carottes, Luc Gabeur est le frère cadet du Dr Vétérinaire Benoît Gabeur, fameux éleveur de So French, Device, On The Go et tant d'autres. Sagara a construit son établissement à Carcans, tout près de Lacanau, avec du pré-entraînement et de l'élevage avec 6 poulinières environ. " On avise avec ce que la nature nous donne pour avoir des lots équilibrés entre les mâles et les femelles. En 2013, on manquait de mâles. On avait acheté Roi Mage aux ventes de yearlings pour compléter notre lot." VOIR LE PEDIGREE DE ROI MAGE
Roi Mage a donc été acquis yearling, à l'origine par Daniel Allard, pour la somme de 31.000 €. Ce fils de Poliglote avec une nièce par Nikos de Royale Chantou (Prix de Flore, Gr.3), a été ainsi nommé car c'est la contraction du nom de sa mère, Royale Majesty. Il était alors présenté par le Haras de l'Hotellerie, c'est à dire son éleveur Jean-Pierre Garçon, très heureux évidemment avec son épouse ce dimanche à Auteuil, où il y avait quand même des gens heureux.
Notons qu'un des meilleurs éléments de l'écurie Sagara, le géant Dalko Morivière, va désormais courir en Irlande puisqu'il a été envoyé par ses propriétaires à l'entraînement chez Willie Mullins. Même si ce fils de Balko est un cheval de gros parcours, il va débuter Outre-Manche sur les haies de Punchestown.