Kentucky Derby : le nouveau champion Justify pour le vieux Mike Smith
Lui qui avait déjà triomphé en 2015 avec American Pharoah, le crack resté ensuite invaincu avec la triple couronne et la Breeders'Cup, le flamboyant entraîneur américain Bob Baffert a remporté son 5ème Kentucky le 5 mai 2018 avec Justify, sans doute un phénomène. En effet, Justify est resté lui aussi invaincu pour sa 4ème sortie. Très peu expérimenté, il est le tout premier vainqueur du Kentucky à n'avoir pas couru à 2 ans depuis Appolo en 1882 ! En effet, il n'a débuté que le 18 février dernier, à 3 ans, par un succès à Santa Anita. Il a enchaîné dans une allowance en mars et est passé directement à la plus grande course de 3 ans en Californie, le Santa Anita Derby début avril.
Canadien vivant à Vancouver à l'extrême ouest du pays, son éleveur John D.Guntler l'a fait naître dans son haras de Glenwood Farm près de Versailles dans le Kentucky aux Etats-Unis. Justify a été vendu pour la forte somme de $ 500.000 yearling à Keeneland, pas tant pour son papier maternel, qui est correct sans sortir du lot, mais pour son père Scat Daddy, qui était mort quelques mois plus tôt à 11 ans en décembre 2015. Ce fils de Johannsburg, gagnant des Champagne Stakes (Gr.1) à 2 ans puis du Florida Derby (Gr.1) à 3 ans avant de s'accidenter dans le Kentucky Derby, connaissait un début de carrière d'étalon fulgurant. Il commençait à battre tous les records aux Etats-Unis tout en brillant en Europe notamment grâce à No Nay Never, Lady Aureliia, Caravaggio et dernièrement Mendelssohn, qui a sombré à Churchill Downs mais après avoir été violemment bousculé deux fois juste après le départ. A noter qu'à la même vente de Keeneland, qui comportait pas moins de 84 produits de Scat Daddy (pour 54 vendus), Mendelsshon avait fait afficher le top price de cet étalon à $ 3M.
L'équipe de France Sire avait rendu visite à Scat Daddy en novembre 2015, un mois avant sa mort.
Vainqueur pour la 2ème fois après le succès en 2005 du gros outsider Giacomo (50/1), Mike E. Smith est l'un des plus grands jockey de l'histoire des courses américaines, partenaire de cracks comme Zenyatta, lauréat de 26 épreuves de la Breeders'Cup (un record). A 53 ans, il devient le deuxième plus vieux jockey du palmarès du Kentucky Derby, après Bill Shoemaker qui l'avait emporté à 55 ans en 1986 en selle sur Ferdinand, 3 ans avant sa retraite.
Monté par Mike Smith, Justify ramène le collier de roses à tout son vaste entourage, dont son entraîneur Bob Baffert (cheveux blanc) et les représentants du China Horse Club.
Cet âge paraît canonique d'un point de vue européen. En effet, Thierry Jarnet, gagnant d'Arc à 47 ans, Dettori, toujours au sommet à 48 ans, et bien sûr George Duffield, gagnant des Eclipse Stakes avec Giant's Causeway à 54 ans en 2000, restent des exceptions. En revanche, de l'autre côté de l'Atlantique, la majeure partie de l'élite des pilotes revendique la quarantaine bien tapée. Et nombreux des meilleurs restent au sommet en passant les 50 ans. Après Shoemaker, les Chris McCarron,Pat Day, Jerry Bailey, Eddie Delahoussaye, Gary Stevens (gagnant des Preakness Stakes et de la Breeders'Cup Classic à 50 ans en 2013), Russel Baze a pris sa retraite à 58 anen 2016 avec 12.844 victoires, le record historique de l'Amérique du Nord.
Mike Smith a donc pu ramener le fameux collier de roses qui a donné son surnom à la course. Le Derby est appelé The Run for the Roses car un bouquet composé de 554 roses rouges est offert chaque année au vainqueur. La tradition provient du socialiste new-yorkais Evander Berry Wall (1860 - 1940). Expatrié en France durant la Belle Epoque, il était célèbre pour son look extravagant. Il offrit en 1883 des roses aux femmes présentes sur l'hippodrome. Berry Wall était, à 16 ans déjà, propriétaire d'un cheval. Il a hérité à 22 ans de $ 2 M...