L'histoire du miraculé Densovent racontée par Benoit Chevalier
Densovent, le gagnant du Grand Cross de Lyon à l'histoire particulière...(APRH)
Il y a des drôles de chevaux sur terre, des forces de la nature qui ressurgissent après un parcours chaotique, et quand cela se passe bien, la victoire n'en est que plus belle. C'est exactement le cas de Densovent, qui a remporté samedi la 3e étape du Trophée National du Cross-Haras du Lion à Lyon Parilly, la plus belle de sa carrière à l'âge de 7 ans, pour sa 14e course seulement. Le pensionnaire d'Adrien Lacombe a connu au cours de sa vie des évènements chaotiques, qui donnent aujourd'hui une saveur particulière à ce succès. Benoit Chevalier, co-éleveur et co-propriétaire de Densovent, nous raconte l'histoire d'un cheval pour qui tout aurait pu s'arrêter en octobre 2018, mais que le destin et la tenacité ont sauvé pour qu'il revienne encore plus fort.
Benoit Chevalier avec son Densovent lors d'une victoire à Argentan en 2019.
" Densovent a connu un début de carrière un peu en demi-teinte, et a subi tout d'abord un souci de santé à 4 ans, une tendinite, qui l'a éloigné des pistes pendant un an. Pour sa rentrée à Landivisiau en 2018, le cheval avait course gagnée mais s'est écrasée à la dernière haie. Le lendemain, le cheval boitait, et cela ne n'est pas arrangé au fil des jours. Adrien Lacombe a fait examiner le cheval, et m'appelle alors pour me dire qu'il a une triple fracture du jarret, une grave blessure qui a fait dire aux vétérinaires que Densovent ne reverrait jamais un hippodrome. A la suite de ça, il a passé 4 mois immobilisé au box, avant de partir au repos, mais on ne pensait jamais le revoir. Adrien l'a repris pour essayer, et cela s'est passé superbement bien...On a décidé de l'amener en cross car c'est un très bon sauteur...C'est assez incroyable de le voir gagner comme ça samedi, dans une superbe épreuve. On a bien fait d'être persévérant, voir entêté ! Je me rappelle qu'à l'époque à Landivisiau, ils offraient des cagettes de légume aux gagnants...Ma mère avait dit en rigolant que, vu que le cheval avait course gagnée avant sa chute, il pouvait bien lui en offrir...et ils l'avaient fait ! Le garçon de voyage d'Adrien était réparti avec ! De sacrés souvenirs... ".
Y croire, c'était le mot d'ordre, car même à son retour de blessure, le cheval n'a pas eu un parcours facile: " Samedi, c'est la première fois que je revoyais le cheval vraiment aussi bien. Je ne sais pas ce qui s'est passé à Landivisiau, mais depuis, il sautait vraiment mal la dernière haie, peut-être par appréhension. Samedi, il était transformé. En plus, c'est un cheval qui n'aimait pas du tout voyager, ce qui explique certaines de ses contre-performances, comme cet hiver à Pau. On devait courir le Bourgeonneau avant le coup, mais avec le confinement et le changement du programme, la chaleur nous a rebutés. Les engagements étaient déjà faits à Craon pour le dimanche, et même les supplémentations.. On ne savait pas trop quoi courir mais Adrien a vu le Cross de Lyon. On sait que c'est un cheval qui voyage mal, mais Adrien a appliqué une méthode très amusante pour le détendre. Quand il allait faire ses courses ou chercher son pain à Senonnes, il mettait Densovent dans le camion et lui faisait faire le trajet. Au début il était tendu, et au fur à mesure cela a porté ses fruits. ll faut vraiment saluer le travail d'Adrien Lacombe, qui a fait quelque chose d'exceptionnel avec ce cheval."
Adrien Lacombe a fait un sacré travail avec Densovent (APRH)
Densovent, c'est la cerise sur le gâteau pour Benoit Chevalier, originaire de Saumur, qui connait une très belle année avec l'élevage familial: " C'est mon père Jean-Bernard qui a commencé l'élevage. Il était commissaire à Saumur. Depuis on a continué avec quelques poulinières en association, qui sont dispersées un peu partout. Le suffixe "Ovent" est en hommage à Carlovent, un cheval qui a appartenu à mon père et avait gagné à Auteuil avant de gagner des bonnes courses en Angleterre. On a aussi Carlinas, une soeur de Choeur du Nord, qui stationne à Nonant Le Pin. Quant à la souche de Fanfaron Spécial, qui nous a fait très plaisir dans le Président cette année (NDLR: 4e du Président de la République Gr.3), elle est exploitée avec la famille Oré. On a eu notamment Objectif Special, un grand souvenir. Pour Densovent, j'avais récupéré la mère lorsque Georges Oré m'avait prévenu que Valérie Dasque réduisait son effectif. La mère, Keperline, avait super bien gagné en plat, mais avait connu des problèmes de cornage. C'était une grosse jument, et on s'est dit que Ballingarry ramenerait un peu de vitesse, ce qui après coup était une erreur ! La petite soeur de Densovent, Ellovent, était sûrement meilleure que lui, mais a eu des petits soucis. Aujourd'hui elle est poulinière et est pleine de Motivator. "
Benoit Chevalier à côté d'Objectif Special, le champion de la famille (APRH)
Quant à Densovent, qu'adviendra-t-il de lui dans les semaines, voire les mois à venir ? Un grand objectif est dans un coin de la tête de Benoit Chevalier: " Cette année, on pense continuer dans la filière du Trophée National du Cross, mais pas à Lignières, un parcours qui ne lui conviendra pas trop. Ce cheval est vraiment formidable, ça a été le premier sous ma casaque, que j'ai récupérée de mon père puis de ma mère Annick. Il a gagné avec à Saumur, à 2km de là où je suis né, c'est génial ! Avec ce confinement, je me suis rendu compte que les courses m'avaient vraiment manqué, et cela nous fait vivre des émotions incomparables. Densovent est encore tout neuf et semble avoir un bel avenir en cross, et mon rêve de gosse, c'est de courir le Grand Cross de Craon. Je pense que l'on essaiera l'année prochaine si tout va bien, mais ce serait phénoménal ! Pour moi Craon, c'est les souvenirs de Roy de Pique, Archybald...Pourquoi pas nous ? ". Déjà un rescapé, Densovent peut devenir encore plus symbolique dans le coeur de Benoit Chevalier, qui vit déjà un rêve éveillé. Et comme il le dit lui-même, il n'y a que les courses pour procurer des émotions pareilles !
L'histoire ne fait que commencer pour Densovent ! (APRH)