Romain Julliot, portrait d'un jockey qui n'est pas qu'un Crossman

14/12/2021 - Actualités
À 35 ans, Romain Julliot est une figure bien connue du paysage des courses de l'ouest de la France. L'ancien apprenti de Yannick Fertillet a parcouru beaucoup de chemin en presque 20 ans de carrière. Titulaire de 276 victoires depuis le début de sa carrière, le jockey originaire de Château-Gontier, est un redoutable pilote sur le cross, discipline dans laquelle il a remporté de prestigieuses épreuves. Mais Romain n'est pas qu'un jockey de cross, il l'a prouvé en remportant à Auteuil le Prix Morgex, pour Daniela Mele cette année. 

 

Neveu d’Henri Julliot, ancien jockey et entraîneur, et non son fils comme beaucoup de personnes le disent, Romain Julliot fait partie des jockeys d’obstacle les plus redoutables dans l’ouest, notamment sur le cross. Originaire de Château-Gontier, il passe sa jeunesse avec sa mère à sillonner les champs de courses de l’ouest pour suivre les chevaux de son oncle Henri. Le grand-père de Romain, éleveur des chevaux au suffixe « Bel Air », a également transmis le virus des courses à son petit-fils. Après avoir fait sa 4e et sa 3e à la MFR de Craon, Romain obtiendra par la suite son CAP à Laval. En apprentissage 4 ans chez Yannick Fertillet, Romain débute en plat à Redon avec Ken Riche en septembre 2003 « je me souviens très bien j’étais à l’école, et j’ai dû faire un régime toute la semaine parce que j’étais trop lourd ».
 
Yannick Fertillet, le maître d'apprentissage de Romain ©APRH
 
Son patron le fera débuter en obstacle directement à Paris, sur le regretté hippodrome d’Enghien avec l’expérimenté Rifeel. Le jeune apprenti fera son premier gagnant sur un hippodrome cher à « l’homme de Nozay », du côté de la Riviera à Cagnes-sur-Mer. Après 4 années chez Yannick Fertillet, Romain décide de s’installer à Senonnes et rejoindre l’écurie de Laurent Viel pour une courte période, avant de travailler 3 ans pour Serge Foucher, avec de nombreux succès à la clé. Depuis 9 ans Romain travaille pour Nicolas Remoue, un débourreur/pré-entraîneur installé sur le centre d’entraînement senonnais. Le jockey profite de son mercredi de congé pour pouvoir aller sauter des chevaux chez d’autres entraîneurs. Depuis 1 an, Romain se rend chaque semaine chez Daniela Mele. « Notre collaboration a débuté quand mon agent Tony Bouquet m’a trouvé des montes pour Daniela en décembre 2020 à Angers. Depuis le début d’année 2021, elle me fait confiance régulièrement ».  
 
Daniela Mele et Romain avant le Prix Ferdinand Dufaure (Gr.1) ©APRH
 
Une collaboration fructueuse entre les deux, puisque Daniela Mele a permis à Romain d’enlever son premier Groupe avec La Danza, lors des 48h de l’obstacle à l’occasion du Prix Morgex (Gr.3). Ce jour là il avait bénéficié d’un coup de pouce du destin, en remplaçant l’infortuné Théo Chevillard, tombé juste avant. « J’étais sous la douche quand on est venu me chercher pour monter ! ». Le duo Mele-Julliot s’est également illustré à deux reprises dans le temple de l’obstacle avec Sunseat. Titulaire pour le moment de 23 succès, Romain a particulièrement brillé dans la discipline du Cross-country, remportant le classement général des jockeys du Trophée National du Cross, grâce à ses victoires à Strasbourg avec Vent des Dunes, et à Saumur avec Espoir. « Depuis que je suis petit, j’ai toujours aimé le cross, c’est plus technique, il y a plus de sensations. C’est plus dur de monter en cross qu’en haies ou steeple, il faut maitriser le parcours, les trajectoires. » nous explique le pilote. Associé à des champions sur le cross comme Bomari ou Posilox, Romain a eu l’occasion de s’adjuger les prestigieuses épreuves que sont le Grand Cross de Craon (L.) et l’Anjou Loire Challenge (L.).
 
Romain a remporté 2 fois l'Anjou Loire Challenge avec le champion Posilox
 
Malheureusement le dur métier de jockey d’obstacle s’accompagne très souvent d’accidents et de blessures, et Romain n’a pas échappé à la règle. « A 18 ans je me suis cassé le tibia et le péroné pour Mr Margogne à Pontchâteau. Sur l’autre jambe j’ai eu une fracture de la malléole, 3 mois d’arrêt. Et il y a deux ans à Nantes j’ai eu une vingtaine de fractures au visage ». Cette chute nantaise survenu avec un élève de Gérard Lecomte, pour qui il monte depuis 15 ans a vraiment marqué le jockey : « sur le coup j’ai voulu tout arrêter, je me regardais dans la glace tous les matins, j’étais gonflé pendant longtemps, j’étais tout déformé ». Malgré cet épisode douloureux, Romain a su se remotiver et revenir sur les hippodromes, encore plus déterminé.
 
Romain associé à Vandual dans le fameux Velka de Pardubice (République Tchèque) en 2020

Pour le moment, Romain espère réaliser un bel hiver à Pau notamment pour Daniela Mele, et attaquer l’année sous les meilleurs auspices. Titulaire de 276 succès, le pilote de 35 ans se sent encore en pleine possession de ses moyens : « je me vois bien monter encore 3, 4 ans, pour le moment ma forme physique est bonne, on avisera plus tard. Puis quand on monte des bons chevaux ça aide énormément. » Concernant la souvent très délicate question de l’après carrière, Romain ne s’y est pas encore penché, mais il sait ce qu’il ne veut pas faire : « jamais je ne deviendrai entraîneur, c’est trop stressant ! ». Dans un coin de sa tête Romain a tout de même une idée : « je me verrai bien par exemple travailler sur un hippodrome, faire l’entretien. Je suis habitué à travailler dehors, ça me plairait ». 

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