Ken Beseder, un Argentin de souche à Auteuil

01/03/2022 - Actualités
Fils de Kendargent et d'une mère black-type sur 1000m, rien ne prédestinait Ken Beseder à réussir sur les obstacles, encore moins à Auteuil ! Mais les mystères de l'élevage font parfois bien les choses pour ce poulain qui n'arrivait pas à grand chose en plat, mais qui s'impose aujourd'hui dans l'important Prix Varaville pour la marseillaise Brigitte Ré-Scandella, sous la selle de son neveu Geoffrey Ré. La souche du vainqueur vient même d'Argentine ! 

Sous la selle de Geoffrey Ré, Ken Beseder s'envole vers le succès à Auteuil...et pourtant ce n'était pas prévu à la base ! (aprh)

 

Comme quoi l'obstacle peut vous transformer un cheval de A à Z. Très modeste en plat, pour ne pas dire mauvais, Ken Beseder fait aujourd'hui partie des 4 ans qui peuvent compter cette année à Auteuil, suite à son succès dans le Prix Varaville pour la réouverture de la Butte Mortemart. Elles semblent bien loin maintenant les sorties ratées en plat, même si l'animal ne semble pas d'une grande facilité et avait réussi à prendre quelques places quand il était chez Philippe Sogorb puis Christophe Escuder. Mais la transformation est complète depuis que ce dernier l'a confié à Brigitte Ré-Scandella, elle aussi installée à Calas, qui a réussi à faire de ce vilain petit canard un sauteur d'avenir. 

 

Le vainqueur entouré notamment par Brigitte Ré Scandella, son entraîneur, et son neveu Geoffrey Ré (aprh)

 

Toujours co-propriétaire du cheval, en association avec Sandrine Jacquemin, Christophe Escuder gagne sans doute sa première course à Auteuil, mais peut-être pas la dernière. Il avait réclamé ce Ken Beseder pour un peu plus de 17 000 € suite à une 2e place à Toulouse, ce qui restera sans doute sa meilleure sortie en plat à vie. A la fin de l'été de ses 3 ans, la décision est prise de le dresser à l'obstacle. 5e du prix Emilius en débutant, il a ensuite pris deux 3e places à Auteuil et Pau, et remporte aujourd'hui le Prix Varaville en patron devant un lot de poulains estimés qui semble assez relevé. Pourtant, sous la selle de Geoffrey Ré, qui est le neveu de l'entraîneur, Ken Beseder a fait des frayeurs en sautant sur sa droite toute la route... Un petit côté L'Autonomie peut-être ? Chacun ses bons exemples. 

 

La mère de Ken Beseder, Nitza, lors de sa victoire de maiden à Deauville à 2 ans sous la selle de Johan Victoire...qui avait eu visiblement chaud ce jour là ! (aprh)

 

Rien ne prédestinait donc Ken Beseder à devenir un bon d'Auteuil, et encore moins son pedigree. Son père Kendargent a certes sorti quelques bons sauteurs, mais ne s'en est pas fait une spécialité. Il s'agit plus de sauteurs "par procuration", qui profitent de la classe donné par leur père pour réussir sur les balais et en steeple. Côté maternel, on n'y comprend plus rien. Sa mère Nitza, élevée par Alain Regnier et Emmanuel de Seroux, a donné dans la précocité en se classant 3e du Prix Yacowlef (listed) pour ses débuts sur 1000m, avant de gagner son maiden à Deauville puis de se classer à l'arrivée du Prix d'Aumale (Gr.3). Elle avait jusqu'ici produit sans relief, malgré un petit vainqueur à Aurillac et Pornichet. 

 

 

Ken Beseder est en fait issu d'une pure souche d'Argentine, qui a été importée des Etats-Unis à la fin des années 60. Il faut remonter au delà de la 10e génération pour trouver une référence européenne, avec une certaine Vaila, 2e des Cheveley Park Stakes (Gr.1) en 1913 ! On connaît les bonnes relations entretenues entre Alain Regnier et l'Argentine au cours de ses années à la tête de la Haie Neuve. C'est ainsi qu'avec Emmanuel De Seroux, ils ont ramené d'Argentine la grand-mère de Ken Beseder, Realdad, très bien née puisque soeur de la gagnante de Gr.1 en Argentine Refine. Elle était à l'époque pleine d' Indygo Shiner. Ce fils du chef de race américain AP Indy, vu au niveau groupe sur le gazon comme sur le dirt, s'est révélé comme l'un des meilleurs étalons de son époque en Argentine, avant de revenir faire la monte dans le Kentucky. Il est malheureusement mort assez jeune à 15 ans. 

 

Ken Beseder tire sa robe alezane de son père de mère Indygo Shiner, qui fut l'un des tops étalons argentins de son époque 

 Realdad a produit 5 vainqueurs en France à ce jour, dont Nitza, mais aussi le bon Gonna Run. Ce fils d'Hurricane Cat paré de la casaque Treves est arrivé invaincu en 3 sorties sur le Jockey Club 2014, où il a conclu 5e de The Grey Gatsby. Il s'est ensuite envolé vers Hong Kong, où il a bien gagné sa vie sans devenir une star. On ne peut donc pas qualifier notre Ken Beseder de digne héritier, car il n'était pas programmé pour les balais d'Auteuil, mais bon, l'important c'est que ça gagne ! 

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