Première historique dans un Derby Allemand séculaire

24/07/2010 - Actualités
 A partir de 1993, l’élevage allemand a monnayé son entrée dans le Fonds Européen de l’Elevage. Dès lors, les 2400 m du Derby allemand sont ouverts aux chevaux autres que "german-breds", c'est à dire autre que locaux. Malgré le protectionnisme du programme, une bonne partie du stud-book allemand du début du siècle dernier était issu d’étalons nés outre-manche avec comme exemples : Dark Ronald, Louviers, Tamerlane...

 

Depuis 1993 donc, il y avait bien eu deux vainqueurs natifs d’outre-manche mais entraînés en Allemagne. Cette année, le Deutsches Derby (vieux de 141 ans) consacre pour la 1e fois un poulain né et entraîné au royaume de Sa Très Gracieuse Majesté. Buzzword (Pivotal), qui devance pour l’occasion un poulain de Mario Hofer, Zazou (Shamardal) ainsi que le norvégien de Wido Neuroth, (Sir Lando) et 18 autres adversaires dont 6 sujets de l’écurie de Peter Schiergen. 

 

Le fils de Pivotal et de Bustling (Danehill), élevé par Darley Stud, permet à son tout nouveau préparateur, Mahmood Al Zarooni et à son pilote, Royston Livingstone Ffrench d’ouvrir leur palmarès à ce niveau pour la casaque bleue. L’écurie Godolphin inscrit à son tableau de chasse son 116e Gr.1 en Europe et son 25e classique depuis ses débuts en 1992 avec la victoire de Balanchine dans les Oaks 1994. La veille, sur le même hippodrome, dans le Deutschland Preis (Gr.1 sur 2.400 m.), Campanologist (L. Dettori) avait devancé le Derby-winner 2009, Wiener Walzer et le toujours jeune Quijano. 

 

Buzzword avait foulé victorieusement à 2 ans la piste de Longchamp en remportant l’épreuve préparatoire au Prix Jean-Luc Lagardère (Grand Critérium), le Prix La Rochette, devant Siyouni et Eightfold Path. Le dimanche de l’Arc, il se classe 3e de ce même Siyouni qui devançait un élève de John Gosden, Pounced. Buzzword, monté par Ahmed Ajtebi, avait quant à lui devancé un certain Lope de Vega. En mai dernier, il avait pris la 4e place de la Poule d’Essai, épreuve dans laquelle Zazou, avait pris la 6e place.

 

 

Buzzword à 2 ans, lorsqu'il avait devancé Siyouni à Longchamp

 

 

Une petite généalogie s’impose avec un peu de chauvinisme à la clé : Bustling, sa mère, entraînée par Alex Pantall, s’était imposée facilement dans le Derby du Midi 2002 (une femelle ne l’avait pas remporté depuis 1962 !). Fin juin, elle avait pris la 3e place du Prix de Malleret derrière Pearly Shells (gagnante en septembre du Prix Vermeille) et Ana Marie (sa dauphine de Longchamp). La grand-mère de Bustling, Carnival Spirit (une fille de Kris), est également la mère de l’inédite, Hilaris (Arazi), elle-même grand-mère de la championne de l’écurie Bolger, Lush Lashes. Un dernier zeste de chauvinisme : la mère de Carnival Spirit, Fiesta Fun, est également celle de Saumarez, l’élève de Bruce McNall et Nicolas Clément, vainqueur en 1990 de l’Arc de Triomphe.

 

Mais revenons à ce qui nous interpelle, la renommée en matière d’élevage du Derby d’Outre-Rhin. Le Deutsches Derby a consacré une pléiade de champions allemands qui "inondent" désormais la scène internationale, non seulement sur la piste mais aussi et surtout au haras. Il est né en 1869, par le baron Edouard von Oppenheim de la Gestut Schlenderhan, à 30 km de Cologne. 

Pourquoi évoquer cette entité, qui comme chacun sait est actuellement managée par le baron Georg von Ullmann ? Parce qu’elle est détentrice, à ce jour, de 19 succès (cette année, elle n’avait aucun représentant). Le premier succès remonte à 1908 (Sieger, fils de Hannibal) et le dernier en 2009 avec Wiener Walzer (Dynaformer) en passant par 2003 avec la victoire de Dai Jin, élevé par la famille. La casaque a, entre temps, été portée par des noms illustres comme étalons de base en Allemagne et en Europe par la suite, Sturmvogel (1935), Magnat (1941), Asterblute (1949) (qui a également remporté le Preis der Diana), Alpenkonig (1970), Stuveysant (1970), Shirocco (2004) et Adlerflug (2007 par 7 longueurs). 

Le label Schlenderhan c’est aussi une jumenterie que le vieux continent a développé grâce à la fameuse dynastie des "S" et de sa jument-base, Schwarzgold (gagnante du Derby et du Prix de Diane 1940) et Sagace…, mais aussi à celle des "A" avec Asterblute (gagnante également du Derby et du Diane en 1949), Allegretta, King’s Best (le père du derby winner 2010, Workforce) et Urban Sea, qui a désormais repris le flambeau. 

 

 

Adlerflug, le cheval qui avait remporté le Derby allemand par 7 longueurs

 

 

Les autres élevages ne sont pas en reste, et pour preuve, voici les succès de certains des piliers du stud-book

allemand : 

- Alchimist (1933) et son fils Birkhahn (1948)

 

Les succès de la Gestut Erlenhof (Thyssen-Batthyany) : 

- Ticino (1942) et son fils Neckar (1951)

- Orsini (1957)

- Marduk (1974) 

 

Ceux de la Gestut Fahrhof (le haras de la famille Jacobs qui est aussi fondateur de la Newsells Park Stud) : 

- Surumu (1977)

- Lagunas (1984)

- Acatenango (1985)

- Lavirco (1996)

 

Ceux de la Gestut Waldfried : 

Mangon (1952) 

 

Ceux de la Gestut Zoppenbroich : 

- Athenagoras (1973)

- Koniggstuhl (1979)

- Les deux frères Orofino (1981) et Ordos (1983)

 

Ceux de la Gestut Ittlingen : 

Les deux frères Lando (1983) et Laroche (1984)

 

Ceux de la Stall Blankenese :

- Kamsin (2008) 

- Les deux propres frères, Samum (2000) et Schiaparelli (2006) 

 

 

Le regretté Lavirco avait remporté ce Derby en 1996

 

Le Deutsches Derby a donc rassemblé des poulains qui ont fait plus que leur preuve au haras : Alchimist (2 fois champion des étalons en Allemagne en 1946 et 1947), Ticino (neuf fois de 1950 à 1958), Neckar (6 fois de 1959 à 1965 et grand-père de Star Appeal), Orsini (4 fois de 1966 à 1974), Surumu (6 fois de 1985 à 1992 et grand-père de Hurricane Run), son fils Acatenango (5 fois de 1993 à 2001) et Konigsstuhl (3 fois de 1988 à 1996 et père de Monsun).   

Nebos, Lomitas et Monsun (4 fois tête de Liste en Allemagne de 2000 à 2006) ne font pas partie des vainqueurs du Derby, ils ont été battu, le premier par Konigsstuhl en 1979, le second par Temporal en 1991 et le troisième par Lando en 1993. 

Parmi les autres étalons têtes de Liste, n’ayant pas gagné le Derby figure Dark Ronald (4 fois), le père de Prunus (5 fois), Oleander (8 fois de 1937 à 1944), Dschingis Khan (2 fois)…

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