Jacques Le Marois : Djo Français et Erevann au secours du vaisseau français
Djo Français (à gauche) et Erevann, les deux défenseurs du camp français pour le Jacques Le Marois 2022 (aprh)
Une fois encore, le meeting de Deauville a démarré très fort pour les visiteurs anglais et irlandais qui ont remporté les Prix Rothschild et Maurice de Gheest, et ont globalement dominé les épreuves de Groupe. De quoi s'inquiéter pour la suite du mois d'août sur la côte Normande. Et notamment ce dimanche pour le Prix Jacques Le Marois (Gr.1), le mile le plus prisé de l'été, qui avait réuni 17 engagés ... dont 3 français, et seulement 2 seront de la partie ! Après avoir passé le cap des 7.000 victoires le week-end dernier, Jean-Claude Rouget s'attaque à un nouveau défi de taille avec Djo Français et Erevann, deux chevaux aux profils diamétralement opposés, qui tenteront de sauver l'honneur. Ce n'est pas une tâche aisée mais comme on dit, 100% des gagnants ont tenté leur chance.
Erevann avec Christophe Soumillon
Les deux compagnons d'entraînement feront donc face dimanche à des anglais, des irlandais et même un japonais, Bathrat Leon, qui vient de conclure 4e des Sussex Stakes (Gr.1) derrière Baaeed pour sa découverte de l'Europe. State of Rest, mais aussi les jeunes champions de 3 ans Coroebus, Native Trail et Inspiral, sans compter Maljoom, qui a tracé une ligne droite très remarquée à Royal Ascot ... Il va falloir se les cogner ! Pour réussir ce pari, Jean-Claude Rouget compte donc sur deux chevaux très différents qui ont pourtant des choses en commun, comme le fait de descendre de souches Aga Khan achetées aux effectifs de François Dupré et Marcel Boussac.
Erevann tentera d'offrir un nouveau Prix Jacques Le Marois à la famille Aga Khan, qui l'a emporté pour la dernière fois en 1973 grâce à Kalamoun, un 3 ans entraîné par François Mathet. Ce Kalamoun avait déjà prouvé sa compétitivité au plus haut niveau en enlevant la Poule d'Essai des Poulains et le Prix Lupin, mais Erevann fait face à un défi bien plus compliqué. . Il n'a en effet que 3 courses au compteur, pour 3 victoires. Tenu en très haute estime, puisqu'il est comparé par Christophe Soumillon à Vadeni, Erevann a gagné l'un des maidens les plus relevés de la saison l'an dernier à Deauville avant de remporter une Classe 1 pour sa rentrée, puis de manquer la Poule et le Jockey Club. Il a ensuite vaincu dans le Prix Paul de Moussac (Gr.3). Ses limites restent inconnues, mais le challenge est immense.
Ervedya avec Jean-Claude Rouget, Christophe Soumillon et le Prince Aga Khan, soit la même équipe que son fils Erevann (aprh)
Mais visiblement, cet Erevann sort de l'ordinaire pour s'aligner dimanche, lui qui est très respecté en vue d'une carrière à 4 ans. Gagner un Jacques Le Marois avec 3 courses dans les jambes est du jamais vu sur les 40 dernières années. Makfi et Palace Pier l'avaient emporté avec 4 courses au compteur seulement, mais en ayant déjà disputé et remporté un Gr.1. Erevann devra donc montrer un talent de champion pour briller dimanche. Issu d'une vieille souche Aga Khan peu prolixe qui avait été achetée à Marcel Boussac à la fin des années 70, lors de sa cessation d'effectif, Erevann est un fils de la championne Ervedya qui avait complètement réveillé cette famille, déjà sous la coupe de Jean-Claude Rouget. Cette grande mileuse était partie battre les anglaises et irlandaises à Royal Ascot dans les Coronation Stakes (Gr.1), entre autres succès de prestige. L'effet inverse est attendu dimanche de la part d'Erevann, issu de son union avec Dubawi, et qui a donc un pedigree d'étalon à étoffer de grands titres avant de partir au haras.
Djo Français en pleine extension sur le gazon de Deauville
À 4 ans, Djo Français est quant à lui un cas opposé. Gagnant en débutant à 2 ans, ce représentant de Joseph Lesguer - a qui il a d'ailleurs offert un 1er Groupe récemment dans le Bertrand du Breuil (Gr.3) - n'a jamais fait partie du wagon classique de la team Rouget à 3 ans, même s'il avait été engagé dans les épreuves dudit circuit. Au contraire, ce besogneux qui n'est sorti du podium qu'une fois en 10 sorties a monté les paliers tout doucement, avant de remporter sa 1ère Listed en juillet 2021. Il a encore passé un cap cette année et vient de battre un lot de bonne facture, ce qui lui confère une chance d'outsider ce dimanche.
Aliette Forien, qui a co-élevé et vendu Djo Français, le retrouve après son succès dans le Prix Bertrand du Breuil en juin à Chantilly (aprh)
Ce Djo Français offrira quoi qu'il arrive un grand moment à ses co-éleveuses Bénédicte Ferry-Abitbol et Lylia Cadet, deux amies issues du monde des sports hippiques, qui ont acheté la mère Nazlia en 2012 sur les conseils forcéments très avisés de Tangi Saliou. Il s'occupait au quotidien, à l'époque au Haras de Montaigu, de cette jument élevée elle aussi par ...le Prince Aga Khan ! Nazlia a donc changé d'entourage en cours de carrière au haras, avant que sa production se révèle via les black types Anahita et surtout Shutterburg. Est née ensuite la bonne Lakalas pour les nouvelles associées, qui a elle aussi été entraînée par Jean-Claude Rouget avant de partir aux États-Unis. Aliette Forien, qui connaît Nazlia par coeur et a beaucoup conseillé ses propriétaires, s'est associée avec elles dans un foal sharing autour d'Intello. Ce qui a donné Djo Français, vendu ensuite foal sur le ring d'ARQANA.
Djo Français foal, avant sa vente à ARQANA
Djo Français est lui aussi d'une souche Aga Khan, qui a été récupérée lors de l'achat des effectifs de François Dupré. Le Prince avait acheté la 5e mère Val Divine, qui a produit les gagnants de Gr.1 Yashgan et Vayrann, et est la grand-mère de Vereva (Prix de Diane, Gr.1). Son premier produit, Nièce Divine, est la 4e mère de Djo Français, et surtout la génitrice du gagnant classique Natroun (Prix du Jockey Club, Gr.1). La famille est bien ressortie depuis son achat par Bénédicte Ferry Abitbol et Lylia Cadet, avec les apparitions sous la 1ère et 2ème mère de Port Guillaume, Aubevoye, ou encore No Limit Credit. Quoi qu'il en soit, Djo Français et Erevann, et surtout leur entraîneur Jean-Claude Rouget, n'ont pas peur de défier les Anglais et les Irlandais ... à la maison ou presque !