Prix du Cadran : dans une course sans pitié, Kyprios conclut une année parfaite

Plus longue course du calendrier français en plat, avec ses 4 kilomètres, le Prix du Cadran (Gr.1) avait réuni 12 stayers d’élite. Lauréats des deux dernières éditions, les concurrents anglo-irlandais débarquaient une nouvelle fois en force, malgré l’absence de Stradivarius et Trueshan. Le départ était donné en haut du fameux « tobbogan », qui sert de départ habituellement aux courses sur 1400 mètres. Après les premières secondes de course, nous aurions pu croire que les concurrents étaient des flyers plutôt que des stayers, tellement le rythme était élevé (plus de 60 km/h). En selle sur le grand favori Kyprios, Ryan Moore ne voulait pas laisser son principal rival Quickthorn dicter le ton comme il aime à le faire. Les deux chevaux les plus en vue étaient ensuite relayés par Lismore et Stéphane Pasquier qui allaient mener bon train. Les mètres défilaient, mais le rythme ne baissait pas. A la manière d’une étape de montagne en course cycliste, la sélection se faisait, et des concurrents abdiquaient alors qu’il restait encore 1000 mètres de course !
 

 

 

 

Au-dessus de la mêlée à l’entrée de la dernière ligne droite, Kyprios semblait débuter seulement sa course alors que ses rivaux étaient proches de l’explosion. A 150 mètres du poteau, l’improbable se produisait. Par caractère ou par manque de lucidité, le 4 ans se mettait à se dérober brutalement vers les tribunes. Une scène qui n’est pas sans rappeler l’extraterrestre Sea Bird dans l’Arc de Triomphe 1965. Au poteau, l’alezan avait changé de corde, et se trouvait appuyé au public et aux photographes. Malgré cette fin de course à rebondissement, Kyprios concluait sa course alors que son premier adversaire, Almacado Grée était encore sur la ligne des 100 derniers mètres.

 

 

 Ryan Moore en difficulté pour garder Kyprios en ligne ©APRH

 

 

Ce sacre dans le Prix du Cadran vient conclure une année 2022 exceptionnelle pour Kyprios. Considéré comme un cheval de Derby par Aidan O’Brien, le fils de Galileo avait eu quelques ennuis de santé qui lui avaient fait rater le printemps classique. Après seulement 2 sorties à 2 ans, puis 2 à 3 ans, le maître de Ballydoyle a décidé de réorienter son cheval sur les longues distances. Après deux très faciles victoires sur 2800 mètres, l’alezan se présentait au départ de la mythique Gold Cup d’Ascot (Gr.1), face à Coltrane, Trueshan et Stradivarius. Sans trembler, Kyprios va mettre ses ainés à l’amende. Performance qu’il rééditera dans la Goodwood Cup (Gr.1), puis dans l’Irish St Leger (Gr.1). Encore un sacré coup de force réussi par l’homme 

 

 

 

 

Kyprios n’a pas fait briller l’une des trois casaques habituelles du trio Magnier/Smith/Tabor, mais celle de l’historique haras irlandais Moyglare Stud. A l’accoutumée, l’entité fondée en 1962 par le suisse Walter Haefner confiait ses chevaux à Dermot Weld, sauf ce Kyprios qui intégrera les boxes d’O’Brien. La fratrie de Kyprios avait déjà donné d’immenses joies à Moyglare. Modeste jument en piste, Polished Gem peut être considérée comme l’une des meilleures poulinières au monde. A l’heure actuelle, cette fille de Danehill a déjà produit 8 black types, dont les vainqueurs de Gr. 1 Kyprios, Free Eagle, et Search For A Song. Cette dernière avait d’ailleurs été battu par son petit frère Kyprios dans l’Irish St Leger ! Les destin glorieux de cette famille remonte aux années 70, lorsque Moyglare Stud fait l’acquisition à prix d’or de la championne américaine Talking Picture, la troisième mère de Kyprios. Cliquez ici pour retrouver l’article sur Moyglare Stud et la famille de Kyprios.