Kovrov, l'histoire bien française du champion en herbe de Jean-Claude Rouget
Kovrov, un champion en herbe à l'histoire bien française (photo Robert Polin)
Quand le maître Jean-Claude Rouget nous parle d'un poulain comme d'un très bon, on se taît et on écoute. Toujours prudent dans ses propos, le crack entraîneur a tout de même eu des mots significatifs au sujet de Kovrov après sa victoire à Toulouse hier soir. Dans le Prix Torrestrella, une course prisée dans le Sud-Ouest, le poulain a fait quelque chose de peu commun, étant emmuré vivant toute la ligne droite avant de se décaler et de venir régler ses adversaires en 3 foulées. Avec l'accélération des bons, et un mental d'acier, Kovrov a tout pour faire rêver son entourage ce printemps, et va maintenant attaquer les courses black type sur la route des classiques, dans lesquels il est évidemment engagé.
Jean-Claude Rouget et Jean-Bernard Eyquem, un duo magique emballé par Kovrov (aprh)
Kovrov est aussi une histoire bien française, et ça fait plaisir. Jean-Claude Rouget lui a concocté un parcours étape par étape, usant des bonnes pistes de province pour faire éclore son champion en herbe. A l'image d'un Almanzor ou Vadeni, qui ont débuté en province, Kovrov a gagné 2 fois à Pau, avant d'aller du côté de Toulouse, et pourrait même y continuer dans un mois à l'occasion du Prix Aymeri de Mauleon (Listed). Rouget n'hésite pas à donner des tâches faciles à ses bons chevaux, convaincus de leur qualité pour les emmener dans les grands rendez-vous par des chemins de traverse. Si les promesses sont tenues pour Kovrov, il n'aura pas eu le "parcours classique", preuve que le bonheur est dissimulé partout. Il suffit de chercher un peu.
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Kovrov est aussi une histoire bien française puisqu'il a été conçu sur notre sol, puis est né et a grandi au Haras du Buff pour le compte de Simon Springer (Ecurie Normandie Pur-Sang). Edwige Le Métayer, qui a aussi passé le poulain aux ventes, explique : " Nous avons quelques juments de l'écurie Normandie Pur-Sang, dont Victhur, une petite jument qui avait produit un poulain exceptionnel avec Kovrov. Il était magnifique, et avait un mental hors du commun. Nous l'avions vendu à OSARUS, en sortie de Covid. Sa soeur par Dabirsim devrait à nouveau aller à OSARUS cette année chez les yearlings. L'entourage souhaite soutenir cette vente, et la pouliche s'y prête parfaitement. La mère de Kovrov est à nouveau pleine de Toronado et devrait pouliner en avril. Nous avions du mal à la remplir l'an dernier, et j'avais encouragé Simon Springer à l'utiliser avant qu'il ne parte en Australie. Un heureux hasard, qui fait bien les choses !".
Edwige Le Metayer, a vu naître, élevé et vendu Kovrov avec son Haras du Buff
Elevée et vendue par un entourage italien, mais en France, la mère de Kovrov avait fait carrière sous la casaque normandie Pur-Sang chez Yann Durepaire puis Christophe Ferland. Jument assez quelconque, Victhur avait gagné son maiden à Marseille-Vivaux en fin d'année de 3 ans. C'est une souche assez éclectique, qui s'est dispersée à travers le monde. Placée de Groupe en Angleterre, la grand-mère de Kovrov a produit plusieurs black types dont Samsa, une jument partie en Inde où elle a donné la "classique" Windsor Forest, gagnante des Guinées de Bangalore. Pas ultra-sexy sur un pedigree, mais la famille remonte jusqu'à la crack Dahlia, lauréate de plusieurs Gr.1 dont deux éditions de la Gold Cup et des King George. On y retrouve aussi le précoce Peace Envoy, placé du Morny, et qui poursuit justement sa carrière d'étalon en Italie.
Kovrov lors de sa vente à OSARUS en 2021
Kovrov a donc été acheté 48 000 € à la vente de yearlings OSARUS de la Teste, où sa soeur a fait 35 000 € l'an dernier. Il avait été acquis par Nicolas de Watrigant, un excellent juge qui a connu de grands succès à OSARUS. Il court sous la casaque d' Alain Jathière, un des propriétaires les plus actifs sur le marché français, et qui a a des chevaux à l'entraînement chez une vingtaine d'entraîneurs différents dans l'hexagone ! Il connaît une belle réussite, ponctué par un Gr.1 en obstacle grâce à Kyrov à Auteuil, mais attend toujours son 1er Gr.1 en plat en France.
Alain Jathière et Nicolas de Watrigant
Kovrov est français jusqu'à son père Toronado, une star en son genre qui a définitivement rejoint l'Australie, où sa côte de popularité est au plus haut. Insatiable source de vainqueurs, très souvent en tête des classements France Sire, il a été longtemps l'un des meilleurs rapports qualité/prix sur le marché français, installé au Haras de Bouquetot. Il lui a manqué pour définitivement percer un gagnant de Gr.1 en France...Avec Kovrov, tout ce petit monde pourrait vivre une grande première, et une réussite qui serait celle du système français tout entier. Ca aurait de la gueule à n'en pas douter !