Villeneuve-sur-Lot : l'hippodrome du mois par la Fédération Nationale des Courses Hippiques

L'HIPPODROME DU MOIS

Sans bénévoles, il n'y aurait pas de courses hippiques. Ce dicton se vérifie à l'hippodrome de Villeneuve-sur-Lot, où de nombreux bénévoles participent à l'organisation de six réunions hippiques dans la discipline du trot, sous la houlette d'une jeune et dynamique présidente. Rencontre avec Alice Cassany, qui nous vante les mérites de cet hippodrome en herbe situé dans le département du Lot-et-Garonne et qui démarrera sa saison le samedi 8 juin.

Peu courant dans le milieu des courses hippiques, vous êtes une femme présidente d'une société de courses et de plus, la plus jeune en France, car vous êtes âgée de seulement 33 ans, qu'est-ce que cela représente pour vous ?

Être présidente d’une société de courses hippiques à seulement 33 ans est à la fois un immense honneur et une grande responsabilité. Dans un milieu où la tradition et l’expérience sont souvent valorisées, il est rare de voir une jeune femme occuper une telle position. Cela représente pour moi une opportunité unique de moderniser et de dynamiser les courses hippiques en apportant une perspective nouvelle et innovante.

Je suis consciente des défis que cela implique, notamment en termes de crédibilité. Cependant, je vois cette situation comme une chance de montrer que la passion, le travail acharné et une vision claire peuvent transcender les barrières traditionnelles. Mon objectif est d’encourager la diversité au sein de notre société, en attirant une nouvelle génération de passionnés et en rendant les courses plus accessibles à un public plus large. C’est également une occasion de mettre en avant les femmes dans un domaine où elles sont encore sous-représentées. J’espère inspirer d’autres femmes à poursuivre leurs ambitions et à croire en leur capacité à réussir, quel que soit le domaine.

Comment votre diplôme d’ingénieur agronome vous aide-t-il dans la gestion de l’hippodrome, notamment en ce qui concerne l’entretien de la piste ?

Je suis plutôt spécialisée en productions animales, étant également titulaire d’un diplôme d’inséminateur, mais mes connaissances agronomiques m’ont permis d’apporter quelques modifications à l’entretien de notre piste en herbe. La difficulté réside dans le fait que nous n’avons pas le droit à l’erreur : les solutions mises en place doivent porter leurs fruits immédiatement. Heureusement, j’ai la chance d’être entourée de bénévoles curieux et méticuleux, avec qui je peux facilement échanger.

Pouvez-vous nous donner quelques nouvelles à la suite de la récente tempête ayant causé des dégâts sur l'hippodrome, cela remet-il en question l'organisation de votre saison hippique ? 

Ce début d’année est compliqué. Depuis la mi-octobre 2023, les jours sans pluie se comptent sur les doigts de la main ! Cela a beaucoup retardé les travaux entrepris. Malheureusement, la récente tempête a ajouté du travail supplémentaire pour l’entretien du site, en arrachant quelques arbres et en inondant certains locaux. 

Récemment, votre société a été labellisée EquuRES et vous organisez une journée RaceAndCare en faveur de la bientraitance animale. Comment cet engagement et cette démarche d’amélioration continue ont-ils été vécus par vos bénévoles ?

En prenant la présidence de l’hippodrome, il était évident pour moi d'adopter des pratiques vertueuses pour l’environnement et le bien-être animal. Au cours d’une réunion, j’ai lu l'intégralité du cahier des charges du Label EquuRES aux bénévoles. Ce fut très long, car il y a énormément de critères ! Mais, à ma grande surprise, tous les bénévoles étaient présents ce soir-là et chacun a écouté attentivement les différents thèmes. Certains se sont ensuite approprié certains critères et ont fait en sorte que l’hippodrome respecte le cahier des charges. L’audit a eu lieu en hiver, période où il y a habituellement peu d’activité sur le site, mais les bénévoles l’avaient nettoyé pour qu'il paraisse sous son meilleur jour. Je crois qu’ils étaient aussi stressés que moi en attendant les résultats, et ce fut une vraie fierté lorsque le graal est tombé !
 

Pouvez-vous nous parler de votre « maison des bénévoles » sur l’hippodrome ? Que représente ce lieu de rassemblement ?

Sur l’hippodrome, nous n’avons pas de salarié. Tout le travail est accompli par des bénévoles dévoués. Nous avons pour habitude de nous réunir tous les samedis matin pour travailler, puis de déjeuner ensemble. Au fil des années, des liens forts d’amitié se sont créés. Dans cette maison à l’entrée de l’hippodrome, nous célébrons tous les moments importants de la vie de chacun.

Votre rêve le plus fou pour la société des courses de Villeneuve-sur-Lot ?

Mon rêve serait de transformer cette société de courses en un hippodrome de renommée nationale ! Je suis amoureuse de ce site et j’aimerais le faire découvrir au plus grand nombre. Au public néophyte, bien sûr, en développant des parcours éducatifs pour découvrir le monde des courses, mais aussi aux professionnels des courses qui ne le fréquentent pas encore. Ce site mérite de monter en catégorie, d’accueillir davantage de réunions, et pourquoi pas le Trophée Vert chaque année.

Quels ont été les derniers travaux / réalisations effectués par les bénévoles ?

Cette année, notre plus gros investissement porte sur l’amélioration de l’irrigation de la piste. Nous sommes en train d’installer des systèmes de filtration importants, qui permettront d’améliorer la qualité de l’arrosage et de réduire les quantités d’eau utilisées.

Nous avons également installé un éclairage sur le parking des chevaux, car cette année, pour la première fois depuis longtemps, nous allons accueillir une réunion en semi-nocturne. Il nous semblait indispensable que les hommes et les chevaux puissent évoluer en sécurité après les courses. Nous avons aussi augmenté le nombre de points d’eau dans le parking des chevaux pour diminuer la pénibilité du travail des professionnels et faciliter l’abreuvement des animaux.

Chaque année, nous essayons d’améliorer les infrastructures. Cet hiver, il y a eu notamment beaucoup de travaux de peinture, qui ont redonné un coup de jeune à certains lieux. Nous espérons que le public et les professionnels seront sensibles à ces travaux d’embellissement

Vous animez régulièrement une page Facebook au nom de l’hippodrome. Selon vous, quelle est l'importance des réseaux sociaux et du digital pour attirer une nouvelle clientèle ?

Attirer une nouvelle clientèle sur les hippodromes est indispensable. Il me semble que notre page Facebook permet de toucher une audience plus large que les canaux traditionnels (affiches, radio, journaux). Cette présence active permet de faire connaître l’hippodrome à un public diversifié, qui peut facilement accéder à des informations sur les courses. En partageant notre quotidien sur l’hippodrome, j’ai l’impression d’humaniser ce lieu, de créer une dynamique qui attire et fidélise les visiteurs.

En 2023 vous avez accueilli et organisé une étape du Trophée Vert, était-ce quelque chose de spécial pour les membres et bénévoles de la société des courses ? 

Accueillir une étape du Trophée Vert est toujours un moment important et magique. C’est une reconnaissance de l’engagement des bénévoles, du travail accompli sur l’hippodrome pendant plusieurs mois, et de la qualité de la piste.

Cet événement attire plus de public et plus de drivers venant de régions au-delà du sud-ouest. Nous ressentons donc une certaine pression pour que tout soit parfait et que tout le monde reparte satisfait. Je crois que l’édition 2023 fut une réussite. Les bénévoles étaient très fiers que la photo de Gaudéo avec sa couronne de fleurs ait été reprise dans plusieurs médias. C’était leur hippodrome qui rayonnait à travers le pays.

Un message à adresser à nos lecteurs, à nos élus ou à vos homologues ?

Notre sport, les courses hippiques, est une tradition riche et vibrante qui rassemble passionnés, familles et professionnels autour d’une même passion pour les chevaux et la compétition.Aux lecteurs et au public, je tiens à exprimer ma gratitude. Leur fidélité nous inspire à améliorer constamment l’expérience que nous offrons sur l’hippodrome. Aux élus, je souhaite souligner l’importance de votre soutien dans la préservation et le développement des sociétés de courses. Les courses sont non seulement une tradition sportive, mais aussi un moteur économique et culturel pour nos régions. L’appui des sociétés mères est crucial pour que ce secteur continue de prospérer.

Enfin, à mes collègues présidents, je voudrais partager ma vision d’un avenir collaboratif. En travaillant ensemble, nous pouvons relever les défis actuels et futurs. Notre solidarité et notre volonté de partager les meilleures pratiques sont essentielles pour garantir un avenir durable pour les courses hippiques.

Le samedi 8 juin, vous organisez une réunion en semi-nocturne, quel sera le programme ? Des animations spécifiques ? 

Pour attirer davantage de public, nous organisons des animations sur des thèmes différents lors de chaque journée de courses : fête de la musique, fête du sport, fête de la magie, fête de la création, etc. Le samedi 8 juin, nous accueillerons un concert à l’issue des courses, permettant au public et aux professionnels de profiter d’un moment de détente dans notre grand parc arboré. Il y aura, comme d’habitude, des animations pour les enfants : balades à poneys, structures gonflables, maquillage, coloriages. Des visites guidées de l’hippodrome seront organisées afin que chaque spectateur reparte avec des connaissances sur la filière courses.

Nous avons également la chance d’être régulièrement accompagnés par un excellent chargé d’animations d’un opérateur de paris, qui met en place diverses activités pour apprendre à « jouer responsable ». Ainsi, nos programmes d’animations assurent des journées riches en activités et en courses, pour plaire à tous les publics : des passionnés de courses aux familles et aux enfants