Ascot 1 : Peslier, Queally pour un jour pas comme les autres
Les professionnels des courses qui jouent ici une grande partie de leur année en terme de résultat et surtout d’image (particulièrement pour les britanniques et irlandais), côtoient une foule bigarrée. La moitié d’entre elle est venue profiter d’une réunion hippique du plus haut niveau mondial et l’autre moitié d’une belle journée de juin où le « good life » comme on dit ici est partout : boissons, tenues légères, chapeaux plus ou moins extravagants, gens passionnés, sport, argent, gloire et beauté !
Olivier Peslier
Mais au soir de cette première journée du meeting 2011, synonyme de 300e anniversaire, la sensation est étonnante : comme un mauvais goût difficile à faire passer. Le génial Olivier Peslier et le catastrophique Tom Queally ont tous les deux marqué la journée à leur insu de plein gré.
Canford Cliffs devance Goldivoka d'une seule petite longueur
Olivier Peslier repart en effet d’Ascot avec une amende de 650 livres pour poids non réglementaire après les Queen Anne Stakes dont il a pris la deuxième place avec la fantastique Goldikova. Canford Cliffs a triomphé sans qu’on n’y trouve rien à redire. A l’issue d’un parcours parfait offert par Richard Hughes dans le dos de notre championne tricolore, le mâle a fait la différence. Sans coup férir. Oui mais voilà, Goldikova portait en fait un kilo de trop, par rapport aux conditions initiales de la course ! Quelques instants avant l’épreuve, les commissaires ont en effet autorisé à Olivier Peslier de monter avec une livre de plus. A son retour de course, il pesait en tout 1 kilo de trop. Quel aurait été le résultat si la jument de Freddy Head n’avait pas eu ce poids, ce boulet, cette montagne (au choix) à porter dans l’instant le plus crucial de la course ? La détentrice du record de victoires de Groupe 1 a fini à une longueur de Canford Cliffs. Les échellistes nous le diront : 1 kilo = 1 longueur.
Quelque chose n’a pas tourné rond sur la ligne droite d’Ascot.
Tom Queally
Comme il a dû se passer quelque chose dans la tête de Tom Queally. Le jockey britannique attitré de la casaque Abdullah s’est déjà forgé une magnifique carte de visite en l’espace de huit semaines. Après avoir demandé l’impossible à Frankel dans les 2000 Guinées de Newmarket (le cheval parvenant pourtant à l’emporter), Queally a remis le couvert dans les Saint James’s Palace Stakes. A 1000 mètres du poteau, il a pensé bon de prendre le relais de son propre leader et d’ « envoyer » son crack. Prenant une dizaine de longueurs d’avance, le champion a atteint sa vitesse maximale à la sortie du tournant final : il restait toute la ligne droite d’Ascot à gérer ! Rien que cela. Crazy le type ! Aussi incroyablement généreux que son jockey est imprévisible, Frankel a encore répondu présent et parvenu à contrer jusqu’au bout le Coolmore Zoffany.
Frankel passe une nouvelle fois le poteau en tête et reste invaincu
Subjugué, le public en a perdu son souffle quelques instants. Lui qui est généralement si prompt à applaudir les vainqueurs, a pris le temps de retrouver ses esprits avant de célébrer ce succès. Un peu comme le fantastique pur-sang. Au rond, les sportsmen se sont repris et ont ovationné le cheval. Ici on aime les courses qui bardent mais pas au point d’ « assassiner » un champion comme cela été le cas. Quel sera l’avenir de Frankel ? Pourra-t-il se remettre d’un tel exercice ? Pourra-t-il encore répondre aux exigences de son pilote ?
Les grandes courses doivent nous apporter des réponses. On a pourtant trop de questions en tête. Vivement mercredi.