Grand Prix de Paris de Méandre: "tiens voilà du boudin"
Le boudin de la chanson n'est pas que cet met délicat mangé froid (noir, blanc, antillais) ou chaud (aux pommes, en farce du groin de cochon), ni le pire laidron du samedi soir sur la Terre, mais aussi en terme militaire la "bâche" roulée et par extension tout le paquetage. Et c'est ainsi que cet hymne de la Légion Etrangère, paradoxale fierté de l'armée française, est devenue un tube planétaire malgré son nom peu glamour.
La légion étrangère sur les Champs Elysées chantant "tiens voilà du boudin"
Notre bonne vieille France avec ses valeurs : la grève, la grogne, le litron...Mais aussi et surtout un élevage de chevaux de course solides, peu commerciaux mais diablement efficaces. Sur un ring de ventes, un fils de Slickly avec une mère par Sèvres Rose ne fait pas un pli. Mais en ce 14 juillet, c'est bien ce Méandre, issue d'une très ancienne souche française jusqu'au bout des sabots, courant pour le nom d'une famille parmi les plus célèbres de l'hexagone, Rothschild, qui s'est imposé dans le Grand Prix de Paris, Gr.1.
Quelques heures plus tard, ce 14 juillet, et pas très loin des Champs Elysées, Méandre fait aussi gloire aux valeurs françaises dans le Grand Prix de Paris à Longchamp.
Lui qui courait pour la 9e fois de sa carrière, Méandre offre son 1e Gr.1 à son père Slickly, étalon parmi les plus réguliers du parc français. Lui-même vainqueur du Grand Prix de Paris alors disputé sur 2000 m, Slickly (Linamix) est aussi le père de Gris de Gris, 2e du Prix d'Ispahan (Gr.1) et depuis installé étalon au Haras de Cercy-la-Tour. Slickly fait la monte à 7.000 € au Haras du Logis. Typique du parc étalon français, c'est un cheval pas hyper fashion mais qui donne des vrais chevaux de courses. Son cas sera plus longuement développé dans la rubrique "étalon de la semaine."
Père de Méandre, Slickly avait gagné le Grand Prix de Paris pour son éleveur français Jean-Luc Lagardère, puis le Prix du Moulin de Longchamp sous la bannière Godolphin.
Plus remarquable est la "Francitude" de Méandre au niveau maternel, qui remonte au début du 20e siècle. Il porte la casaque de la Famille Rothschild, représenté actuellement par le Baron Edouard, qui a hérité directement du cheval né en 2008 de l'élevage de son père, le Baron Guy, décédé à 97 ans en 2007. Né au Haras de Meautry, et élevé toute sa jeunesse en France car sa mère est retournée à Slicky après sa naissance (elle est partie voir Rock of Gibraltar l'année suivante), Méandre est un fils de Penne, une des dernières bonnes juments du Baron, né des oeuvres de l’atypique Sèvres Rose.
La "francitude" de Méandre
Ce dernier, issu de Caerleon et Indian Rose (Prix Vermeille) mais resté inédit, a commencé la monte à Meautry en ne saillissant qu'une jument la 1e saison ! Cela a donné Gris de Fer, 2e du Prix Noailles. Limité à 5 juments pendant longtemps ensuite, il a quand même sorti Viane Rose, gagnante du Prix de la Nonette (Gr.3) et cette fameuse Penne, placée de listed chez Jean-Claude Rouget. Depuis, Sèvres Rose, porteur d'une vrai belle histoire à la française, fait la monte au Haras du Quesnay.
Mère de Méandre, Penne, placée de listed en 2006, a été l'une des dernières bonnes juments du Baron Guy de Rothschild, décédé en 2007.
Le Baron Guy avait acquis l'arrière-grand-mère de Méandre, nommée Cléophis, auprès de Marcel Boussac, homme le plus marquant des courses françaises modernes. Cette Cléophis était une petite-fille de sa crack Appolonia, gagnante du Morny et du Grand Critérium face au mâles à 2 ans, puis lauréate du doublé Poule d'Essai-Diane à 3 ans ! Entre Appolonia (Djebel), petite-fille de la grande Tourzima, née en 1953, et Méandre, née 55 ans plus tard, une telle qualité ne s'était jamais réapparue. Penne était jusqu'alors la meilleure de cette branche descendante d'Appolonia avec l'inusable Legest, vainqueur du Grand Prix d'Agen (Listed).
Frizette est la jument de base à l'origine de Méandre mais aussi Mr Prospector, Seatlle Slew, etc...Une américaine !
La souche maternelle est purement française depuis 1910 et la naissance de Banshee, gagnante de la Poule d'Essai et 3e du Prix de Diane 1913. Mais celle-ci venait en fait des Etats-Unis, puisque née de la légendaire Frizette, championne américaine à l'origine de Mr Prospector, Seattle Slew, Dahlia, etc...Et donc, l’acharnement sur la Francitude a ses limites. Le Baron Edouard, président de France Galop dont les dernières déclarations fracassantes sur l'état financier des professionnels français témoignent d'une prochaine candidature à la réélection, a officiellement immigré en Israël le 2 août 2010.
Autour d'André Fabre, 3 membres de la famille Rothschild, Alexandre, David et Edouard
Actionnaire de référence de Libération, à la tête d'une fortune estimée à 300 millions d'euros par le magazine Challenges, Edouard a l'espoir de pouvoir participer aux prochaines Olympiades de Londres 2012 à 54 ans. "J’espère intégrer l’équipe équestre du pays, n’étant pas assez bon pour participer à des concours internationaux en tant que Français", expliquait-il avec sincérité à l'époque. Il a acquis pour cela un champion, Lamm de Fétan, pour une somme réputée de 6 millions d'euros, mais le cheval s'est accidenté depuis. Bref, Eva Joly peut se rassurer, le passé et l'avenir dépassent toujours les frontières un jour, surtout pour les membres de la Légion Etrangère, souvent eux-mêmes étrangers, sans nom déclaré, et qui partent à travers le monde défendre la gloire française en reprenant en coeur "tiens, voilà du boudin !"
