Nimohe ou la fortune peut se trouver sous le sabot d'un cheval
Nimohe est née le 1er avril 2009. Pré-disposée par conséquent à faire des blagues, l’élève du Haras de Manneville est un des rares produits de sa mère Time Tulip qui n’a couru qu’une fois et qui n’a eu que 4 produits. On retrouve dans son pedigree maternel un gagnant de G.1 en Italie Devil River Peek et Tulipa, une gagnante des Ribblesdale Stakes (Gr.2) en Angleterre et de Prix de Royallieu (Gr.2) à Longchamp.
Nimohé (Christophe Soumillon) lors de sa victoire à Chantilly, précédant le Prix des Jouvenceaux et Jouvecelles (Listed) (PHOTO APRH)
Achetée pour 1.500 € à Deauville
Présentée foal aux ventes de décembre, la fille d’Excellent Art dont c’est la 1e production fait décoller les enchères aux raz des perce-neiges deauvillaises : Pascale Ménard (Haras du Mâ) se fait adjuger la pouliche pour quelques 1?500 euros (pour l’anecdote, elle avait aussi achetée Mambia, lauréate en 2010 du Prix des Jouvenceaux et des Jouvencelles, puis de Gr.3 dans le Prix du Calvados à Deauville). L’objectif ? La préparer pour les breeze-up du printemps 2011. Mais la pouliche ne sera pas retenue par Arqana. Bien décidée à la vendre, Pascale Ménard se tourne vers Jacques Héloury. Ca tombe bien, l’entraîneur de Chazey-sur-Ain pense tout de suite à son propriétaire Patrick-Roger Nicolas, le maréchal qui transforme en or tout ce qu’il touche…ou presque. Ils font affaire et Nimohe est achetée 15 000 euros.
Pascale Ménard avec son achat Mambia, gagnante du Prix du Calvados (Gr.3)
La réussite insolente du maréchal-ferrant
Maréchal-ferrant de son état, Patrick-Roger Nicolas est ce qu’on appelle un propriétaire chanceux. A son "tableau de chasse ", citons Counterbid, réclamé 6.001 euros après une "brillante" 9e place à Lyon et gagnant ensuite plus de 60.000 euros primes comprises. Gryméos a lui été acheté 6.020 euros après une victoire et a remporté depuis plus de 64.000 euros (primes comprises) et ce n’est pas fini, d’après son entraîneur ! Toxéas défend les mêmes couleurs et a été réclamé l’été dernier 14.222 euros avant de gagner 3 courses cette année et de prendre plus de 35.000 euros. C’est déjà magnifique...mais ce n’est pas tout !
Jacques Héloury avec Darwind, après une victoire de quinté à Deauville. Acheté 600 € dans le fond d'un pré, il a dépassé les 165.000 € de gains.
Patrick-Roger Nicolas n’achète pas qu’à réclamer. Visitant un jour un de ses clients, il demande naturellement si le cheval qu’il voit là dans le fond du pré est aussi à traiter. Son interlocuteur lui répond non. Celui-là a couru 7 fois pour autant d’échecs : la seule chose qu’il y a à faire, c’est de le vendre. Notre homme y regarde donc de plus prêt puis demande le prix à payer. L’affaire est conclue pour 600 euros. Le cheval s’appelle Darwind (par Sinndar et Miss Hernando par Hernando). Depuis, Darwind a gagné 6 courses dont 3 consécutives cette année et est pris en valeur 41 après avoir culminé en 43. Son compte en banque ? 165.547 euros...primes comprises. Vous avez dit insolente la réussite ? On devrait peut-être parler de don.
Jacques Héloury is back
Il y a 25 ans, le jockey Jacques Héloury part en Italie pour y exercer sa profession. Les succès sont au rendez-vous au meilleur niveau même avec des victoires de Gr.1. Mais une chute, 6 ans après son arrivée, le coupe en plein élan vers la gloire. Jacques Héloury passe alors dans le rang des entraîneurs du côté de Milan. Mais plus les années passent, plus la gestion ou plutôt la non gestion des courses italiennes devient préoccupante. Le Français décide alors de rester dans la Botte jusqu’au bac de son fils avant de revenir dans l’hexagone. Au même moment, le centre d’entraînement de Chazey-sur-Ain voit le jour. A 40 kms de Lyon, ce centre remplace celui de l'hippodrome de Parilly devenu désuet et trop exigu. C’est d’ici que Jacques Héloury repart de zéro avec 4 ou 5 chevaux. Aujourd’hui, l’écurie compte 27 pensionnaires dont une petite princesse, Nimohe.
Le téléphone a beaucoup sonné depuis jeudi soir. Les propositions pleuvent déjà. Il sera difficile de résister à la logique économique et financière. Mais l’entraîneur aimerait bien la garder. Son propriétaire et sa bonne étoile l’entendront-ils ainsi ?