Lord Prestige anoblit sa famille

11/05/2012 - Actualités
Déjà en première ligne de notre nouvelle rubrique Radio Nostalgie, Lord Prestige est à nouveau au cœur de nos colonnes. Le 5 ans de Christophe Sorignet présente en effet un profil comme on les aime : improbable et magnifique à la fois. A France Sire, on aime aussi camper sur nos certitudes, comme l’importance du père de mère. Sauf que dans le cas présent, l’étalon en question n’a de Prestigieux que son nom. Cela méritait bien une enquête.

Le coup de cœur à 120 € de Christophe Sorignet

Gagner un Steeple-Chase sur la Butte Mortemart, en l'occurrence le Prix de Penthièvre dimanche 6 mai à Auteuil, n’est jamais anodin. Encore plus pour un permis d’entraîner, passionné de chevaux et éleveur de son état. Lord Prestige est le premier cheval entraîné par Christophe Sorignet. Cet ancien garçon de voyage chez Guillaume Macaire baigne dans le milieu hippique depuis des années. Rangé des voitures, il a décidé de se lancer dans l’élevage au cœur de la Charente-Maritime, entre Limoges et Pompadour.
 
Lord Prestige (Benoit Gicquel) sur la rivière des tribunes. (PHOTOS APRH)
 
 
Et pour débuter sa nouvelle aventure, il laisse parler son cœur en sauvant de la boucherie une dénommée Prestige Girl : « Je la connaissais pour l’avoir vue à l’entraînement chez Guillaume Macaire. Je la trouvais bien faite, une jolie jument baie foncée qui voyait rouge et se montrait très nerveuse. Je l’ai acquise pour une bouchée de pain, à peine 120 euros et m’en suis occupé. Il a fallu être très patient, j’ai réussi à la remonter –ce qui n’était pas gagné- et je l’ai loué ici ou là. Elle a fait quelques entraîneurs. Evidemment j’ai décidé de la garder, étant convaincu qu’elle allait donner de bons poulains tellement elle était dure en course. Pas une championne, mais vraiment très dure ! »
 
C’est ce qu’on appelle une conviction. Car ce n’est non plus le papier de la jument qui peut laisser entrevoir quelque espoir de victoire à Auteuil.

 

Lord Prestige remporte le Prix de Penthièvre à Auteuil

 

 
Le pedigree maternel de Prestige Girl : difficile de trouver pire
 
La mère de Lord Prestige est le ’’meilleur’’ produit de Sofaifa qui appartenait à la Marquise de Moratalla. Ses frères et sœurs n’ont jamais gagné et son palmarès riche de trois succès fait office d’exploit. Miss Dianon, la mère de Sofaifa, gagna au niveau handicap à Paris sous la poigne du crack Freddy Head mais ne suscita jamais un enthousiasme débordant. Au haras, elle donna 3 gagnants de 10 courses au total.
 
Côté paternel, c’est encore pire. Prestige Girl est en effet une fille de l’obscur étalon (et on pèse nos mots) Prestigieux. Un nom bien pompeux pour ce compétiteur, tout de même, vainqueur en plat et en obstacle et placé (quatrième) du Critérium de Saint-Cloud 1988. Au haras, le fils de Dom Pasquini fit chou blanc : « A ma connaissance, Prestige Girl doit être sa seule gagnante ! » ironise même Christophe Sorignet. Vérification faite, Prestigieux n’a que seize produits référencés par France Galop, pour 3 gagnants différents, les deux autres étant une dénommée Prestige du Coq et surtout un certain Fanfaron du Coq appartenant au Stud-Book du Trotteur Français, descendant par sa mère de Granit et donc de Roquépine ! Cet élève des époux Girard connût son heure de gloire sur le Cross de Corlay, remportant une et une seule course sous la férule de feu Claude Rouget. Bref, en père de mère, on a connu mieux et rarement moins bien.
 
 
Christophe Sorignet
 
 
 
La croyance de Christophe Sorignet
 
Fort judicieusement, Christophe Sorignet fait donc de son mieux pour améliorer le pedigree en offrant à sa Prestige Girl, des étalons de qualité et commerciaux. Le premier produit, par Kapgarde, est d’ailleurs vendu aux anglais mais le cheval n’a encore jamais couru. Rien n’est définitif, peut-être est-il destiné à faire un cheval de point-to-point à 12 ans. Le second produit est un fils de Martaline, « je fais aussi des paris sur les jeunes étalons car il s’agissait aussi de sa 1e année de monte », précise Christophe Sorignet. Grand Prestige (un nom pas facile à porter) est un digne fils de sa mère et se montre particulièrement émotif. Cela ne l’empêche pas de gagner 2 courses à 3 ans sur les haies à Nancy et Aix-les-Bains avant de tourner vinaigre. Absent des pistes un an et demi, il a retrouvé le moral et le chemin des hippodromes l’automne dernier. Aux commandes, son naisseur qui s’occupe de lui avec le plus grand soin.
 
Puis naquit donc en 2007, Lord Prestige, un autre fils de Kapgarde. Placé au mois de novembre de ses 3 ans à Angers pour l’entraînement Dauvergne, il est le 1e partant de son éleveur permis d’entraîner en mars 2011 à Enghien : sa 2e place est très vite confirmée par un succès un mois plus tard. Et l’histoire s’écrit…
 
Lord Prestige n’est malheureusement pas très bien rentré dimanche de sa course à Auteuil, s’étant notamment déferré des deux postérieurs. Mais son mentor ne s’inquiète pas plus que cela et croit en les bienfaits de vacances bien méritées. Il pourra ensuite reprendre le travail sur « une petite piste en terre, entre les rangs de pommiers et parfois sur l’hippodrome de Pompadour » avec ses frères. Le 3 ans s’appelle King Prestige (par Robin des Champs) : « il va débuter à l’automne, il travaille bien ». La 2 ans s’appelle Queen Prestige (Malinas) : « elle devra prendre le relais de sa mère un jour ». Le yearling répond au nom de Magic Prestige (par Full of Gold), le foal est né ce mercredi (9 mai), il est aussi par Full Of Gold et Kapgarde a de nouveau été réservé pour cette année. A suivre…

 

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