Prix Ferdinand Dufaure : le pedigree d'un trotteur mayennais à Auteuil !

Sous la responsabilité, dans un premier temps, de Patrick Rago, entraîneur particulier (né en 1950, il a fait valoir ses droits à la retraite en décembre 2010) de Fernando Pereira, le fils de Tiger Groom, castré en septembre 2010, est revenu à l’entraînement en juin 2011 chez Thomas Trapenard. Ce dernier l’a fait débuté en octobre suivant dans une épreuve réservée aux inédits, le Prix Emilius à Auteuil. Sur le podium des deux handicaps (labellisés Listed) courus cette année sur les « balais », le Prix Univers II et le Prix Général de Rougemont, Teejay Flying ne débute en steeple que le 22 avril dernier, seulement devancé par la bonne Ulyssia Royale, la fille de Ma Royale, finissant à 3/4 de longueur dans le Prix Philippe Ménager.

 

En selle sur Teejay Flying, Alain de Chitray remporte son 1e Gr.1 et sa 2e course de la réunion après s'être imposé dans le Prix Wild Risk avec Pierrot Bay. (PHOTOS APRH)

 

 

Ce dimanche 20 mai à Auteuil, il s’est imposé de bout en bout en devançant le palois de chez Jacques Ortet, Saint Palois, le leader de sa génération après ses succès dans les trois préparatoires, les Prix Duc D’Anjou, Fleuret et Jean Stern.

Né dans les Côtes d’Armor au domaine du Perrigault à Hemonstoir près de Loudéac, Teejay Flying a été élevé par Cyriaque Oger et Mme Laetitia Oger et à ce jour, après 7 sorties, il ne connaît que la piste de la Butte Mortemart et qu’un seul cavalier de l’après-midi, Alain de Chitray.

 

 

 

 

 

 

 

Alain Lemotheux de Chitray, c’est son nom patronymique, est le fils d’Arnaud et le frère cadet d’Edouard, un tout nouvel entraîneur de l’Ouest après avoir été stagiaire à Maisons-Laffitte chez Guy Chérel. La fratrie compte 5 enfants dont deux filles.

 

Arnaud, le père donc, est plus connu du côté de Vincennes qu’à Longchamp ou même d’Auteuil. En effet, toute la Mayenne y compris ses environs, a soutenu et encouragé les naisseurs de Dryade des Bois qui, un certain 26 janvier 1998, s’est adjugée le Prix d’Amérique, drivée par Joss Verbeck pour Jean-Baptiste Bossuet.

 

 

 

 

Arnaud, issu de Chatelain un petit village de 500 habitants dans l’arrondissement de Château-Gontier (un coin de France dont sont issus certaines de nos plus fines cravaches) et du canton de Bierné (où élève Patrick Boiteau), est donc le co-éleveur de la gagnante du Prix d’Amérique avec Monsieur Loïc Guillier et Madame, née Godeleine du Reau, la marraine de baptême d’Alain de Chitray.

 

 

Mais revenons à ce qui nous préoccupe, c'est-à-dire la carrière d’un petit gars de l’Ouest, prénommé Alain, né en août 1989 à Château-Gontier, comme certaines autres fines cravaches. Il venait d’avoir 16 ans et il était beau comme un enfant, fort comme un homme, c’était l’été évidemment aurait presque chanté Dalida. Il débute comme gentleman-rider le 21 août 2005 à Cluny sur le dos d’une pouliche australienne de Jean-Pierre Dubois (le trotteur), La Sioule, qui n’a pas particulièrement brillé sur la piste mais qui est la mère de Lone Cat, 3e Prix du Bois (Gr.3) et du Prix La Flèche (Listed).

 

Alain de Chitray poursuit ses études bon-an, mal-an puis tourne le dos à l’amateurisme et demande sa licence d’apprenti, pas trop loin du cocon familial, chez Henri-Alex Pantall. Pour des problèmes liés à la profession, il monte pour la dernière fois en plat, en région parisienne, le 17 septembre 2007 à Chantilly pour un entraîneur mansonnien, Jehan Bertran de Balanda chez qui il sera salarié pendant 10 mois environ et pour qui il effectuera son premier parcours sur « les balais » d’Enghien. Le petit Alain débarque ensuite chez Thomas Trapenard, de retour sur la scène hippique, pour qui il ouvrira son palmarès le 5 décembre 2008 avec Match d’Ouilly à Auteuil. Il faudra patienter jusqu’au 22 avril 2009 pour le voir franchir une seconde fois le poteau en vainqueur, toujours à Auteuil avec Suite de Sivola. Puis tout s’enchaîne très vite et l’année 2010 est l’année de la réussite puisque les professionnels commencent à lui faire confiance. Révélation de l’année, il totalise 29 victoires (y compris celles sur le cross) et termine dans le top 10 des jockeys d’obstacles.

 

 

 

 

Courtisé, il quitte l’écurie Trapenard pour rentrer au service de Carlos Lerner chez qui il restera environ 12 mois.

Encore jeune-jockey à décharge, c’est avec le pensionnaire de Mlle Marie-Laetitia Mortier, Diamant de Beaufai qu’il signe sa première victoire dans un évènement lors du Prix Marc Antony, le 14 novembre 2010. Ce dernier devance Parigny (Tagula), le frère de Le Jonchet (Northern Crystal) et d’Argovie (Alberto Giacometti), tous élevés par l’Ecurie Maulepaire.

Pour l’anecdote, Argovie appartient à Emmanuel du Réau, le frère de la marraine d’Alain de Chitray. Elle est entraînée par leur cousin, Antoine de Watrigant. Le monde est petit et voilà, donc, pour le petit intermède généalogique

 

Le 1e mars 2011 à Enghien, le petit mayennais passe professionnel en décrochant une 35e victoire dans le Prix Oiseleur avec Turfina d’Oudairie, une pensionnaire de Jehan Bertran de Balanda. Le même jour, il doit se contenter de la seconde place dans le Prix Beugnot (Listed) avec Diamant de Beaufai. Ce dernier prendra la 3e place, en novembre, du Prix Léon Olry-Roederer de La Segnora et Roi du Val. Pour l’anecdote, il faut se souvenir que Mlle Mortier a été le tout premier entraîneur de Mid Dancer.

 

Dimanche, il ne se contente pas de sa victoire dans le Prix Ferdinand Dufaure, puisqu’il remporte également le Prix Wild Risk (qui était prévu course évènement au cas où !) avec Pierrot Bay (Martaline), un pensionnaire de son « patron »..

Alain ne compte que 8 victoires cette année à cause de pépins physiques. Après la fermeture d’Auteuil début décembre, il profite de l’hiver pour se faire opérer des ligaments du genou, ce qui l’oblige à faire l’impasse sur les meetings de Cagnes et de Pau. Il ne se remet en selle qu’à la réouverture de la saison parisienne. Dès le lendemain, à Enghien, il ouvre son palmarès 2012.

 

Agé seulement de 22 ans, l’avenir lui appartient et souhaitons qu’il n’en restera pas là. Il est en passe de faire une grande carrière, j’en suis persuadé. Je me permets donc de m’associer à tous ses supporters de l’Ouest et Mayennais en particulier.

 

Xavier Bougon