Mark Johnston : un anglais qui a du goût

01/08/2012 - Actualités
2012, année olympique 
 
Alors que les champions croisent le fer à Londres et dans ses environs, Mark Johnston a lui choisi la France pour décrocher des médailles : lauréat des Rêves d’Or à Vichy puis 2ème du Prix de Cabourg avec Bailey Jubilee, vainqueur du Prix Six Perfections avec Discernable à Deauville samedi dernier, l’entraîneur de Middleham a débuté son été frenchy à cent à l’heure. Et ce n’est certainement pas fini, tant il apprécie notre pays : pas seulement pour sa qualité de vie, ses bons plats et ses crus bourgeois, mais aussi et surtout pour son programme aux allocations si alléchantes et pour nos terrains. « Les pistes sont meilleures ici qu’en Angleterre. Nous reviendrons l’an prochain, » s’est-il plu à préciser à Vichy. Nul doute que le programme de France Galop figure donc en bonne place sur son bureau et sur sa table de petit-déjeuner où il aime passer beaucoup de temps le matin pour y déguster son breakfast et y éplucher les engagements.
 
 
 
Discernable
 
 
Une des bases arrière des frères Maktoum
 
Installé sur le site historique de Middleham dans le North-Yorkshire aux portes de l’Ecosse dans le Nord de l’Angleterre, là où était entraîné le légendaire Dante qui a donné son nom à une des préparatoire au Derby d’Epsom les plus prisées, Mark Johnston gère la carrière de quelques 220 pur-sang à qui on déroule le tapis rouge : pistes rondes,  en gazon, PSF, lignes droites, en sable, piscine, paddock, maréchal-ferrant maison, deux vétérinaires in-situ, une alimentation conçue et voulue par le maître des lieux et développé spécialement par une grande marque d’aliments… rien, vraiment rien n’est laissé au hasard. Une cantine dédiée spécialement aux personnels de l’écurie sert tous les matins et tous les midis des repas à la chaîne. 100 personnes composent cette entreprise aux ambitions toujours plus élevée. Rien que de se maintenir est d’ailleurs déjà un exploit .Mark Johnston est en effet devenu le 1er entraîneur de l’histoire à gagner plus de 100 courses dix années consécutivement et l’objectif est simple chaque année : faire au moins aussi bien .
 
 
Middleham
 
 
 
 
 
Le porte-feuille de propriétaires  ne manque pas d’épaisseur et la famille Maktoum fait confiance depuis des années à Mark Johnston. Son but : rechercher la perle rare aux ventes et tenter d’exploiter au mieux certains compétiteurs dont les entraîneurs « prioritaires » (Saed Bin Suroor, Mahmood Al Zarooni et André Fabre) n’ont pas voulu. Un rôle ingrat ? « Not at all », vous répondra instinctivement notre interlocuteur. Au contraire, l’homme de caractère aime les défis et les challenges. Meilleure preuve du savoir-faire du monsieur : Monterosso, vainqueur de la Dubai World Cup 2012 et qui débuta sa carrière sous sa férule, apprenant son métier sur les pistes de Wolverhampton, Lingfield ou encore Ripon avant de remporter la course la plus richement dotée au monde quelques mois plus tard et pour l’entraînement de…Mahmood Al Zarooni. Avant cela, il avait connu pareille (més)aventure avec Shamardal qu’il avait eu le droit de mener au succès dans les Dewhurst Stakes (Groupe I pour 2 ans) avant de passer le témoin à Bin Suroor. Aussi difficiles soient-elles, les règles sont les règles et Johnston accepte. D’autant plus facilement qu’il prouve en parallèle, pour d’autres propriétaires, qu’il est bien capable de gagner des grandes courses : Attraction (10 victoires dont 5 Groupes I à 3 et 4 ans) et Jukebox Jury (Grand Prix de Deauville et Irish St Leger) en sont les meilleurs témoins.
 
 
 
La victoire de Monterosso dans la Dubai World Cup 2012
 
 
Une forte tĂŞte
 
Ce qu’il y a de bien aussi avec Mark Johnston, c’est qu’on s’ennuie rarement. Super-actif sans être pour autant du genre « homme  pressé », le Gallois d’origine, vétérinaire de formation, a toujours un avis sur tout. Et particulièrement sur les courses et sur les chevaux. Ses prises de position (dans le Sporting Life, le Racing Post et aujourd’hui dans son propre magazine édité en interne) ont contribué à la construction de sa « légende ». Pour l’anecdote, il y a cinq ans, il n’a plus supporté l’idée de voir des moutons paître au beau milieu du moor d’entraînement de Middleham, craignant pour ses pur-sang. Bien décidé à faire savoir son avis sur la question, il demanda à ce qu’on vire les bêtes, délicieuses si et seulement si elles sont accompagnées d’une sauce menthe… Que nenni ! On a beau s’appeler Mark Johnston, on n’ordonne pas le changement de règles séculaires ! Les moutons resteront ! Qu’à cela ne tienne,  Mark Johnston décida donc de ne plus payer ses gazons pour accéder au moor, qu’il déserta en même temps qu’il fit construire ses propres pistes d’entraînement. Sans la manne financière que représentait l’entraînement de ces 200 coursiers, le site a aujourd’hui bien du mal à joindre les deux bouts. Fallait pas le chercher…
 
 
 
Mark Johnston
 
 
 
Autre exemple, l’association « Horsemen’s Group » dont Mark Johnston est l’un des membres les plus actifs. Outre l’amélioration des échanges entre les autorités et les associations de socio-professionnels, ce « club » a pris le rôle d’alerter sur le danger de faillite encouru par les courses anglaises. Pour la faire courte, il suggère, voire invite (voir ordonne ?) à ses membres de boycotter les courses dont les allocations ne dépassent pas 3500 livres. Car oui, au pays du sport des rois, cela existe ! 3500 est le niveau-bas pour les plus petites courses puis chaque palier de compétition a ensuite son seuil de tolérance. De telles revendications ont ainsi sensibilisé l’opinion publique sur le taux de retour nécessaire aux acteurs afin d’assurer à terme le spectacle. Dans le viseur : les bookmakers et tout le système de financement des courses en Grande-Bretagne.
Car, si Mark Johnston aime aussi la France, c’est qu’en quatre partants cette saison, il a décroché 71 000 euros de gains, primes comprises, soit un peu plus qu’il n’a gagné avec ses 2 ans en 2012, titulaires de 14 victoires pour 95 partants !! Pas fou le british…
 

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