Billet : La balle au bond

14/10/2012 - Actualités
Le handball et ses paris suspects. Le cyclisme et la révélation du plus grand scandale de dopage organisé. Le film Les Seigneurs et le PMU. Quand on y regarde de plus près, les événements et déclarations tous azimuts de ces dernières semaines ne manquent pas de sel quand on s’amuse à les mettre sur un même plan.
1 . Le handball vit une période noire. Non pas à cause de résultats de l’équipe nationale catastrophiques. Non ça c’est le foot. Le handball, lui, peut s’enorgueillir d’afficher le plus beau palmarès de tous les temps du sport collectif bleu blanc rouge. Non pas à cause d’une sombre histoire de plateau TV détruit manu-militari par des costauds-barjots-experts bien éméchés. On les excuse, sachant bien que l’ivresse de la victoire mêlée à celle de la bière et du champagne peut parfois mener à des excès. Non, le handball vit une période noire car quelques-uns de ses joueurs emblématiques ont quitté un gymnase encadrés de policier et été mis en examen dans la foulée pour escroquerie, suspectés d’avoir participé à l’élaboration d’un match truqué. Des sommes colossales jouées CONTRE l’équipe championne de France face à une équipe de seconde zone, ça parait louche. Bien sûr. Surtout quand le début de l’enquête fait apparaître qu’une bonne partie des sommes jouées l’ont été par les compagnes ou femmes de joueurs. Bref, ça sent pas bon pour les acteurs de cette affaire, qui, rappelons-le tout de même est en cours d’instruction (France Sire ne recule devant rien mais n’a pas les moyens de se payer un procès non plus…).
 
2. Cette semaine, tous les médias ont relayé les conclusions du rapport de la commission anti-dopage américaine, mettant en lumière ce que les journalistes de L’Equipe et du journal Le Monde dénoncent depuis des années : Lance Armstrong était dopé. Dans le genre révélation, on a fait plus spectaculaire… Ce qu’il l’est plus, c’est le nombre de pages dudit rapport (1000), visant à démontrer par sa propre taille, l’ampleur du trafic, la dimension internationale de l’organisation et la multitude de preuves accablantes démontrant que Lance Armstrong et toute son équipe ne marchaient pas à l’eau claire quand l’Américain avait fait main basse sur le Tour de France à sept reprises ! Le cyclisme n’avait pas besoin de cela pour avoir du plomb dans l’aile de la crédibilité étique. Cela dit, ce sport survit aux affaires répétées depuis des décennies. Comme si le public avait finalement admis qu’en effet, le dopage fait partie intégrante de ce sport.
Quel rapport avec nos activités hippiques, allez-vous nous dire ! C’est là qu’intervient le point 3.
 
3. Le PMU a fait état cette semaine de sa bonne santé. Les paris hippiques font acte de résistance (+0,8 % en 2012) « dans un contexte économique général dégradé » à en croire le communiqué officiel diffusé. Mais d’un point de vue global, la marque se porte plutôt bien. Grâce à quoi ? Aux paris sportifs ! Extrait : « Bénéficiant du Tour de France et des Jeux Olympiques et, dans le prolongement du premier semestre, les paris sportifs bondissent de +63,1%. Le PMU renforce ainsi sa part de marché sur ce segment et conforte sa position de numéro 2 sur le pari sportif. » Oui, vous avez bien lu. Le PMU s’en sort grâce au Tour de France, sans Armstrong certes mais au Tour de France quand même et aux Jeux Olympiques avec notamment la médaille d’or de l’équipe de France de handball. Et notons au passage qu’il est le numéro 2 derrière le leader, la Française des Jeux (qu’il est bon d’appeler aujourd’hui la FDJ), celle-là même qui a enregistré les paris étrangement élevés (plus de 4 000 euros) sur le résultat du match de handball de Montpellier.
Franchement, il n’y a pas un truc qui cloche ? Ou qui interpelle au minimum ? A la lecture des chiffres communiqués par le PMU, voir ci-dessous, il n’est pas déraisonnable d’affirmer : si le PMU parvient à maintenir le cap qui lui a été fixé, c’est-à-dire soutenir le chiffre d’affaires de façon assez élevée pour permettre aux Sociétés organisatrices un retour suffisant (produit brut) à l’augmentation des allocations et au maintien des structures actuelles, c’est grâce aux paris sportifs (et au poker) ! Or, les paris sportifs sont peut-être à la veille d’une grande descente aux enfers avec le genre d’affaires décrites plus tôt. Les parieurs vont-ils continuer à engager des sommes sur des matches dont l’authenticité peut susciter le doute ? En une phrase, le levier de croissance actionné par le PMU, n’est-il pas trop glissant et risqué ? Peut-être…ou pas…
 
4. Pour se distraire et oublier cette actualité, rien de tel qu’une bonne séance de cinéma avec une bonne comédie réunissant quelques des acteurs les plus bankables du moment : « Les Seigneurs » avec José Garcia, Gad Elmaleh, Omar Sy, Joeystar, etc… Pour peu qu’on aille au ciné avec une once de positivité, on peut franchement rire devant cette succession de scénettes reliées les unes aux autres par un leitmotiv politico-économico-social : sauver une usine de conserves de sardines en Bretagne grâce au club de football local. Quel rapport avec les faits précédemment exposés ? Eh bien, les affaires nous poursuivent. Car, outre le fait que le PMU est extrêmement présent sur les maillots de foot à l’image (fort de son sponsoring avec la Coupe de France), l’histoire du film se finit bien car le Président du club, incarné par Jean-Pierre Marielle) sauve ladite usine en ayant parié toutes ses économies et celles de la ville (car il est aussi le maire) CONTRE son équipe sur… www.pmu.fr. Et celle-ci ayant perdu contre Marseille, c’est le jackpot ! Malin comme promotion…dommage que l’histoire du hand soit sortie entre temps…
 
Enfin, impossible de résister à publier un extrait de l’édito (savoureux à souhait) des pages Sport du Monde daté de ce samedi. Patricia Mazuy, réalisatrice, y commente l’actualité en la comparant à une base parfaite pour un scénario de film dont le titre serait « Le grand pari » ; voici comment elle conclut : « Avec les handballeurs, quel film raconter ? Le seul point de vue narratif valable serait celui des médias, qui semblent diriger l’enquête à la place des juges. Tout aurait commencé, en fait, sur une histoire de respect, quand les médaillés d’or des JO ont cassé le plateau de L’Equipe TV. Le rédac’ chef, un Francis Blanche de la télé, aurait alors décidé de se venger. Ce serait lui le grand ordonnateur du lynchage médiatique, l’organisateur secret de la grande affaire. Il aurait charmé les épouses des joueurs pour qu’elles parient afin que leurs maris se retrouvent au trou avant de s’évader dans une grande cavale sous l’œil des caméras de journalistes pour disputer le match contre le club racheté par les Qataris, lesquels pourraient être le fausse pistes des grands coupables de l’affaire.
La machination centrale du film : sauver un journal en train de couler malgré les pages de pub des sociétés de paris en ligne en faisant tomber de leur piedestal les joueurs dont la caractéristique est pourtant qu’ils sont justes dans leur époque, celle de l’argent. Ca finirait mal, sauf pour ceux parmi les joueurs échappés qui auraient réussi à sauver leur couple en cavale du tir à vue médiatique. Pour les autres, soit la mort romantique avec femme de joueur qui se balance sous le tram de Montpellier (horrrible), soit la fin en prison où le sport, lavé de tout soupçon, servirait à des fins pédagogiques. Mocky, qui est un as de la provoc’, aurait convaincu une boîte de paris sportifs de financer ‘’Le grand pari ‘’ » Deux remarques : Patricia Mazuy n’a pas encore vu ‘’Les Seigneurs’’ ou alors elle le cache bien. Et comme on dit au cinéma : toute ressemblance avec une personne ayant réellement existé et purement fortuite…
 
Les chiffres
 
Activité du PMU au 3e trimestre 2012 :
· Enjeux globaux en hausse de +1% à 2,48 milliards d’euros
· Enjeux hippiques en léger repli à 2,32 milliards d’euros soit -1,1%
· Forte hausses des activités paris sportifs à +63,1% et poker à +39,8%
Activité du PMU au 30 septembre 2012 :             
· Enjeux globaux en hausse de +2,9% à 7,78 milliards d’euros
· Enjeux hippiques en hausse de +0,8% à 7,28 milliards d’euros
· Produit brut des jeux global en hausse de +1,6% à 1,87 milliard d’euros
 

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