Dettori / Godolphin : Mieux vaut un bon arrangement qu'un mauvais divorce

23/10/2012 - Actualités
C’est la fin d’une idylle mais surtout d’une association qui aura marqué l’histoire des courses modernes. Godolphin et Dettori ne sont plus associés l’un à l’autre. Comme si Boule pouvait faire sans Bill, Roméo sans Juliette, France sans Sire.

Ils s’aimaient pourtant


Ils s’aimaient et la traversée aura duré plus d’une année, dix-huit exactement, l’âge de la majorité chez nous en France comme chez nos voisins anglais (et oui il arrive que nous ayons des points communs). L’Angleterre, là où le couple Maktoum-Dettori aura connu ses plus belles heures, décrochant au total neuf victoires classiques communes : de Balanchine en 1999 à Blue Bunting en 2011. L’Angleterre qui a rapidement adopté celui qui, jeune, répondait au nom de Lanfranco quand il évoluait encore dans sa péninsule natale avant de devenir Frankie, Frankie le magnifique. Le pilote du chef d’œuvre signé Maktoum : l’inoubliable Dubai Millenium vainqueur de la Dubai World Cup 2000, à domicile, chez celui qui « fut un formidable boss » dixit l’Italien, le Cheikh Mohamed Al Maktoum. Entre eux ce fut le coup de foudre. Le grand manitou dubaïote a été le premier à croire en les capacités du jeune jockey de moins de 30 ans. A tel point qu’il le considéra assez fort pour devenir le pilier incontournable dans la construction d’un empire d’élevage, dans sa conquête du galop mondial, dans sa volonté de laisser une empreinte indélébile à l’histoire des courses. Godolphin sans Dettori n’est pas vraiment Godolphin. Dettori sans Godolphin n’est pas vraiment Dettori. Alors jusque dans leur séparation, tout a été fait en accord mutuel. A en lire les déclarations officielles, Frankie veut se lancer de « nouveaux challenges » quand l’écurie de Dubai dit qu’ « il était devenu impossible de le retenir. »

 

Frankie Dettori lors de son légendaire saut de l'ange avec Dabirsim lors du Prix Jean-Luc Lagardère 2011, sous une autre casaque que la bannière bleue que Godolphin. Une image amenée à se répéter désormais. (PHOTOS APRH)


Ca ne pouvait plus durer


Il faut dire que la position inconfortable supportée depuis plusieurs mois par le crack n’avait rien d’un traitement de faveur. Avec l’arrivée de Mickaël Barzalona en qualité de jockey-maison et l’essor de Mahmud Al Zarooni (avec qui le courant ne passait pas du tout), en remplaçant de luxe de son ami historique Saeed Bin Suroor, Dettori a encaissé sans trop rien dire, en tout cas publiquement, mais a vu la flamme s’amenuiser lentement mais sûrement. Il avait beau s’accrocher à ses glorieux souvenirs, comme son « magnificent seven d’Ascot » concrétisé grâce à quatre Godolphin, comme ses 110 victoires de Groupe I à travers le monde entier ou encore comme ses deux victoires dans l’Arc paré de bleu, Dettori avait le vague à l’âme.


Passage dans le(s) clan(s) d’en face


S’il s’était permis quelques écarts au fil des années, sa dernière sortie de route a d’évidence scellé le sort de l’histoire : associé aux ennemis jurés de Coolmore dans l’Arc 2012 avec Camelot, le chevalier Dettori a signé son bon de sortie tout seul.


Il est à présent libre de ses gestes et le vœu pieu émis par Bin Suroor (« la seule différence l’an prochain, c’est qu’il ne sera plus le jockey maison mais on pourra faire appel à lui en qualité de jockey free-lance ») semble bien illusoire. Dettori, 42 ans en décembre prochain, est annoncé chez les Qatari de Pearl Bloodstock et Qatar Racing. Une information officiel en fin de semaine. Pour le moment, le temps est à l’apaisement et aux bons sentiments : « Je serai toujours reconnaissant en Cheick Mohamed Al Maktoum pour tout ce qu’il a fait pour moi et ma famille. » Son avenir pourrait tout de même s’écrire dans la maison d’en-face.

 

Voir en tableau toutes les victoires de Gr. 1 de l'ancien couple Dettori-Godolphin en cliquant ici.

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