Assemblée AQPS : France Galop est arrivé au bout de son modèle

03/12/2012 - Actualités
De longue date, on n'avait pas vu une assemblée aussi instructive. Ainsi, la 90e Assemblée annuelle de l'Association Nationale des AQPS a été l'occasion d'entrer clairement dans le vif de sujets cruciaux pour l'avenir des courses en général en France, et pas seulement des "AQ". France Galop a parlé franc. " Changer de modèle économique, baisser les frais de fonctionnement, etc..." Ce qui s'était appelé un temps dégraisser le mammouth. Recueil des morceaux choisis.

Antoine-Audouin Maggiar : Les finances de l'Association, tout change (en mieux !)

Trésorier de l'Association et propriétaire, l'avocat d'affaires international Antoine-Audoin Maggiar a fait l'exposé d'un changement profond du à la nouvelle cotisation de 50 € à la naissance de tous les éléveurs, autant pour les membres de l'Association que les non membres, cela apporte une manne dite "stud-book" de 46.000 €. Celle-ci permet d'ajouter 7000 € en communication, de faire passer les frais de fonctionnement 11 à 14.000 € (dont l'achat d'un ordinateur...) et finalement d'avoir un budjet prévisionnel positif de 10.000 €, à l'image de ce qu'il avait été en 2010. " La moitié de cette ligne de 46.000 € est redistribuée directement de façon équitable aux 2 associations régionales de l'ouest et du Centre Est. Nous continuons au niveau national à financer l'établissement des pédigrées pour les concours de Decize et du Lion d'Angers, et désormais nous versons une prime de 30 € aux participants pour leur déplacement, au nombre de 80 au Lion et 110 à Decize. Cette prime a été d'ailleurs très appréciée. Nous participons aussi au Salon des Etalons du Lion d'Angers, qui est une grande réussite." Toujours plein d'humour, Antoine-Audouin Maggiar a précisé au milieu de son exposé : " Je sais bien que vous vous foutez de cette partie financière, mais ca compte quand même ! "

 

Antoine-Audouin Maggiar



Hervé d'Armaillé  : " financer un nouvel achat d'étalon avec France Haras à hauteur de 30% "


Le président dans son discours (court!) a livré de nombreuses informations pratiques...donc pratiques !

Catalogues : " A la demande des courtiers qui se déplacent et afin de clairifier les choses, il devra désormais être indiqué "A Vendre" ou non sur les pages de catalogues pour les produits qui participent aux concours de Decize et du Lion."

Etalons : " France Haras a prévu un dernier achat d'étalon. Afin de démontrer à l'Etat notre volonté de travail en partenariat, l'Association participera à hauteur de 30% au financement."

TV : " Une chronique de l'Elevage sera consacrée aux AQPS sur Equidia au mois de décembre."

Membres : " 33 nouveaux membres sont venus rejoindre notre association en 2012, dont un tiers de femmes, un danois et un écossais. Deux membres sont cooptés au conseil d'administration, Nelly de la Guillonnière et Guillaume Thomas, venant tous deux de l'ouest. Ils remplacent Nicolas Devilder et Michel de Gigou."

Elections : " Rappelons que 7 membres de l'Association des AQPS font partie du Conseil d'Administration de France Galop, c'est à dire au plus haut niveau des décisions. Il est essentiel pour nous d'être bien représenté dans ce conseil."

 

Hervé d'Armaillé


Eric Hoyeau : comment pourrait-on distinguer les courses classiques AQPS de plat dans les catalogues.

Hervé d'Armaillé a également évoqué le problème du manque de visibilité des 15 épreuves classiques AQPS de plat dans les catalogues de ventes, puisqu'elle ne sont pas distinguées comme des courses "black type" ni en gras ni en italique. C'est à dire qu'un gagnant de Prix de Craon à Longchamp apparaît avec sa performance comme n'importe quel vainqueur d'une épreuve lambda. Présent à l'Assemblée, Eric Hoyeau, le patron d'Arqana, était très placé pour répondre et émettre une suggestion pertinente.

" L'établissement des pages de catalogues d'Arqana répond comme toutes les principales ventes dans le monde aux règles de l'International Cataloging Standard, et il ne faut pas y déroger si on veut conserver sa clarté et sa crédibilité pour tous les acheteurs internationaux. Le problème des courses classiques AQPS en plat est qu'elles sont réservés, tout comme certaines épreuves de pur-sang fermés aux étrangers comme au Japon qui ne peuuvent avoir qu'une qualification locale. Mais une piste peut être creusée en regardant ce qui se fait Outre-Manche, car là-bas, les plus gros bumpers, courses plates pour futurs sauteurs, sont associées et affiliées aux courses d'obstacles, et peuvent donc bénéficier d'une écriture en italique."

 

Patron d'Arqana, mais toujours homme de terrain proche des valeurs d'un monde AQPS où il a grandit en Anjou, Eric Hoyeau a émis une suggestion judicieuse pour la distinction des courses classiques AQPS de plat dans les catalogues.

 


Jean d'Indy : " Baisser les frais de fonctionnement de France Galop "

Vice-président de France Galop pour l'obstacle, Jean d'Indy a livré des faits objectifs essentiels pour l'avenir des courses en France, qui n'est pas que rose...

" Les derniers conseils se sont déroulés dans une ambiance assez morose. Bertrand Bélinguier et Hubert Monzat ne cachent rien du climat difficile. La TVA va ainsi passer à 19,6% en janvier 2012, et donc bientôt à 20% comme le prévoit le gouvernement de façon généralisée. Or, 80% des propriétaires ne sont pas assujetis à TVA. Nous avons pensé à la création d'un système d'assujetissemet à la TVA avec une procédure simplifiée, mais on se rend compte que les propriétaires dans leur majorité n'ont pas envie de faire de comptabilité, même simple, avec leurs chevaux de course puisque cela rentre dans le budget loisir. D'autre part, ils n'ont pas envie à travers cela d'attirer l'attention du contrôleur des impôts..."

" Concernant les jeux, la taxe affectée de 8% que devaient reverser à l'institution des nouveaux organisateurs de jeux pose toujours problème car Bruxelles bloque cette taxe. On se dirige vers une négociation à un taux de 5% à 6%. Pour l'instant, l'Etat compensait la globalité de ce manque grâce à un régime fiscal particulier. France Galop a demandé au Ministre du Budget de compenser dans le futur le différentiel, qui serait donc de 2 à 3%, mais cela n'est pas du tout sûr d'être accepté. Voilà pourquoi l'augmentation des allocations a été limitée à 1%."

"Les propriétaires et les éleveurs ne doivent pas être les seuls à subir les effets de la crise. Par conséquent, France Galop doit faire baisser ses frais de fonctionnement. Nous allons réviser nos investissements et demander un effort de gestion des circuits de financement de la province."

" On s'est laissé allé à la facilité pendant la période de croissance. Aujourd'hui nous sommes arrivés au bout du modèle de la multiplication de l'offre. Aujourd'hui, il nous faut construire un nouveau modèle économique. Pour relancer la croissance, nous devons nous lancer vraiment à la conquête des marchés à l'étranger."

 

Jean d'Indy



Où va passer le 1% d'augmentation des allocations ?

La nouvelle enveloppe de 672.000 sera ainsi répartie en ce qui concerne l'obstacle :

- Création de 2 nouvelles réunions premium à Fontainebleau et Compiègne
- Valorisation des petites courses sur les hippodromes de catégories 3, 2B et 2A
- Augmentation des steeple de petites et moyennes catégories à Auteuil
- Effort sur le circuit des femelles, avec par exempole la promotion du Prix Sytaj de Listed à Gr.3
- Valorisation d'un ou deux grands steeple de province.
- Remodelage du championnat de France de cross pour le rendre plus visible, et ajout de 4 nouvelles épreuves (Lignières, Le Pertre, Moulins, Strasbourg)

François Boulard (direction des programmes) : nouvelles données techniques (complément du paragraphe précédent)


- Création de 6 nouvelles réunions à Lyon-la-Soie et Pornichet (3 chacunes)
- Nouvelle réunion le 13 juin 2013 à Craon, hippodrome jusqu'à présent sous-utilisé, qui devra comporter des courses d'AQPS.
- Ajout de courses plates d'AQPS en décembre 2013 à Pornichet
- AQPS CUP : perspective de la création tout AQPS en 2014 (NDLR : c'est le projet de l'AQPS Cup, réunion de grandes courses de plat et d'obstacle tournant entre le Centre et l'Ouest.). Pour cela, une enveloppe de 10.000 € est déjà provisionnée en 2013.

 

François Boulard



Genevière de Sainte-Marie (France Haras) : le placement des étalons sera confié à l'Association Nationale des AQPS


Le très épineux dossier des Haras Nationaux qui préoccupe tant les AQPS depuis des années cherche son épilogue tandis que les éleveurs eux-mêmes ont pour la plupart fait leur deuil d'une longue histoire. Les stations disparaissent ou sont reprises sous des formes diverses. Reste le parc étalon de 22 éléments (avec un 23e prévu venant d'achat!) dont le fer de lance est Network, basé au Haras de Cercy.

" Des 80 centres en 2011, nous sommes passés à 39 en 2012 et il en restera au maximum 7 en 2013. Le transfert sera totalement terminé en 2014."

" Pour les étalons, 2012 a été une année de réflexion sur la façon de réussir le transfert du pool d'étalons. Il a été décidé de ne pas tout changé au système actuel qui fonctionne plutôt bien, et de réinvestir dans la génétique d'un jeune cheval. Notre idée est la création d'un opérateur unique et multirace, composé de 7 à 10 personnes, qui sera chargée de toute la gestion administrative des étalons de galop, de trot, de sport et des arabes d'endurance. Le  Conseil d'Administration de France Haras sera réuni le 6 décembre pour statuer sur sa succession. L'objectif est que l'opérateur puisse être crée le 1e janvier 2014. Mais le choix du placement des chevaux sera confié à l'Association Nationale des AQPS."

La gestion administrative d'un tel parc n'est simple, mais ses orientations stratégiques sont encore plus difficiles à organiser, en l'absence du "grand juge" étatique dont l'autorité contraint les éleveurs, car il s'agit d'éviter les guerres internes entre les responsables de région qui voudraient avoir les meilleurs étalons chez eux. Mais de toute façon, à part ça, il n'y a guère qu'une autre solution, très radicale : la vente généralisée de tous les étalons pur-sang aux Bréviaires. Ce ferait quand même un choc...

 

Geneviève de Sainte-Marie



Philippe Jeanneret (Vice Président du Conseil Economique et Social de France Galop)


Bien qu'arrivée en dernière position chronologiquement, et réalisée par un éleveur de pur-sang du Calvados, la toute 1e intervention de Philippe Jeanneret a été très remarquée. Très fourni et riche de chiffres qui seront développés dans un prochain article, ce dernier a été très clair. Pour résumer..." France Galop distribue 260 millions d'euros d'allocations mais pour cela dépense 130 millions en frais de fonctionnement. On ne peut pas continuer à avoir un modèle économique aussi coûteux, d'autant plus qu'il y a des investissements à faire, par exemple dans le fond étalon. Ce dernier, partie intégrante des nouvelles règles pour l'aide à l'élevage français, consiste en un appui à hauteur de 20% à 30% de la trésorie pour l'achat de grands étalons pour le parc français. Nous comptons 21 millions d'euros sur 5 ans, à répartir 1/3 pour l'obstacle et 2/3 pour le plat.

Donc il va falloir opérer une baisse de régime pour tous les acteurs, et tout le monde doit bien le comprendre y compris les syndicats du GTHP.

Nous subissons 6 millions d'euros de déficit annuel sur la gestion de 3 centres d'entrainement de Chantilly, Maisons-Laffitte et Deauville. Cela ne pourra pas durer
" Jean d'Indy a d'ailleurs ajouté que France Galop allait réduire le périmètre de ses services, par exemple fermer des pistes dans ses centres d'entrainement.

" La situation des entraineurs est très préoccupante. Nous avons fait une vaste étude à ce sujet. Ils n'améliorent aucunement leur rentabilité au-delà de 60 chevaux. Et pour eux, l'augmentation de la TVA ne va pas faire qu'augmenter leurs factures aux propriétaires. Il faut savoir qu'ils percoivent leur 14% (dont 4% redistribués au personnel) en TTC, et qu'ils reversent de la TVA sur ce montant. A 5 ou 6%, ça passe, mais à 20%, cela fait une perte considérable du revenu..."

 

Philippe Jeanneret

 

Un tel discours fait immédiatement penser à la citation qui a rendu célèbre un de nos nombreux amis socialistes tout en ruinant sa carrière puisqu'il disait vrai, Claude Allègre, ministre de l'Education Nationale : " Il va falloir dégraisser le mammouth !" Cela avait provoqué une révolution en France. Etrangement, chez les acteurs administrés par France Galop partout en France, ce serait plutôt l'inverse.

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