Kauto Star : une histoire d'amour qui finit mal

25/12/2012 - Actualités
Mercredi 26 décembre 2012, le King George Chase se courra pour la première fois depuis 7 ans sans Kauto Star. Notre frenchy, après avoir fait les gros titres par ses exploits sportifs, fait à présent la Une pour sa retraite.

Pourquoi cet avis de tempĂŞte ?
 
Le débat qui agite le landerneau hippico-britannique est en fait passionnant. Tout d’abord parce qu’il révèle, s’il était encore nécessaire, combien l’hippisme fait totalement partie de la vie des sujets de la Reine. Depuis 10 jours, tout anglais qui se respecte a en effet un avis sur la vie de retraité de Kauto Star. Le phénomène né dans nos contrées il y a 12 ans et vainqueur de cinq éditions des King George, est sorti du circuit courses depuis cet été. Et après la phase de décompression nécessaire, l’annonce de son départ de l’écurie de Paul Nicholls a eu l’effet d’une bombe médiatique sur les réseaux sociaux et ailleurs.
 
 
Le héros est parti à la retraite
 
 
Propriété du peuple
 
Kauto Star, comme s’il était un peu la propriété de chaque anglais, devait au regard de ses fans rester une icône, une pièce de musée, comme il avait d’ailleurs commencer à le devenir dans l’écurie de l’entraîneur numéro 1 : des visites étaient même organisées pour venir voir la légende vivante. Tout semblait alors aller au mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où Clive Smith, propriétaire du crack, a décidé de le lui faire quitter la maison Nicholls. Un coup de tonnerre, un coup de bambou sur la tête de tous les fans de Kauto Star, d’autant plus fort que leur chouchou ne sera en fait pas un retraité mais un futur compétiteur de dressage.
 
 
Paul Nicholls, l'enraineur, et son chouchou pour lequel il se relevait la nuit.
 
 
Et lĂ , ce fut le drame
 
Digne d’une vague de tsunami, la vindicte populaire tomba alors sur le dos du propriétaire avant que les membres de l’écurie ne se jettent à leur tour dans la mêlée, confondant d’évidence tristesse et rancœur. Les échanges moyennement aimables entre les anciens meilleurs amis du monde Clive Smith et Paul Nicholls sont jetés sur la place publique et des scuds en tous genres fusent : pour exemple, le premier déclare qu’il avait toujours été déçu de n’avoir jamais entendu son entraineur bien prononcé le nom du cheval, comprenez que si quelqu’un ne respectait pas le cheval, c’était bien l’entraîneur…
 
 
 
 
Pugilat entre le propriétaire et l'entraineur
 
 
Ça ne vole pas bien haut mais les esprits s’échauffent toujours plus, au rythme de publications quotidiennes du Racingpost et notamment de sa version internet devenue un recueil de tweets plus ou moins éclairés. La démocratie éditoriale, c’est bien mignon mais les remarques, venant d’horizons divers et variés, alimentent des discussions, frôlant avec la diffamation. Mais, comme précisé plus haut, « tout le monde » a un avis sur la question. On confond alors animal de compagnie et compétiteur de haut niveau, propriétaire volontaire ayant investi et soutenu l’évolution d’un cheval de course grâce à ses deniers personnels et entraineur dont la profession est de faire progresser et entretenir la santé d’un cheval de compétition, passion et raison, retraite et mort physique.
 
Deux questions se posent
 
Les deux débats sont les suivants :
 
  1. A qui « appartient » le crack ? A son entraineur qui s’est réveillé parfois en pleine nuit pour veiller à la bonne « santé » de son cheval ou à son propriétaire qui a alimenté les frais inhérents à ladite gestion ? Paul Nicholls et Clifford Baker le fidèle lad de Kauto, auraient voulu garder à jamais leur crack, dans leur écurie, tout près d’eux, histoire d’entretenir leurs routines respectives : celle de la team et celle du cheval. Ajoutons à cela, le public qui, majoritairement, plaidait pour une retraite à domicile, afin de pouvoir le visiter encore de temps en temps et donc…se le garder pour soi aussi.
    Dans ce cas, le cheval aurait certainement trouvé son compte, évoluant dans son environnement le plus habituel et gardant l’ambiance d’un centre d’entrainement dans lequel il évolue depuis 9 ans. Le problème, c’est que, dans ce débat public, nombre d’intervenants ont imaginé qu’un cheval à la retraite, c’était un cheval au pré, sans activité. Et bien non. Les exemples sont nombreux de dépression équines, connues par d’ex-compétiteurs tombés dans l’ennui de l’inactivité
     
  2. Comment doit vivre un champion retraité ? A Chantilly, notre Kauto Star à nous, Al Capone II est ainsi chaque jour au contact des chevaux à l’entraînement, ayant élu domicile aux écuries de l’antenne de France Galop, à deux pas des pistes des Aigles. Il est pansé, entretenu et même sellé chaque jour comme au bon vieux temps de ses exploits. Les membres du staff Nicholls rêvait d’une pareille situation. Mais le propriétaire en décida autrement… Et il choisit même, sur les conseils de spécialistes de la discipline, de l’envoyer sur le circuit du dressage. Un choix difficile à digérer pour les citadins mal renseignés sur les besoins impérieux d’un compétiteur de poursuivre une activité. Ce sera donc le dressage. Là aussi ça se discute, forcément, à moins d’avoir pris position sur le point 1…
 
Même si cette histoire d’amour finit mal, comme les autres en général, l’honneur sera sauf puisque Kauto Star est au moins annoncé en tête du défilé du King George 2012. Derrière lui, son frère cadet Kauto Stone tentera de prendre le relais.

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