Rochmi du Mont : il avait bien tout d'un grand

Portrait 2 jours avant le Grand Prix :

Le CV brut

Vainqueur de 7 de ses 16 courses, Rochmi du Mont vient d’avoir 8 ans et fait partie de ce fameux millésime 2005, année de naissance de Zarkava, Goldikova, Natagora, Long Run, Sahpresa, Rhialco, mais aussi donc de Rubi Ball. Vous remarquerez que c’est aussi, au trot, l’année de Ready Cash, Maharajah ou encore Roxane Griff. Bref, même si l’une des règles d’or du bon terrien voire du « sirien » qui se respecte, reste le pragmatisme, avouez qu’il y a bien quelque chose de surnaturel là-dedans.

Rochmi du Mont

Nonobstant cet état de fait, et sans présager de son avenir malgré son année de naissance, Rochmi du Mont vient donc de s’adjuger le Prix Renaud du Vivier et semble encore tout tout neuf, d’où son manque de popularité. Autre constat, le protégé de Philippe Cottin est invaincu depuis vingt-six mois soit… cinq courses. Il a gagné autant d’euros en une course qu’en une saison en 2012, deux fois plus qu’en 2011 et presqu’autant qu’en 2010, année de ses débuts. Bref, un profil qui mérite bien quelques éclaircissements.

L’itinéraire d’un cheval fragile

« Il vient de s’envoyer un roc ! » s’exclame Philippe Cottin à propos de Rochmi du Mont. Il est vrai que son succès courageux devant Rubi Ball a marqué les esprits et révélé le potentiel d’un sauteur à l’itinéraire chaotique : « Celui d’un cheval fragile, poursuit son entraîneur. Rochmi a toujours montré de la qualité mais il a aussi souvent été victime de problèmes de santé : il a en fait eu du mal à finir sa croissance et à se consolider au  niveau des os. Cela semble rentrer dans l’ordre, avec l’âge ! ».  Cheval à grande action, Rochmi du Mont a plu à son mentor dès son jeune âge. Et comme souvent dans ce genre de cas, il se rappelle de ses débuts comme si c’était hier : « Il a débuté en mars 2008 en plat à Cholet dans un terrain défoncé lourd. Il avait refait pas mal de terrain pour conclure. Je me souviens qu’Alex Pantall m’avait alors dit : ‘’Mets-le chez moi, on va gagner des courses plates avec celui-là.’’ Mais il est resté à la maison… » 2e dans la foulée pour ses débuts à Fontainebleau alors que son entourage croyait fortement à la victoire, Rochmi du Mont se perd ensuite sur le macadam de Vertou (« une erreur d’aller là-bas »). L’estimé sauteur n’ouvre en fait son palmarès qu’à 5 ans, sur le Steeple-Chase palois. Deux succès coup sur coup lancent 2010 avant un échec cuisant à Auteuil : « Il n’a pas aimé Auteuil (où il n’est jamais retourné) et le lendemain de sa course, on a découvert qu’il était atteint de la piroplasmose. » S’en suivent des mois d’arrêt, avant un retour victorieux… avant un nouveau STOP. Toujours le même refrain jusqu’au 6 décembre dernier, date de son énième retour, après cette fois-ci, onze mois d’absence. A la clé une victoire, puis une deuxième, une troisième et la plus belle face à Rubi Ball le 3 janvier dernier. Jusqu’ici tout va bien et la cible est annoncée : le Grand Steeple-Chase de Pau, dimanche prochain.

Philippe Cottin au coté de son jockey et fils David

Il vient à l’âge…comme son éleveur

Pour décrire le pedigree de Rochmi du Mont, c’est simple : il faut imaginer le papier d’un top-price de Deauville et  prendre l’exact inverse. Dans le genre pas commercial, difficile de faire mieux. Rochmi du Mont est un fils de Rochesson, fils de Garde Royale et vainqueur en plat et en obstacle mais plutôt répertorié chez « les bêtes à Quinté » que chez les sires ayant tracé. Exploité par Jean-Marc Baudrelle, l’étalon a pour meilleur produit Hercule Noir, élevé par le même Jean-Marc Baudrelle et lauréat notamment du Prix des Drags pour le compte de Magalen Bryant et l’entraînement de Yannick Fouin.

Rochmi du Mont devançant un certain Rubi Ball

Côté maternel, l’adversaire de Rubi Ball dans le sommet du meeting hivernal de Pau fait briller une souche entretenue par Didier Pointeau, l’oncle de l’épouse de Philippe Cottin, aujourd’hui âgé de 85 ans. Celui-ci a toujours eu une ou deux poulinières et connaît la consécration sur le tard grâce à Rochmi. « Comme son cheval, il vient à l’âge… » dit avec humour Philippe Cottin. Cette souche est donc représentée en premier lieu par Mirande du Mont, une fille de l’étalon Pebble, ancien protégé du Duc de Blacas et qui fit les premières belles heures d’Alex Pantall dans le Grand Ouest.  En 14 tentatives, Mirande du Mont n’a jamais gagné et Rochmi du Mont, son dernier produit référencé est tout simplement son seul gagnant. Elle-même est par Take Care à qui on doit le tout bon Trésor du Mont vainqueur en 1988 du Prix Congress sous la selle de Bruno Jollivet, alias le « nain cruel », pour l’entraînement de feu Jean Dasque, pour la casaque de Jean-Pierre Daudon et élevé par Léopold Jaumin. Une autre époque qui pourrait trouver un bel écho dimanche à l’occasion du 126e Grand Prix de Pau.