Dur dur d'être Président...
07/11/2013 - Actualités
François Hollande atteint des records absolus d’impopularité, alors que Bertrand Bélinguier fait face à des grèves et menace de grèves depuis qu’il a présenté son plan d’entreprise au conseil d’administration de France Galop. Bref, comme l’aurait dit un autre Président, « c’est la chienlit ! »
Bertrand Bélinguier, Président de France Galop (photo APRH)
La crise, voire LES crises
Ayant parfois l’impression de vivre un peu en marge du monde « normal », celui du chômage, des violences urbaines ou encore du mal-logé, le monde du Galop vit à l’heure actuelle une séquence qui ressemble énormément à celle que connait notre pays. Il est aujourd’hui frappé de pleine cravache par toutes les crises possibles et imaginables : l’économique (on va y revenir), l’écologique (avec l’horreur de Nonant-le-Pin), l’identitaire (les courses sont-elles un simple support de jeu à tous prix, un sport, un divertissement pour nobles et gens riches qui rêveraient n’être qu’entre gens de bonne famille ?), la politique (changements notoires au poste de Directeur Général et de Président du Syndicat des Propriétaires) et bientôt, si les tensions continuent de monter, la bonne grosse crise de nerfs.
La fameusissime crise économique et financière (qui a débuté mondialement en 2008) touche donc le monde hippique, et le constat du comité stratégique ne fut pas une surprise : sans un plan drastique d’économies, le système des courses françaises serait en danger à moyen ou court terme. L’augmentation artificielle du Chiffre d’Affaires de ces dernières années via la multiplication a volo des réunions ayant (depuis longtemps) atteint ses évidentes limites, c’est tout le cercle si vertueux et reconnu à travers le monde entier comme le meilleur, qui en prend un coup dans l’aile. Ou en tout cas qui pourrait en prendre un. Le levier « international » est prometteur mais ne peut à lui seul, pour l’instant, contrecarrer les perturbations à venir.
Comme diriger c’est prévoir, il faut bien avouer que, sur ce coup-là, attendre les conclusions d’un rapport pour y aller… c’est un peu comme prendre le train en route. Mais, d’évidence, il fallait faire quelque chose et ça débute donc par des économies, de grosses économies même. Et c’est là que les ennuis et les troubles commencent. Pourtant comme l’avait dit de Gaulle à Pompidou : « La réforme oui ; la chienlit, non ! ». Et encore, la réforme annoncée sur le PMH n’a pas débuté. A moins qu’elle n’ait été aussitôt enterrée par crainte d’énormes pertes.
Coupes sombres
Pour être élu, il faut savoir rassembler. Pour gouverner, il faut savoir trancher. Nos deux Présidents semblent confronter exactement au même problème aux allures de paradoxe : prendre maintenant les bonnes décisions, quitte à déranger certains qui l’ont adoubé au moment du scrutin. Bonjour le mal de tête…
Côté galop, le couperet est donc tombé (ou presque tombé) sur Maisons-Laffitte et son hippodrome, ainsi que sur le siège de France Galop à Boulogne qui verraient ses effectifs également se réduire.
Aussitôt l’annonce faite en Conseil d’Administration de France Galop, tollé général en bord de Seine. Non pas en rive gauche ou en rive droite, mais à… Maisons-Laffitte où les gens de caractère ne manquent pas, emmenés par Monsieur le Maire en personne, Jacques Myard, et son verbe haut. Indignés par ce qui n’est officiellement qu’une piste de réflexion, les révoltés de Maisons-Laffitte se sont très vite organisés pour faire entendre leurs voix, associées à celles des personnels de France Galop. Résultat : annulation des courses de mardi, couverture médiatique à la hauteur du mécontentement, prises de parole, obtention d’un rendez-vous express avec le Président (ce n’est pas François Hollande qui en ferait autant). Un joli coup si on excepte (excusez du peu) les millions d’euros de Chiffre d’Affaire qui s’envolent en fumigène de manifestant et les dizaines de milliers d’euros qui seraient revenus à la filière. Et puis n’oublions pas non plus, le respect de ceux qui avaient faits des centaines des kilomètres pour venir courir à Maisons-Laffitte. Mais quand on n’est pas contents, on n’est pas contents.
Oui, mais… Incontestablement, Maisons-Laffitte est l’hippodrome le moins fréquenté d’Ile-de-France et par conséquent, le plus coûteux en terme de frais de fonctionnement. Son centre d’entraînement aussi d’ailleurs, mais un projet d’extension du nombre de boxes viserait à rééquilibrer le taux de rentabilité : prix d’exploitation des kilomètres de pistes / nombre de chevaux entraînés sur site. Une option salvatrice pour un centre totalement indispensable à la santé du galop français.
Inquiets, et on peut le comprendre, pour l’avenir de leur lieu de travail, les mansonniens ont tout de même peut-être mis la charrue avant les bœufs. A moins, qu’ils soient manœuvrés politiquement par des opposants farouches au Président actuel. A moins aussi qu’ils soient très énervés d’apprendre en même temps que le chantier du futur Longchamp est toujours d’actualité. C’est certainement là que la pilule est la plus difficile à avaler pour Maisons-Laffitte. Sacrifier « leur » hippodrome pour embellir et moderniser celui du Bois de Boulogne. Pas facile à digérer, mais diriger c’est décider. Reste au peuple, le droit de descendre dans la rue, de faire grève pour se faire entendre et s’accrocher à ses convictions. Mais dans notre cas précis, quelles sont-elles vraiment ? Destituer le pouvoir ou défendre la vie d’un hippodrome ? Faire démissionner un Président élu démocratiquement ou s’inquiéter pour son propre futur professionnel ? L’avenir nous le dira.
L'important ce n'est pas la chute...
En tout état de cause, après le temps de la conviction (la pseudo campagne électorale au cours de laquelle nombre d’énervés actuels furent bien silencieux) vient le temps de l’action. Avec les dégâts que celle-ci peut causer, car rares sont ceux qui font des omelettes sans casser des œufs.
Ne rien faire serait donc la bonne décision ? Peut-être. Car à en croire les sociologues français, notre bon peuple gaulois n’est pas à un paradoxe près. Alors que la crise est partout et tout le temps, « la France se distingue puisque de 2007 à 2012, le pourcentage de Français se déclarant satisfaits de leur vie est demeuré stable alors que ce même chiffre baissait dans les pays les plus fortement affectés par la crise », note le rapport de l'OCDE (Organisation de Coordination et de Développement Economiques). Soit, mais attention, « l'important c’est pas la chute, mais l’atterrissage.» (phrase ne figurant ni dans le rapport du comité stratégique, ni dans celui de l’OCDE, mais dans le film La Haine de Mathieu Kassovitz…)