Pourquoi France Galop refuse de reconnaitre le débourrage pré-entrainement ?

10/02/2012 - Anglo Actualités générales
La discipline du débourrage / pré-entrainement est devenu depuis 10 ans un élément clé du système des courses en France. Et pourtant, France Galop refuse de l'intégrer à la filière, malgré les demandes répétées de l'association. Explications.

 

Voilà plusieurs années que le Président de l'Assocation des Débourreurs et Pré-entraineurs (ADP), Yann Poirier, le patron du Haras du Chêne, s'evertue à faire reconnaître "officiellement" son métier par les instances dirigeantes. Il y a eu des dizaines de rendez-vous à Paris, tous stériles, avec tous les représentants possibles et imaginables des associations d'entraineurs, de propriétaires, de France Galop et des ministères concernées, où l'infinie répétition des arguments pourtant simples et les preuves de l'éxistence de ce metier pourtant connus de tous les professionnels n'ont eu pour conséquence que des poignées de mains.

Le changement d'équipe dirigeante de France Galop, avec l'inversion radicale du type de direction, avait redonné espoir à l'Association, mais en vain. Une lettre à été envoyée au Président Bélinguier, qui résume de façon courte et claire tous les faits et arguments. Elle est publiée in extenso ci-dessous. La réponse officielle a été : " Il faudrait modifier les statuts ; pas envisageable." " Si le souhait de l’institution est vraiment d’avoir une vision claire de la provenance, des déplacements, des intervenants, des médications, de tous les chevaux destinés à être présentés en compétitions support de paris, je ne comprend pas pourquoi elle s’évertue à occulter toute une partie de filière", explique Yann Poirier.

 


Monsieur le président,

Je profite de ces derniers jours de janvier afin de vous féliciter pour votre élection à la tête de France-Galop et vous présenter tous mes vœux de santé, bonheur et réussite pour cette année 2012. Souhaits qui, je dois l’avouer, ont une connotation un peu « intéressée », car de vos futurs succès dépendent la vie et l’avenir de toute la filière course au galop.

C’est d’ailleurs en tant qu’acteur de cette filière et plus particulièrement en tant que représentant de tout un secteur que je viens vers vous aujourd’hui .

Président de l’association des débourreurs et pré-entraineurs (née en 2002), je me bats depuis dix ans déjà pour faire reconnaitre officiellement cette activité auprès des différentes instances. Car, si  force est de constater que les professionnels du débourrage ont conquis leur place au sein de la filière et développent de  plus en plus de centres spécialisés, je me dois de rappeler que le métier en est toujours au stade de l’auto proclamation.

 

  • Pas de référencement officiel et donc pas de liste exhaustive de tous les professionnels détenteurs de chevaux destinés à la compétition et en phase active de préparation. Ce qui signifie une ombre certaine dans le désir de traçabilité affiché par toutes les instances.
     
  • Pas d’obligations sanitaires précises car pas de rattachement à la maison mère. La mise à jour des livrets (vaccins et signalement) et le respect des directives de France-Galop concernant les médications ainsi que la tenue du journal des mouvements dans l’écurie sont des sujets récurrents de conversation avec les entraineurs qui déplorent un certain laxisme en amont.
     
  • Pas de chartre de qualité. Ou autres définitions de ce que l’on attend d’un centre de débourrage et pré-entrainement. Une réflexion avec les propriétaires et les entraineurs devrait définir les attentes de chacun.
     
  • Pas de formation lors des projets d’installation. Ce qui débouche parfois sur des structures qui ne sont pas viables dans la durée. Sans parler de la compétence des professionnels à travailler les chevaux ,  je pense qu’il serait souhaitable que chaque postulant prouve ses connaissances des lois fiscales et sociales, du code des courses et soit pourvu d’un bagage comptable indispensable à la pérennité de son entreprise. Trop de jeunes pratiquent des tarifs d’accroche ridiculement bas et ne leur permettant pas de développer l’activité dans les conditions minimums requises. Ce qui débouche inévitablement sur du travail non déclaré ou des prestations de médiocre qualité et de toute façon sur un modèle qui n’est pas celui qu’une filière responsable doit garantir.
     
  • Pas de référencement à France-Galop et donc pas de compte professionnel alors que la majorité de nos règlements se font par virement sur des comptes personnels (éleveurs ou propriétaires), ce qui oblige à une petite gymnastique qui pourrait être évitée.
     
  • Pas de formation spécifique alors que la demande est là, aussi bien chez les jeunes (création d’un UCAR débourrage au lycée pro.  de Laval qui fait l’unanimité) que chez les professionnels, entraineurs inclus.
     
  • Pas de convention collective applicable. Si une majorité se rapproche de la convention des entraineurs, on voit parfois un rattachement à celle de l’élevage, voir celle des centres équestres, pour ne pas citer des rattachements plus ….inventif.
     
  • Pas de code NAF spécifique.
  • Etc.…..etc

C’est pour toutes ces raisons et bien d’autres encore que je me mets à votre disposition pour prendre le temps de vous éclaircir sur la situation de toute une tranche de la filière. Je sais que vous êtes particulièrement sensible au sujet et j’espère avoir attiré votre attention au travers de ces quelques lignes.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments dévoués et respectueux.

Yann Poirier, Président de l'Association des Débourreurs Pré entraineurs

 

 

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