Les archives de France Sire : les 6 Arc de Frankie Dettori

Communément appelé « championnat du monde des pur sang », le Prix de l’Arc de Triomphe célèbrera en 2022 son 101^e anniversaire. L’occasion pour nous de nous replonger dans les archives de cette mythique épreuve, à travers les exploits d’un homme, le seul et l’unique Lanfranco Dettori. Qui dit Arc dit forcement Frankie Dettori. Le fantasque italien est tout simplement le jockey le plus titré avec 6 sacres. Le temps ne semble pas avoir d’emprise sur le pilote, toujours au sommet de son art du haut de ses 51 ans. A ses qualités de cavalier extraordinaires - issues du croisement d’un père crack jockey et d’une mère voltigeuse - il faut ajouter l’expérience de plus de 35 ans. Ce combo associé à son panache et sa faculté à galvaniser les foules fait de Frankie la superstar qu’il est, bien au-delà de notre sport. Cette année encore, Dettori aura l’occasion de continuer à écrire l’histoire, en selle sur le tenant du titre Torquator Tasso.  

 

 

 

 

 

En 1995, cela fait presque 10 ans que Dettori a remporté sa première course. Il est déjà l’un des pilotes les plus en vogue en Europe, avec un joli palmarès. En 1990, à l’âge de 20 ans il signe un contrat de première monte pour la superpuissance de Cheikh Mohamed Al Maktoum, Godolphin. Cependant, ce n’est pas pour son « boss » à la casaque bleue toque bleue que Frankie Dettori va remporter son premier Arc, mais pour son fils Saeed, 19 ans seulement et étudiant en Ecosse. Cheval au destin unique, Lammtarra va disputer une seule course à 2 ans pour Alex Scott avant d’être acquis par « Cheikh Mo’ ». Cette année-là, l’Emir de Dubaï va offrir Wassl (futur gagnant des Guinées irlandaises) à son frère Ahmed, et donc Lammtara à son fils Saeed. Le poulain va faire partie du programme « expérience Dubaï », et va donc passer tout l’hiver sous le soleil des Émirats avant d’attaquer la saison classique.

 

 

A cause d’un grave problème au rein, la préparation de Lammtara sera décalée. Il fera donc sa rentrée directement dans le Derby d’Espsom, qu’il remportera devant le Godolphin Tamure, alors associé à Dettori. Le crack jockey italien récupérera la monte pour ses deux sorties suivantes qui eurent pour cadre les King George et donc l’Arc de Triomphe. Arrivé à Longchamp en position de favori après son sacre à Ascot, Lammtarra ne va pas trembler et devancer des chevaux comme Freedom Cry, Lando ou autre Carnegie. Frankie Dettori touche enfin l’un des graals des courses, paré de la casaque verte et blanche de Saeed Al Maktoum. L’Arc sera la quatrième et dernière course de ce cheval au parcours unique, le seul depuis Mill Reef à réaliser le triplé Derby-King George-Arc

 

 

 Avec Lammtarra, la machine était lancée ©Glyn Kirk

 

 

 

Le palmarès de Frankie Dettori aurait pu s’arrêter à ce seul Arc. En 2000, alors qu’il est à bord d’un avion privé pour relier Newmarket à Goodwood, celui-ci se crache peu après le décollage. Alors que l’appareil commence à s’enflammer, Dettori est extirpé par Ray Cochrane l’autre passager de l’avion, le pilote lui ne survivra pas. S’en sortant avec seulement un poignet cassé, Dettori dira qu’à partir de ce jour il vit sa "vie numéro 2". Insubmersible, Dettori repart de l’avant et remportera dès l’année suivante son deuxième Arc en selle sur Sakhee. Cette fois-ci il revêt bel et bien l’habit de lumière Godolphin. Ce jour-là, le 4 ans va réaliser une véritable démonstration, relayant à 6 longueurs la championne française Aquarelliste.

 

  2001, premier Arc commun pour Dettori et Godolphin ©George Selwyn

 

 

L’année suivante, Dettori parviendra à garder sa couronne dans la reine des courses françaises. Après avoir brillé avec un 3 ans, puis un 4 ans, c’est associé à un cheval de 5 ans, Marienbard que Dettori triomphe. A l’instar de Lammtarra et de Sakhee, Marienbard avait été acquis en cours de carrière par Cheick Mohamed. La maestria du pilote a su faire la différence dans cette édition 2002, car, tandis que le favori Sulamani n’avait pas ses aises un instant dans l’ultime ligne droite, Dettori lui avait creusé l’écart au bon moment pour ne plus être inquiété.

  

   Et de 3 avec Marienbard ©George Selwyn

 

 

 

Après avoir remporté plus de 100 Grs 1 pour le compte de Godolphin, Dettori verra son contrat ne pas être renouvelé à l’aube de la saison 2013. Ainsi démarre le second grand chapitre de la carrière du pilote : son association avec John Gosden. L’année 2015 marque celle du début du partenariat entre le maitre entraîneur anglais et Dettori. L’italien succède à William Buick et à Jimmy Fortune au poste de premier jockey de l‘écurie. Le premier champion qui mettra en valeur ce duo se nomme Golden Horn. En juin, le fils de Cape Cross offre un deuxième Derby d’Espsom à Frankie (après Authorized en 2007), avant de remporter les Eclipse Stakes et les Irish Champion Stakes. Golden Horn arrive avec le statut d’adversaire numéro 1 à la crack Trêve, double tenante du titre. Après avoir tiré le 14 sur 17 dans les stalles, Dettori va faire parler son génie en isolant le poulain en pleine piste durant les 600 premiers mètres de course, avant de se caler dans le dos du leader Al Shaqab. Golden Horn fera ensuite parler la classe et fera rentrer encore davantage son jockey dans la légende. Nombre de ses fans qualifient cette monte comme l’une des plus belle du jockey, la nommant « Frankie’s Masterclass »

 

 

 

 

 

 

Délocalisé sur l’hippodrome de Chantilly à cause des travaux du nouveau Longchamp, l’Arc de Triomphe 2017 a pour favorite une pouliche de 3 ans sortant de l’ordinaire. Son nom ? Enable. Ultra dominante face aux femelles, la fille de Nathaniel a également su mettre à l’amende les mâles dans les King George. Au terme des 2400 mètres cantilien, Enable devancera aisément Cloth of Stars et Ulysses. Après 5 sacres obtenus avec des mâles, c’est en selle sur une pouliche que Frankie Dettori remporte son 5^e titre dans l’Arc. Suite à des problèmes physiques, Enable fera une saison 2018 presque blanche. Elle fera sa réapparition début septembre sur la PSF de Kempton, avant de se rendre à Longchamp pour défendre son titre un mois plus tard. Après avoir pris la tête très tôt dans la ligne droite, la crack trouvait le temps long et fut sauvé par le poteau face au retour tonitruant de sa benjamine, la regrettée Sea of Class. En quête d’un triplé historique, la jument devra s’incliner en 2019 face au français Waldgeist, puis en 2020, dans celui de Sottsass. 
 

 

  De l'exotisme ici avec cette article du magazine japonais Futurity. Notons que l'article est écrit par Jocelyn de Moubray