Hong Kong 2013 : Cirrus et Dunaden sortent la tête du riz
Mais comment Moonlight Cloud, cette sextuple gagnante de Gr.1, la seule à avoir pu inquiérer Black Caviar à Ascot, invaincue cette année et venant d'enchaîner 3 Gr.1 dont le Prix Jacques le Marois et le Prix de la Forêt, a pris fnir dans le ventre mou du peloton du Hong Kong Mile ? Thierry Jarnet et Freddy Head donnent des éléments de réponse dans le film ci-dessus. Au moins, un tel échec apprend à apprécier mieux les courses avec un esprit ouvert, sans se focaliser sur son nombril franco-français et être obséder par la victoire. Les performances des notres et des autres sont belles à Hong Kong car il y a de féroces combats sur un site grandiose, remplie par 80.000 personnes, et parce que la piste de Sha Tin permet à la classe de s'exprimer. C'est ce que l'on peut souvent reprocher à certaines grandes courses internionales, par exemple au gazon de Santa Anita ou au tapeta de Meydan.
Sans doute pour la dernière fois, Freddy Head vient de mettre Thierry Jarnet en selle sur Moonlight Cloud dans le Hong Kong Mile. Son dernier voyage aux Etats-Unis en 2012 s'était mal fini. Les 2 hommes étaient très tendus au rond de Sha Tin.
Dunaden éternel, malgré Spencer...
La France avait envoyé sa reine Moonlight Cloud, qui y a perdu sa couronne, mais aussi ses vieux et fidèles guerriers hongres, Dunaden et Cirrus des Aigles. Le 1e entrainé par Mikel Delzangles cherchait à reprendre son titre dans le Hong Kong Vase, une épreuve qu'il avait remporté en 2011 dans la foulée de son exploit australien dans le Melbourne Cup. Son mentor nous avait appris avant la course que Dunaden n'était pas "cuit" du tout et qu'il était même meilleur que jamais, en revenant d'une remarquable 5e place dans la redoutable Japan Cup. Le problème est que son jockey n'est plus Christophe Lemaire ni le champion australien Craig Williams, mais Jamie Spencer, en contrat avec le propriétaire Fahd Al Thani. Spencer a encore monté comme une quiche, piégé par une course sans train et ne cessant de reculer pendant le parcours pour aborder le ligne droite bon dernier. Quel dommage. Il termine 3e, battu d'un souffle par The Fugue (Dansili), la pouliche anglaise de John Gosden qui revenait elle des Etats-Unis où elle avait conclu 2e de la Breeders'Cup Turf. Mais c'est un concurrent local, chose rare sur les 2400 m du Vase puisque la distance est très peu usitée à Hong Kong, qui décroche facilement la victoire. L'un des meilleurs "classiques" de Hong Kong, Dominant est un irlandais fils de Cacique (frère de Dansili, 2e du Grand Prix de Paris chez Fabre). Entrainé par John Moore, le frère de Gary, parmi les meilleurs entraineurs de Hong Kong depuis des lustres, Dominant a offert un nouveau succès à Zak Purton, un sud-africain de 30 ans qui domine outrageusement le classement des jockeys de Hong Kong pour la saison 2013-2014, et venait même de gagner le championnat international de Happy Valley 4 jours plus tôt.
En casaque jaune, Dunaden a réussi à s'infiltrer à la corde pour revenir de la dernière à la 3e place. Il n'échoue que de très peu dans la Hong Kong Vase remportée par Dominant (au centre) devant The Fugue (casaque rose). Tenant du titre, le robuste Red Cadeaux (Gérald Mossé) est 4e.
Il est toujours là Cirrus !
Pour la 5e fois qu'il venait à Hong Kong, et pour sa 4e tentative réelle puisqu'il s'était blessé à l'entrainement l'an dernier et avait du se résoudre au forfait, Cirrus des Aigles a encore livré une magnifique combat sans pouvoir gagner. Il faut dire que la Hong Kong Cup, Gr.1 sur sa distance préférée de 2000 m qui est le sommet de la journée doté de 2,2 millions d'euros, en toute fin de saison et au terme d'un long voyage, semble taillé sur mesure pour le champion français, dur à cuire, vaillant, adaptable, voyageur, et surtout bon. Mais le seul hic est que la piste de Sha Tin n'est jamais lourde, qu'il est incontestable que Cirrus va plus vite sur un terrain souple voire très souple, et que la piste était particulièrement rapide en ce dimanche 8 décembre 2013. Après un parcours en or, Cirrus a tout donné. Rapidement battu pour la victoire, dès l'entrée de la ligne, il n'a cependant jamais cédé, il a résisté aux terribless vagues de l'extérieur et conservé de justesse la 3e place (qui rapporte tout de même 220.000 €) au dépend du favori local Military Attack, une fils irlandais d'Oratorio. Devant, c'est Richard Gibson qui décrochait la lune avec Akeed Moofed (lire l'article sur le portrait d'Akeeed Moofed et Richard Gibson), et cela seulement 2 ans après avoir quitté la France pour s'installer à Hong Kong (voir le reportage vidéo sur la visite des écuries).
Cirrus des Aigles et Christophe Soumillon aiment la bataille. Ils se sont sortis de celle de Hong Kong avec une très méritoire 3e place dans la Cup.
On a vu le meilleur sprinter du monde
Et comme on n'est pas chauvin à France Sire, on va aisément reconnaître que le meilleur cheval de la journée n'a pas gagné l'un des 3 épreuves précitées où les français participaient : le Mile, le Vase et la Cup. En effet, une vision extraordinaire s'est produite dans le Hong Kong Sprint, la course sur 1200 m gazon la plus richement dotée du monde (1,5 millions d'euros). Archi favori, taureau parfaitement placide et équilibré au rond, le japonais Lord Kanaloa. A 5 ans, ce fils de King Kamehameha avec une mère par Storm Cat importé au Japon dans le ventre de sa mère américaine Saratoga Dew (double gagnante de Gr.1), est le meilleur sprinter japonais. Tenant du titre dans le sprint, jamais plus loin que 3e dans sa carrière, il a pulvérisé l'opposition et ajouté un 6e Gr.1 à son palmarès par presque 10 longueurs, grâce à un changement de vitesse qui donne l'impression que ses rivaux, pourtant champions de vitesse, sont tous passés au ralenti. Depuis la retraite de Black Caviar, ce Lord Kanaloa pourrait bien être le meilleur sprinter du monde.
Lord Kanaloa. Placide, ce sprinter est un phénomène capable de déposer tous ses rivaux grâce à un changement de vitesse spectaculaire.