Manitopix, la Gauloise de Pau
Manitopix brille dans la nuit d'Enghien.
Figure régionale, le regretté Jean Laborde a laissé une marque indélébile dans les courses du Sud-Ouest, à travers plusieurs prix à son nom mais aussi les succès en anglo-arabe des souches du Haras du Bosquet qu'il avait créé près de Pau il y a 60 ans, et qui continuent de s'illustrer sous la conduite de sa fille Véronique Laborde avec son conjoint Bruno Thierry.
En ce lundi de reprise, avec les sinistres grèvistes du PMU, à Enghien le 7 mars, Manitopix a cloturé la journée avec un succès enrichissant dans le Prix Strada, un handicap sur les haies doté de 26.000 € au vainqueur, comme un quinté à Auteuil. Portant 71 kilos, elle a permis à son entraineur Jean-Pierre Daireaux, l'homme au cigare, et à son jockey Davy Lesot, l'ancien premier pilote de Jacques Ortet, de revenir sur le devant de la scène.
Véronique Laborde avec Manga Blue, la grand-mère de Manitopix
Agée de 5 ans, cette jument est sortie de l'entrainement dans les jours suivants ce succès, pour une période de repos bien méritée après avoir été sur la brèche depuis le mois d'août et décroché déjà 2 victoires cet hiver à Pau. Lauréate en décembre dans un steeple pour anglos, elle a réédité le 15 janvier dans une course de haies pour tous chevaux. Manitopix est issue du croisement de 2 étalons ayant fait la monte à proximité du Haras du Bosquet, c'est à dire à la station des ex-Haras Nationaux de Gélos à Pau. Son grand-père Valanour, ancien champion de l'Aga Khan mais issu de Lomond, est mort après avoir beaucoup déçu, car la paternité de l'excellent Voix du Nord reste un arbre qui cacha une forêt de désolation. Son père Policy Maker est un cas différent. Bon reproducteur polyvalent, auteur de Roll On Has (Grande Course de Haies d'Eté des 4 ans à Auteuil, Gr.1), ce fils de Sadlers'Wells, assez peu élégant, n'a jamais été commercial aux Haras Nationaux, et il a fini par être vendu 26.000 € pour l'Angleterre à la vente de Deauville de décembre 2015.
Manitoba, la mère de Manitopix, lors de sa victoire dans le Grand Prix des Pouliches de Tarbes.
Cette famille des "M" a toujours beaucoup donné au Haras du Bosquet. Manitopix est le 2ème produit de sa mère, Manitoba, une gagnante du Grand Prix des Pouliches de Tarbes, après Lebeaumani (Bernebeau), un vainqueur de la Poule d'Essai à La Teste. La grand-mère Manga Blue (par l'influent Blue Boy), fut une petite championne gagnante de 7 courses en 10 sorties chez Didier Guillemin, associé de longue date de Véronique Laborde. Aussi bonne au haras, elle a donné notamment Manganour, une vedette en son genre, autre fils de Valanour, gagnant de 9 courses en plat, haies et steeple pour plus de 180.000 € de gains.
Il est assez amusant de constater que la mère précédente, Mangaline, est née d'un croisement rare entre une jument anglo à 33%, Roseline, et un étalon arabe pur, Manganate, grand chef de sa race. Jean Laborde répétait alors le même croisement qui lui avait donné, 8 ans plus tôt, un certain Mangarose, star de son temps sur les pistes et ensuite étalon très marquant de la race anglo.
C'était une époque où Jean Laborde (voir ci-contre), en plus de son haras de 55 hectares à Aire-sur-l'Adour dans le Sud-Ouest, avant investi en Normandie, près d'Argentan au Haras de Sai, y exploitant deux très bons étalons d'obstacle, RB Chesne et Rose Laurel, avant qu'il ne vende ses terres à Thierry Ardisson. Un sacré personnage tout de même...
