Les Frémont et l'accompagnatrice

01/04/2009 - Focus Elevage
Ils ont durement travaillé toute leur vie à Cheffes/Sarthe, petite bourgade angevine située entre Tiercé et Le Lion d'Angers. Patrons de bars, restaurateurs, plâtriers, maçons, spécialistes des refections de façades de maisons, Pierrette et André Frémont ont eu une vie professsionnelle bien remplie.  

Lorsque l'âge de la retraite s'est approché, il a fallu trouver d'autres centres d'intérêt. Faire du bridge, bof. Le jardin potager, rebof. Alors, puisque c'était leur métier, ils ont retapé une fermette campagnarde et fait comme tout le monde dans la région: élever des chevaux de courses.

D'ailleurs, les chevaux, ce sont des poneys en plus grands. Ils connaissent les poneys, ils en avaient quand les gamines, Sonia et Béatrice, étaient petites.

Les chevaux, ça a toujours été la passion du petit neveu et ancien employé, Patrick Moulin. Au moins, c'est rigolo et ça bouge. Le plus accessible, c'est le trot. Alors il trouve une jument, ou presque. Pas toute neuve en tout cas, elle a 21 ans et s'appelle Diane d'Oxford. c'est le père Pommard, marchand de chevaux à l'ancienne typique du coin, qui leur trouvé. Elle leur fait leur premier produit, Dune d'Hérodière, avec un "O", alors que la petite ferme s'appelle l'Héraudière, mais mettre un "O" à la place d"AU", ca gagne de la place quand on remplit la feuille des déclarations de noms.

 

André Frémont


Les Frémont se rendent compte que leur vieille mémère s'ennuie toute seule. Ils demandent au même père Pommard un compagnon, un hongre gentil. Ce dernier a sous la main une toute petite AQPS, 4 ans, qui a couru une seule fois en étant non placée. Il invente une solution. "Y'a qu'à prendre une femelle. Vous la mettez au mâle et comme ça elle fera des poulains. Au moins, elle mangera point l'herbe pour rien." Certes. C'est ainsi que Bonny des Mottes débarque chez Les Frémont comme jument d'accompagnement...Le 1e mâle, c'est Abdonski. Cela donne un toute petite femelle, Fanny d'Hérodière, qui gagne une course de sa taille en plat à Bréhal.

La même année est né Fils d'Hérodière. Ce trotteur n'est pas vraiment méchant, pas vraiment mauvais, mais a une facheuse tendance à faire la faire la faute à chaque fois qu'il prend l'avantage à 50 mètres de l'arrivée. André Frémont a du raconter plus de 100.000 fois les phases finales dramatiques de Fils d'Hérodière, avec une émotion eternellement renouvelé....

Pendant ce temps, le 2e produit de l'accompagnatrice n'est guère plus grand. Débourrée au Haras du Chêne, Gazèle d'Hérodière est à ce point dépressive que l'apprenti, Fabien Guilloteau, devenu aujourd'hui un chanteur vedette dans célèbre groupe de reggae international et animateur e fanfare tzigane, la nourrit et l'abreuve personnellement tous les jours au sceau.

C'est alors qu'un bande de joyeux lurrons, rentrés un peu tard des courses comme toujours, décident de l'acheter sur un coup de tête. 12.000 francs. Une fortune. Il faut s'y mettre à 6.

Bonny des Mottes


A l'entraînement chez Etienne Leenders, les employés lui trouvent un surnom charmant: le chevreuil. C'est dire de la magnificience de son physique. Mais elle a du coeur. Avec sa partenaire habituelle, la regrettée Sandrine Boisnier, elle fait une bonne saison à 4 ans qui lui permet d'arracher d'1 point sur la championne Gloria IV le Challenge des AQPS de l'Ouest. C'est le déclic, les associés, parmi lesquels l'Ecurie des Mottes, qui conservent Gazèle à l'élevage, achètent tous les ans le produit de Bonny des Mottes, la naine, toujours en pleine forme en 2009 à l'âge de 20 ans. Imperturbablement, les produits gagnent des courses et remplissent les poches des vendeurs de champagne des hippodromes. Et ses filles produisent bien.

Au total, Bonny des Mottes, née en 1989, compte déjà dans sa descendance 13 vainqueurs de 42 courses.

Pierrette et André Frémont, tous les dimanches, prennent donc l'automobile pour aller voir courir leurs chevaux. Pas mal comme retraite tranquille.

 

Voir la fiche

Voir aussi...