King George 2016 : Highland Reel revient chez ses vieux amis

30/07/2016 - Grand Destin
Il y a un siècle très exactement, l’anglaise Eulogy était exportée en Nouvelle-Zélande où elle est devenue une légende. La quasi-totalité de sa descendance a élu domicile en Australasie jusqu’à l’exportation très récente d’Hveger en Irlande. Le week-end dernier, son fils Highland Reel était de retour en Europe pour gagner les King George d'Ascot devant la Reine d'Angleterre. Un destin conté par Xavier Bougon, lui aussi de retour...de vacances à Noirmoutier !


Highland Reel, lors de sa victoire de bout en bout dans les King George d'Ascot, monté par Ryan Moore.

 

Le globe-trotter irlandais a couru dans 7 pays en un an !

L’an dernier, Highland Reel, fils de Galileo, avait débuté le printemps sur les pistes irlandaises puis avait posé ses valises à Longchamp et Chantilly. Sixième de Make Believe dans la Poule, il avait ensuite pris la seconde place du Prix du Jockey Club de New Bay. Après avoir enlevé les Gordon St. fin juillet à Goodwood, il avait traversé l’Atlantique pour s’imposer facilement à Chicago dans les Secretariat St. le 15 août. Il passe par chez lui en septembre dans l’Irish Champion St. avant de rejoindre les Antipodes où il se classe troisième de la Cox Plate à Moonee Valley le 24 octobre.
 
Moins de six semaines plus tard, il s’impose dans le Hong-Vase (Sha Tin) devant nos trois français, Flintshire, Dariyan et Ming Dynasty. En mars, il subit, comme les autres, la loi de Postponed dans la Dubai Sheema Classic. Un mois plus tard (24 avril), il se retrouve à Sha Tin pour la Queen Elizabeth II Cup dans lequel il ne fait qu’illusion. Pas de vacances cet hiver mais pas plus cet été. Il découvre Ascot lors du meeting royal où il termine à une tête du poulain de la Reine, Darmouth, dans les Hardwicke St.
 
Le week-end dernier, toujours à Ascot (rassurez-vous, il était rentré à l’écurie entre temps), soit un mois plus tard, il enlève, de bout en bout, l’Arc de Triomphe des britanniques, les King George VI and Queen Elizabeth St........Ouf....enfin du repos (pas certain, il faut préparer les gros morceaux de l’automne !).
 
 

Highland Reel après son succès en décembre 2015 dans le Hong Kong Vase.
 
 
L’australienne Hveger, exportée en Irlande
 
Notre globe-trotter fait renaître sa famille maternelle en Europe. Son propre frère cadet, Idaho, n’est pas en reste puisqu’il vient de monter sur le podium des deux classiques britanniques, le Derby d’Epsom et celui du Curragh, à chaque fois devancé par l’élève de S.A. Aga Khan, Harzand.
 
Leur mère, Hveger, est née en Australie en 2001, des suites des amours de Danehill et d’une gagnante des A.J.C. Oaks, Circles of Gold. Cette dernière est née à Widden Stud, le haras qui abritait son père, Marscay.

Hveger se classera seconde des South Australian Oaks et troisième des Australian Oaks pour les couleurs de ses éleveurs, Frank et Sally Tagg (sous l’entité Arch of Gold Pty Ltd) et de ses associés (Garry et Leonie Moffitt et Frank et Maree Meduri) et l’entrainement de Tony Vasil.
 
L’association gardera le premier produit, une pouliche d’Encosta de Lago (Fairy King), née en septembre 2006 et nommée Valdemoro. Seconde des VTC Oaks (Gr.1) et des Vinery Stud Stormy Queen S. (Gr.1), elle rejoindra ensuite le haras où elle est mère d’une pouliche de 2 ans par All Too Hard (le demi-frère de Black Caviar), vendue $ AUS 400.000 en avril dernier. Entre-temps, Hveger avait rejoint l’Irlande.
 
 

Elvstroem, désormais étalon au Haras du Petit Tellier.
 
 
Coolmore jette son dévolu sur la famille maternelle
 
Le team Coolmore, toujours à l’affut, s’intéresse à cette famille australienne depuis une dizaine d’année. C’est ainsi que les co-propriétaires australiens de Hveger acceptent la proposition d’un foal-sharing à la seule condition qu’elle soit saillie chaque année par l’étalon-maison, Galileo.
 
Naitra en 2011 en Irlande, Rings of Saturn. Consigné par Camas Park Stud, il est vendu yearling chez Tattersalls pour 450.000 Guinées au courtier Stephen Hillen. Il rejoindra Singapour.
 
Puis l’année suivante viendra la naissance de Highland Reel. Toujours consigné par Camas Park Stud, il est acheté yearling par John Warren pour le compte de Coolmore, 460.000 Guinées. Son frère Idaho, né en 2013, est acheté yearling par Michael Magnier (donc Coolmore) pour 750.000 Guinées. En 2014, une pouliche est née, vendue yearling 460.000 Guinées à Peter et Ross Doyle pour le compte de Mayfair (des sud-africains souvent en vue à Deauville). Nommée Cercle de la Vie, elle est déclarée à l’entrainement chez André Fabre.
 
 

Le champion international Starspangledbanner.
 
 
 
Circles of Gold (Marscray) avait donné naissance, un an avant Hveger, à son propre frère, Elsvtrom. Après une superbe carrière en Australie et un succès dans la Dubai Duty Free, il a élu domicile cette année au Haras du Petit Tellier en Normandie. Puis deux ans après, vient la naissance d’Haradasun (Fusaichi Pegasus) toujours pour son éleveur, Frank Tagg et ses associés. Il sera élu meilleur 3 ans de sa génération en Australie pour les couleurs de ses éleveurs. Avant la fin de sa carrière, Coolmore achète la moitié pour $ 22 Millions. C’est ainsi qu’il rejoint officiellement les boxes d’Aidan O’Brien (en provenance de chez Tony Vasil) qui lui fait gagner sa dernière sortie, les Queen Anne St. (Gr.1) à Royal Ascot, battant d’une tête Darjina, laquelle devance Finsceal Beo. Il est, depuis, retourné chez lui pour une carrière d’étalon.
 
Circles of Gold n’est autre que la sœur de National Gold, la grand-mère d’un certain sprinter, Starspangledbanner (Choisir), que Coolmore avait en partie acheté avant deux succès en 2010 sur le sol anglais : la July Cup et la Golden Jubilee ajoutées à une seconde place dans les Nunthorpe St.

 
 

Eulogy, la jument de base, après son exportation en Nouvelle-Zélande en 1916.
 

George Currie, un pionnier en Nouvelle-Zélande, avait crée une grande écurie de course notamment grâce à des importations depuis l'Angleterre.
 

Koatani Stud, la base de la naissance de l'élevage en Nouvelle-Zélande, dans la région de Brunswick.
 

En plus de la jument de base, Currie a importé d'Angleterre un étalon de base : Absurd.
 
 
Eulogy, son aïeule, est une légende en Nouvelle-Zélande
 
Son aïeule du début du siècle, Eulogy (Cicero) était anglaise. Elevée par Léopold de Rothschild à Southcourt Stud, elle était la petite-fille de Goletta (Galopin), gagnante des Coronation St., Coventry St., Princess of Wales’s St. Eulogy n’a pas couru et prend la direction du haras où elle va rejoindre Coriander qui débute sa carrière d’étalon. Coriander n’est autre qu’un petit-fils du sire néo-zélandais, Carbine, vainqueur de la Melbourne Cup entre autres. Il avait été exporté, dix ans plus tard, en Angleterre où il décède en juin 1914.
 
C’est également l’année où Eulogy, pleine donc de Coriander, est vendue à la British Bloodstock Agency pour le compte d’un néo-zélandais, George M. Currie, gros propriétaire-éleveur à Koatanui Stud à Kai Iwi, au nord de Wanganui.
George Currie fait d’une pierre deux coups puisque Eulogy (portant dans ses flans, Pennon, son premier produit, une pouliche née en mars 1915) fait le voyage, fin 1914, avec un poulain qu’il vient d’acheter, un certain Absurd (1909-1928) (fils du sprinter Sunridge, vainqueur de la July Cup par trois fois), meilleur de 2 ans de sa génération avec comme point d’orgue, les Middle Park St. Sept ans plus tard (1921), Currie importe, un fils de Desmond (St Simon), Limond (1913-1936).
Absurd sera cinq fois tête de liste des pères de vainqueurs et Limond, une fois, mais à l’origine de neuf vainqueurs de Derby australien ou néo-zélandais.
 
Eulogy, née donc en Angleterre en 1911 (morte en novembre 1934), deviendra la légendaire matrone en Nouvelle-Zélande après avoir mis au monde 14 foals qui ont tous couru et dont 13 sont vainqueurs. Elle est allée plusieurs fois à la rencontre des deux étalons importés, pères, entre autres, de Humbug, Epitaph, Homage, Eulalie, Commendation, Praise..... De par son extraordinaire production, elle est la seule « broodmare » à faire partie du New-Zealand Hall of Fame (voir le reportage)
 
Notes
 
Leopold de Rothchild (la branche anglaise) avait élevé un certain St Frusquin (fils de St Simon et d’Isabel, sœur de Biserta, grand-mère d’Eulogy), vainqueur des Middle Park St. et des 2000 Guinées 1896 puis second du Derby d’Epsom d’un certain Persimmon (fils de St Simon et de Perdita) portant les couleurs du Prince de Galles (futur Edouard VII).
 
 
 

Voir aussi...