Prix Six Perfections : un grand hôtelier irlandais sur le sol deauvillais
31/07/2016 - Grand Destin
La septième édition de cette Listed pour 2 ans est revenue à Asidious Alexander, une concurrente entrainée à Newmarket pour un hôtelier irlandais, propriétaire, par ailleurs de la célèbre Alexander Goldrun.
Six Perfections lors de sa victoire dans la Breeders'Cup Mile.
Six Perfections, une sacrée carrière sur le mile
Créée en 2010 sur la distance de 1.400 m., cette Listed honore les performances d’une des meilleures pouliches de ce XXIème siècle à Deauville : trois victoires et deux secondes places black-type pour cinq sorties . Elevée par la famille Niarchos, Six Perfections (fille de Celtic Swing, vainqueur du Prix du Jockey Club, ancienne version) perd son statut de maiden à Deauville en remportant le Prix Roland de Chambure mi-juillet après une seconde place pour ses débuts à Chantilly où elle terminait aux côtés d’une certaine Trévise (Anabaa) la future mère de Trêve. Puis elle était revenue fin-août à Deauville afin de préparer les joutes automnales. Gagnante facilement du Prix du Calvados, elle avait enlevé ensuite le Prix Marcel Boussac à Longchamp sous la coupe de Pascal Bary. Elue meilleure pouliche européenne de sa génération, elle fait une rentrée victorieuse à 3 ans dans le Prix Imprudence, une préparatoire au mile de Longchamp ou à celui de Newmarket.
Un scénario catastrophe à Newmarket et au Curragh
C’est en Angleterre qu’elle prendra la seconde place des 1000 Guinées, celles de Russian Rhythm, tout en devançant Intercontinental (entrainée par André Fabre et montée par Christophe Soumillon), la propre sœur, par Danehill, de Dansili et de Banks Hill, produits de la « broodmare » Hasili. Même les british (à l’exception de Kieren Fallon, pilote de la gagnante) reconnaitront que la française est la gagnante morale. « Cette semi-défaite est la conséquence de funestes aléas tactiques» tels sont les propos de la presse spécialisée de l’époque....en un mot l’allure modérée de Newmarket et ces problèmes de traficont eu raison de celle qui allait au-dessus du lot.
Son entourage aura à cœur de remettre les pendules à l’heure trois semaines plus tard au Curragh pour la version irlandaise. Mais le scénario catastrophe se renouvelle. Montée par John Patrick Murtagh, Six Perfections est « dans la boîte », bloquée, enfermée, bousculée le long du rail à 200 mètres du but. Elle échoue à une courte tête de la « Coolmore », Yesterday (Sadler’s Wells).
Les Niarchos font le jumelé du Prix Jacques le Marois Haras de Fresnay le Buffard avec Six Perfections (S. Pasquier) devant Domedriver (Kieran Fallon)
De retour à Deauville pour le Prix Jacques Le Marois
Elle reviendra ensuite sur la côte normande pour une seconde place dans le Prix d’Astarté (Gr.1), s’inclinant d’une encolure face à la gagnante du Prix de Diane de l’année précédente, Bright Sky (Wolfhound). Moins de 15 jours plus tard, elle se venge de ses déboires du printemps en devançant, d’une courte encolure, son compagnon d’écurie et de couleurs, le 5 ans, Domedriver (Indian Ridge) (monté par un certain Fallon) dans le Prix Jacques Le Marois, sponsorisé par la famille Niarchos.
A l’exception des Irish 1000 Guinées, Thierry Thulliez a été son unique partenaire, mais en octobre, après un voyage long et éprouvant, c’est le crack jockey américain Jerry Bailey (que Robert Frankel avait libéré pour l’occasion) qui, montant au millimètre, l’emmène jusqu’au poteau pour sa première victoire à l’étranger, en l’occurrence la Breeders’Cup Mile disputée sur l’hippodrome de Santa-Anita.
A cette occasion, c’est la cinquième victoire pour les couleurs Niarchos après les succès de Miesque (à 3 et 4 ans), Spinning World et Domedriver, l’année précédente. Onze ans après, Karakontie (un 3 ans, descendant de Miesque) offre une sixième victoire aux couleurs bleue et blanche.
A 4 ans, elle devra se contenter de trois podiums sur ses quatre sorties : seconde de Prince Kirk dans le Prix d’Ispahan, de Whipper dans le Prix Jacques Le Marois et une place de troisième dans la dernière course de sa carrière, la Breeders’Cup Mile sur le tourniquet de Dallas (Lone Star), montée par Jerry Bailey.
Maxime Guyon porte la casaque bleu et blanc d'Asidious Alexander pour remporter le Prix Six Perfections. (PHOTO APRH)
Quatre victoires à trois pour les étrangères
Cette année, c’est encore par une victoire étrangère que débute le meeting de Deauville. Le Prix Six Perfections n’aura souri qu’à trois pouliches entrainées en France depuis sa création : Helleborine, portant les couleurs de Khalid Abdullah, pour son édition inaugurale, Lacarolina pour le palois JCR et l’association Olivier Carli-Gérard Augustin-Normand et Aktoria pour le plus français des espagnols, Carlos Laffon-Parias et pour le plus français des grecs, Leonidas Marinopoulos.
Deux filles d’Elusive Quality s’imposent pour « les étrangers », Elusive Kate (John Gosden) et Discernable (Mark Johnston) et Tigrilla (Clodovil) défend l’entrainement de Roger Varian.
Asidious Alexander est donc la quatrième. Elle a élu domicile dans les écuries de Simon Crisford à Newmarket, tout récemment installé après avoir été pendant de longues années l’un des conseillers et assistants du Cheik Mohammed Al Maktoum.
C’est sa première victoire sur le sol français après seulement quatre partants. Au printemps, son poulain né en Espagne, First Selection (Diktat), qu’il avait acheté aux ventes de deux ans, 42.000 Guinées, avait pris la seconde place de la Poule d’Essai des Poulains, courue à Deauville. Il y avait subi, comme les autres, la loi du « Coolmore » The Gurkha, qui a, depuis, fait son chemin (succès cette semaine dans les Sussex St. de Goodwood).
La grande championne Alexander Goldrun.
Asidious Alexander avait été achetée yearling 36.000 Euros chez Goffs en Irlande par Mountarmstrong Stud, propriété de Noel O’Callaghan, alors que son frère, Accepted (Approve) avait été vendu à 2 ans, 400.000 Euros.
Asidious Alexander est issue d’une mère inédite et d’un père faisant la monte à Rossenarra Stud (C°Kilkenny), propriété de la famille McEnery (John, entre autres). L’un des membres, Martyn J. est déclaré comme éleveur.
Le père, Windsor Knot, est un ancien Maktoum qu’il avait acheté yearling 260.000 Guinées à son éleveur Tally Ho Stud. Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais c’est un fils de Pivotal qui défendait les couleurs de Godolphin pour qui il avait gagné deux groupes 3, l’un à deux ans (Solario St.), l’autre à cinq ans (Darley St. à Newmarket).
En 2008, l’année suivant son dernier succès, il prendra la direction de l’Irlande où la saillie se négocie à 4.000 Euros la première année puis il est « private » au bout de la troisième saison. Cette année, le prix de saillie est tombé à 1.500 Euros.
Epouse de Noel, Miriam O'Callaghan reçoit le trophée après la victoire d'Alexander Goldrun dans la Hong Kong Cup.
L’hôtelier irlandais avait acheté Alexander Goldrun
Noel O’Callaghan est un irlandais de 66 ans, propriétaire, entre autres, d’une ou plusieurs chaînes d’hôtels implantés en Irlande, aux USA (Maryland) et même à Gibraltar. Dans le monde hippique, il s’était fait remarquer à une époque, pas si lointaine, après avoir acheté, foal, une pouliche, aux origines Wertheimer, qu’il nommera Alexander Goldrun....Il l’avait payée 40.000 Livres irlandaises chez Goffs. Noel s’était offert un haras en Irlande, Mountarmstrong Stud, qui a fait naître, en 2012, le premier produit d’Alexander Goldrun, un poulain de Galileo, vendu yearling 950.000 Guinées. En 2014, elle met au monde une fille de Frankel. Noel l’a vendra yearling pour 1.700.000 Euros lors des ventes de Goffs (le second top-price de la session). L’acheteur, Michael Wallace agissait pour le compte de Teo Ah King (China Horse Club), qui la nommera Goldrush. Depuis, Alexander Goldrun a pouliné en 2015 d’une femelle de Shamardal.
Pour l’anecdote, tous ses pensionnaires portent l’affixe Alexander, du nom d’une de ses chaînes hôtelières.
Notes :
-Rossenarra Stud appartient, depuis une cinquantaine d’années, à la famille McEnery qui a élevé, entre autres, Dick Turpin ou le champion sauteur Red Rum.
-La sœur de Noel O’Callaghan, Gerarda, a épousé Ted (Timothy) O’Leary. De cette union naîtra un certain Michael, le futur patron de Ryanair et gros propriétaire équin. Noel est donc son oncle.
Par ailleurs, un homonyme irlandais de Noel Callaghan est décédé en mai 2013 à 77 ans. Il n’a aucun lien de parenté avec le propriétaire d’Asidious Alexander. Après avoir travaillé pour Tim Vigors, l’homonyme avait, dans les années 60, fondé, avec Tom Cooper (père d’Alan), la British Bloodstock Agency irlandaise.