Grand Cross de Vittel 2017 : Hadès des Mottes, un 12 ans d'enfer
Hadès des Mottes à 3 ans avec son éleveur Joël Poirier en 2008.
Il a gambadé sur son parcours préféré de Vittel, pourtant distant de 700 kms de sa base de Dragey dans la Manche. Mais Hadès des Mottes, depuis qu'il est arrivé chez Patrice Quinton en 2014 à l'âge canonique de 9 ans, a fait de cet hippodrome atypique son jardin. Vainqueur du Grand Cross de la célèbre ville d'eau la même année, il y a couru 9 fois depuis 3 ans et y remporte son 5e succès ce 23 juillet 2017 pour cette 2e victoire dans le Grand Cross, associé à Thomas Beaurain. Il atteint ainsi les 10 victoires en 38 courses, et 200.000 € de gains. Tout semble facile et dessiné comme dans une Bd pour enfants pour ce sauteur d'exception, mise à part 2 chutes malheureuses dans le Grand Cross de Vittel 2016 et le Grand Prix de Mérano 2015, à chaque fois alors qu'il s'annonçait au premier plan. Pourtant il a failli mourir au moins 2 fois.
Bien né, neveu de Satan des Mottes, un vainqueur du Prix Cambacérès (Gr.1) et frère cadet de Négus des Mottes qui a gagné le Grand Steeple de Suisse, Hadès des Mottes a débuté sa carrière chez François Nicolle. Bon 3e en débutant dès l'été de ses 3 ans à Royan (VOIR CI-CONTRE), ce cheval tellement gentil qu'il en semble faible court de plus en plus mal ensuite. et finit à 4 ans par une sinistre 7e place à réclamer à Marseille. Les jambes ont bougé et le cheval maigrelet est de retour chez ses éleveurs Claudie et Joël Poirier (Ecurie des Mottes) qui l'aiment beaucoup, sans raison particulière, mais qui l'aiment beaucoup quand même. Ils décident de lui offrir deux remèdes de grand-mères : un mélange d'onguent rouge et onguent noir à la brosse à dent douce sur les tendons et un double abcès de fixation dans l'épaule. C'est long mais efficace.
Un terrible malaise cardiaque en 2013
Cherchant des chevaux, l'assureur Stéphane Follain, alors propriétaire débutant associé à Eric Lecoiffier, prend Hadès des Mottes en location. Le fils de Rifapour décroche son 1e succès à réclamer à Pontivy à 6 ans en 2011. Il monte les échelons dès qu'il passe en cross, gagne au Pertre, à Craon, au Lion d'Angers. Lui qui avait montré des signes de malaises au terme des courses les plus longues, il cède totalement dans les 500 derniers mètres du Grand Cross de Craon 2013, se met à tituber gravement juste après le passage du poteau. Sinistre grand cross de Craon 2013. A quelques mètres du pauvre Hadès, le roi Chriseti s'est effrondré, mort d'un arrêt cardiaque. Le vétérinaire de service, présent mais scotché à un cheval qui a perdu la vie, est tellement sourd, aveugle et gravement irresponsable, qu'il met 15 bonnes minutes à remarquer qu'Hadès des Mottes est lui en train de mourir, juste devant le public. Il s'est écroulé malgré les efforts d'une dizaine de membres de son entourage qui l'ont soutenu et l'arrose en vain d'eau fraiche. Enfin, le tonicardiaque tant attendu remet le cheval debout, qui repart même au petit trot sous les applaudissements d'un public rassuré.
A cet instant, sachant que ces épreuves laissent des traces terribles, on croit le cheval sauvé mais perdu pour la compétition. Que nenni. Suite à un iatus global entre Follain et Lecoiffier, le brave guerrier reprend le chemin des pistes chez Patrice Quinton, qui prendra garde à ne jamais ramener le cheval sur des parcours aussi exigeants que celui de Craon. Cet ancien souffreteux, faiblard et malchanceux, se met même à avoir de la veine. Fin 2016, il décroche le Grand Cross de Saumur alors qu'il traverse un carambolage à l'avant-dernier obstacle qui balance ses 2 principaux rivaux à terre cul par dessus tête.
Au fait, ce Grand Cross de Vittel était la 10e étape du Championnat de France de Cross-Country. Cela n'intéresse personne. Pourtant, c'est merveilleux le cross.