Unmix, l'ours apprivoisé

10/04/2014 - Grand Destin
Ancien entraîneur public à Maisons-Laffitte, permis d’entraîner à Dragey depuis une douzaine d’années en parallèle à un emploi aux services techniques d’une polyclinique à Avranches, Michel Postic est persuadé de détenir avec Unmix, le récent vainqueur du Prix Murat, un cheval de Grand Steeple-Chase de Paris. Peut-être pas cette année mais en 2015 à coup sûr ! Photos APRH.
« Il avait une force d’ours !! Il était capable de vous ramener des dunes sur la route. C’était no control ! » Michel Postic (en photo ci-contre) parle bien de celui qui vient de remporter le Prix Murat (Gr. 2) à l’issue d’une chevauchée qu’il n’a pu suivre jusqu’au bout en images sur son smartphone depuis son lieu de travail, ne pouvant « se raccrocher » qu’aux seules voix de Gianni Caggiula et Manuela Jollivet depuis le saut du rail-ditch… « Je n’étais pas inquiet pour autant, car je sais qu’il tient et qu’il est capable d’accélérer sur le plat. »
 
Depuis qu’il a rejoint ses boxes - qu’il n’a pas en l’occurrence, puisque ses chevaux vivent dehors, « ils sont dans de grands paddocks avec abris » - Michel Postic n’en finit pas d’être étonné par le fils d’Al Namix et Odyssée du Cellier (par Dear Doctor) qu’il a vu pour la première fois un jour dans les dunes de Dragey. « Il était chez un autre permis d’entraîner qui l’avait récupéré alors qu’il avait précédemment bougé de l’antérieur gauche, et était, d’après ce que j’en sais, en partance pour l’abattoir, garde-t-il comme souvenir avant de récupérer le « grisou » en question. Mais ce permis d’entraîner n’arrivait pas à s’en servir. Le cheval avait passé la ligne rouge. »
 
Retour dans le droit chemin
Formé à l’école du dressage et du concours complet, Michel Postic (59 ans) s’attelle à la tâche avec Unmix, lui qui a découvert l’univers des courses après avoir passé six mois chez Noël Pelat, « une expérience déterminante » qui le conduira jusqu’à prendre sa licence d’entraîneur public à Maisons-Laffitte avant de cesser son activité dans les années 1990 (« c’était la galère ») et de prendre un permis d’entraîner : « Je l’ai monté pendant une semaine avec un gogue commandé afin qu’il soit bien placé et le cheval a compris ce que je lui demandais. Il a compris que tout était récompense. A partir de là, on a pu travailler gentiment et progressivement ».
 
Unmix s’est transformé mais, pour son retour sur un hippodrome au mois de juillet 2013 (il était absent depuis neuf mois) tout ne se passe pas idéalement. « Avant la course, il tiquait à l’ours dans son box, il était fou furieux ! J’ai même cru que son jockey n’allait jamais pouvoir se mettre en selle. » Qu’on était loin du Murat… « Mais j’ai toujours été confiant. Il ne fallait pas se fâcher avec lui. » La victoire d’Unmix la fois suivante sur le steeple de Landivisiau donne raison à Michel Postic. « Je savais alors que j’avais un cheval pour Auteuil. »
 
Direction donc la région parisienne et un retour aux sources. « A l’époque, j’avais eu un excellent cheval, Cupidon, vainqueur du Prix Jacques de Vienne avant de devenir étalon. Après l’avoir eue à l’entraînement, j’avais gardé sa mère comme poulinière sur la volonté de ma femme et j’avais pris une saillie à pas cher (Farid). C’était un cheval extraordinaire ! Si j’avais su l’entraîner… Mais je découvrais, j’apprenais. C’est la vie. »
 
 
Un geste parfait sur le saut pour Unmix
 
 
L’appel de Lestrade ? Une blague !
Vingt ans plus tard, Michel Postic a retrouvé une perle qu’il façonne, « en prenant [mon] temps ». « Aujourd’hui, cela a changé par rapport à l’époque de Cupidon. Le secret, c’est la nourriture. Canter, tout le monde sait faire. La diététique est, elle, hyper-importante. » Un travail qui ne passe pas inaperçu aux yeux de Bertrand Lestrade et de son agent. « La première fois qu’il m’a appelé pour me proposer de monter Unmix, j’ai cru que c’était une blague, franchement ! J’ai rappelé dix minutes après pour lui dire que c’était ok. ».
 
Bertrand Lestrade, en selle sur Unmix, a beau se retourner pour jauger ses adversaires, mais ces derniers sont à 6, 7 et 10 longueurs plus loin
 
 
L’hiver passé au chaud après un succès dans un steeple pour 5 ans et une deuxième place dans un gros handicap qu’« il aurait remporté s’il ne s’était pas retrouvé aussi loin après un mauvais départ », Unmix débute sa saison à Enghien (« il courait très bien même si ce n’est pas un hippodrome pour lui ») avant cette tentative plutôt culottée dans le Prix Murat. « Moi, j’étais très confiant, coupe aussitôt Michel Postic, je pensais bien gagner ! C’est un cheval de Grand Steeple de Paris. » Dès cette année ? « Je ne suis pas pressé, prévient-il. Il n’a rien perdu après sa course. Il est vraiment étonnant. Il faudrait qu’il pleuve beaucoup, beaucoup… Je ne vais pas m’obstiner cette année. Bertrand (Lestrade) a raison, Unmix a encore besoin d’apprendre à mieux se gérer. Il faut voir comment il se comporterait au-delà de 4.400 mètres. Et puis, il a les Drags et un beau programme à l’automne avec les terrains lourds qu’il affectionne. » Avant de répéter : « Il faudrait qu’il pleuve beaucoup, beaucoup… ». D’ici-là, le permis d’entraîner qu’est Michel Postic aura (re)fait une demande auprès de France Galop pour reprendre une licence publique. « Les nouvelles règlementations font qu’il n’y a plus grand avantage aujourd’hui à avoir un permis d’entraîner », estime-t-il même s’il se dit « plus intéressé par les chevaux que par les propriétaires ».

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