Souvenez-vous de Fair Mix, la bonne affaire de Cheltenham
Il aurait pu servir la Nation
Acheté à réclamer à la fin de son année de 3 ans par l’écurie Week-End, l’ancien Fabre/Lagardère Fair Mix a accompli une remarquable carrière de courses de 4 à 6 ans, sous la houlette de Marcel Rolland. Quand l’heure de la reconversion au haras a sonné, à l’été 2004, son entourage a alors sollicité les Haras Nationaux pour qu’il fasse la monte en France. Une délégation des Haras accompagnée d’éleveurs AQPS est ainsi venue « inspecter » le cheval, à Chantilly chez son entraîneur.
Fair Mix sous les couleurs de l'écurie Week End
Verdict de la commission ? Fair Mix ne présentait aucun intérêt, compte tenu de ses origines américaines et de son modèle (sic !) dans l’optique d’en faire un étalon de croisement ! Aucune offre, y compris la plus faible, est parvenue.
C’est comme cela que Fair Mix s’est retrouvé sur le marché, étant finalement vendu par le biais de Jean-Pierre Deroubaix en Angleterre, pour intégrer Shade Oak Stud où il est basé depuis 2005. Dès sa première année de production, Fair Mix est l’auteur d’un sacré pied de nez à ses détracteurs français, ayant donné naissance au champion Simonsig, vainqueur ce mercredi 13 mars de l’Arkle Champion Chase après avoir gagné en 2012 le Novice Hurdle, deux Groupe I phares de Cheltenham. C’est d’ailleurs la première fois qu’un étalon basé en Angleterre réalise un tel exploit ! Evidemment, aujourd’hui, ceux qui ont cru en lui se frottent les mains… En 2012, Fair Mix a en effet été marié à plus de 80 juments et devrait être encore nettement plus sollicité cette saison, son prix de saillie restant abordable, à 2 500 £.
Comprenne qui pourra… Fair Mix présentait bien des atouts pour réussir comme étalon de croisement en France.
Simonsig
Un palmarès de premier plan
Sa carrière avait été exemplaire tout d’abord, puisqu’il s’était imposé à huit reprises en 24 sorties, sur des distances allant de 1 600 à 2 500 mètres, de 3 à 6 ans… Le cheval avait donc fait preuve de longévité et de régularité, s’imposant d’ailleurs au niveau Groupe I dans le Prix Ganay 2003 (devant le très bon Falbrav) et à deux reprises dans la Coupe de Maisons-Laffitte, à chaque fois sur 2 000 mètres, une distance intermédiaire pourtant assez recherchée. Sa 4e victoire de Groupe avait été acquise à Dubaï, dans la préparatoire au Sheema Classic où il s’était promené. Malheureusement, le jour « J », dans le Groupe I dont il était le grandissime favori, Fair Mix avait tiré un numéro à l’extérieur dans les stalles de départ, s’était retrouvé parqué à l’extérieur tout en tirant beaucoup, perdant son influx avant de terminer tout de même sixième. Trois mois plus tôt, également malheureux dans le Hong Kong Vase, il était venu échouer de peu à la cinquième place.
Fair Mix étalon dans à Shade Oak Stud en Angleterre
Son palmarès parlait donc pour lui, de même que son joli modèle et son épaisseur, ainsi que son caractère (il était doux et très facile à entraîneur). Ses détracteurs ont préféré lui reprocher son manque d’ossature (qui était toute relative) au niveau de ses membres ainsi que des aplombs pas à 100% parfaits.
Côté papier paternel, on aurait pu penser que les Haras Nationaux saisiraient l’opportunité d’entrer ce fils de Linamix, l’étalon tête de liste Français, fonctionnant alors à 45 000 euros dans le privé. A cette époque, il n’y avait en effet sur le marché aucun fils de Linamix de son calibre à savoir gagnant de Groupe I , si ce n’est Al Namix et Fragrant Mix. Le très solide pedigree maternel de Fair Mix (sa 2e mère était par Mr Prospector) et le fait que la souche soit très vivante, n’ont pas suffi, non plus… « Trop américain » sans doute…
C’est ainsi que l’année même (2005) où Martaline, lui aussi fils de Linamix, est entré au haras en France, dans le privé, Fair Mix était exporté.
Aujourd’hui, l’on sait que ces deux étalons à la robe grise sont des améliorateurs sur le plan de l’obstacle. Le premier cité a terminé (déjà) 4e au palmarès des reproducteurs d’obstacle en 2012, en France. Le second fait rêver les éleveurs anglais, dans l’espoir de produire un jour un champion de Cheltenham, de la trempe de Simonsing.
C’est tant mieux pour Martaline et le haras de la Reboursière et de Montaigu. C’est tant pis pour les Haras Nationaux dont la mort était sans doute déjà programmée à l’époque, à plus forte raison quand on commet de telles erreurs de bon sens.
Chevaux | Père de mère | Vict. | Places | Courses | Gains (£) |
Simonsig | Terimon | 8 | 1 | 9 | 248,772 |
Chicklemix | Oats | 3 | 7 | 21 | 14,487 |
Greywell Boy | Rakaposhi King | 2 | 3 | 9 | 13,688 |
Seren Gris | Gorytus | 2 | 1 | 4 | 4,433 |
Todareistodo | Gunner B | 2 | 3 | 15 | 5,178 |
Fair Loch | Ardross | 1 | 1 | 3 | 2,04 |
Knockalongi | In The Wings | 1 | 5 | 7 | 4,153 |
Laflammedeglorie | Brush Aside | 1 | 1 | 6 | 2,952 |
Lucky Mix | Netherkelly | 1 | 2 | 9 | 3,821 |
Mixologist | Supreme Leader | 1 | 3 | 4 | 3,103 |
Photo de famille