Les archives France Sire : les princesses de l'Aga Khan dans le Prix de Diane

12/06/2024 - Grand Destin
Depuis 1921 et l’arrivée dans les courses de l’Aga Khan III, la casaque princière est devenue la plus prestigieuse et historique du galop français. Longtemps le Prix de Diane a résisté à l’Aga Khan, avant que Shemaka ne devienne en 1993 la première des 7 lauréates de Diane pour l’écurie princière. 

   Le Prince Aga Khan tenant le trophée du Prix de Diane accompagné par Gérald Mossé et Alain de Royer-Dupré ©APRH


Pour la 175e édition du Prix de Diane, l’écurie du Prince Aga Khan présentera Candala, qui s’élancera parmi les favorites. Cette lauréate du Prix de la Grotte (Gr.3) a fait l’impasse sur la Poule d’Essai des Pouliches, et arrivera avec de la fraicheur dans les « Oaks françaises ». La fille de Frankel a l’occasion d’offrir un deuxième sacre dans la course à Francis-Henri Graffard, mais surtout un 8e au Prince Aga Khan, déjà recordman de succès. Si sur la période s’étendant des années 60 à 90, la casaque verte épaulettes rouges a surtout brillé dans les Classiques pour poulains (Derby anglais et irlandais, Jockey Club, Poule), depuis le début des années 90, la tendance s’est inversée. En effet, depuis, les demoiselles ont repris le pouvoir, et les princesses de l’Aga Khan ont remporté 17 Classiques sur la période contre 8 pour les mâles.
 
 
Candala deviendra t-elle la huitième ? ©APRH
 
 
1993 : Shemaka brise la glace
 
Après avoir débuté sa carrière d’entraîneur dans l’Ouest, Alain de Royer Dupré se rend à Chantilly en 1981 pour rejoindre le légendaire François Mathet, alors entraîneur des chevaux du Prince, avant de lui succéder deux ans plus tard. Quelques mois après sa prise de fonction, Alain de Royer Dupré selle victorieusement Darshaan dans le Prix du Jockey Club. Puis Mouktar l’année suivante, et Natroun en 1987. Cependant, le pendant du Jockey Club pour les femelles, à savoir le Prix de Diane résiste toujours aux Aga Khan. Masarika remporte la Poule 1984 mais n’a pas la tenue nécessaire pour les 2100 mètres cantiliens. Quelques saisons plus tard, Behera remporte le Saint Alary, mais ne sera pas au départ du Diane à cause d’un contretemps physique.
 
 
   Alain de Royer Dupré a offert 6 des 7 Prix de Diane au Prince Aga Khan ©APRH
 
 
Quatrième dans le Prix des Marettes en août à Deauville, Shemaka perd son statut de maiden lors de sa sortie suivante en fin de meeting. A l’automne, elle bat de bons mâles dont Marchand de Sable dans le Prix de Condé (Gr.3). Pour sa rentrée à 3 ans, elle ne peut faire mieux qu’une 5e place dans le Prix Cléopâtre (Gr.3). Ultra dominatrice chez les pouliches de 3 ans, la Fabre Intrepidity est finalement orientée vers les Oaks (qu’elle remporte). Ce Prix de Diane 93 s’annonce alors ouvert. Associée à Gérald Mossé, le premier jockey de la maison, Shemaka parvient à l’emporter d’un nez seulement devant Baya. Ce Prix de Diane qui résistait à la famille princière depuis tant d’année est enfin là.
 
 
   En 1993, Shemaka débloque le compteur dans le Diane ©APRH
 
 
1997-98-99 : un sensationnel triplé
 
Shemaka aura été une sorte de déclic et lors de la deuxième moitié des années 90, on ne verra que du vert et rouge à Chantilly début juin. La plupart des souches Aga Khan étant orientées vers le classicisme, les élèves maison ont souvent été préservés par Alain de Royer Dupré dans leur jeunesse. Ce fut le cas avec Vereva, qui avait en plus été victime de problème de toux durant l’hiver, retardant ses débuts au mois d’avril de ses 3 ans, soit seulement 5 semaines avant le Diane. Auréolée de deux succès en deux sorties, elle est l’X de la course. Ce Prix de Diane 97 s’annonce palpitant et très relevé. Pour cause, les trois gagnantes des Grs.1 de sélection pour femelles (Critérium, Poule et Saint Alary) sont au départ. Elles devront finalement s’avouer vaincu face à l’accélération foudroyante de Vereva.
 
 
 Vereva : d'inconnue à championne en 5 semaines ©APRH
 
 
L’année suivante, l’écurie Aga Khan est une nouvelle fois très bien armée avec ses pouliches, puisqu’elle possède en son sein Zainta, la gagnante du Prix Saint Alary, et Zalaika la lauréate de la Poule. Alors qu’elles étaient toutes les deux partantes probables dans le Diane, Alain de Royer Dupré privilégie finalement la candidature de l’invaincue en quatre sorties Zainta. Annoncée comme une pouliche d’un « autre type » par son entourage, Diamonixa s’échappa alors qu’elle était en main un après-midi dans l’écurie Fabre et s’accidenta mortellement. Cette absence ajoutée à celle des anglo-irlandaises semblait laisser la voie libre à Zainta. Le succès ne fut cependant pas si aisé puisqu’elle dût s’arracher pour placer sa tête devant Abbatiale au passage du poteau.
 
 
 Zainta du minimum en 1998 ©APRH
 
 
A l’image de Vereva deux années plus tôt, Daryaba foule le gazon d’un hippodrome pour la première fois fin avril 99, où elle est devancée par Shabby Chic, future placée de Gr.1 aux USA. Après son succès obtenu dans une « Course B », la fille de Night Shift se présente au départ d’un Prix de Diane ultra ouvert où la moitié des pouliches au départ sont inscrites sous la barre des 10/1. Malgré son numéro tout à l’extérieur, Daryaba se retrouva en tête menant à une allure très modérée, sur une piste souple. Dans la ligne droite finale, Gérald Mossé lança sèchement sa partenaire qui répondit parfaitement. Seule Star of Akkar fut en mesure de la suivre, sans pour autant contester sa supériorité.
 
 
 Trois Diane de suite grâce à Daryaba ©APRH
 
 
2008-10-12 : l’extraordinaire Zarkava, la belle Sarafina et la regrettée Valyra
 
Après le remarquable « coup du chapeau » de la fin 90, l’Aga Khan va connaitre une décennie moins glorieuse avec ses pouliches de 3 ans. Et ce jusqu’à 2008 et l’avènement d’une superstar. Facile lauréate du Prix Marcel Boussac (Gr.1) à 2 ans, Zarkava semble avoir tout d’une pouliche qui sort de l’ordinaire. Lauréate de la Poule devant Goldikova, une autre future légende de notre sport, Zarkava fait figure d’épouvantail dans le Diane. Comme à chaque sortie, la fille de Zamindar réalise une démonstration. Montée comme souvent les chevaux d’Alain de Royer Dupré le sont, à savoir dans le dernier tiers du peloton en épaisseur, Zarkava est venue en pleine piste dans un canter à 350 mètres du poteau. Le reste de la ligne droite se passe de commentaires. La diva du galop français réalisait le difficile triplé Boussac-Poule-Diane, offrant au Prince Aga Khan une cinquième couronne dans l’épreuve.
 
 
   La reine Zarkava ©APRH
 
 
Deux ans après l’inoubliable Zarkava, la casaque princière brilla une nouvelle fois. A l’inverse de sa glorieuse aînée, Sarafina ne fut pas vue à 2 ans. Après son succès dans une course d’inédits le 3 mai, la pouliche monta de dix échelons d’un coup en s’adjugeant 20 jours plus tard le Prix Saint-Alary sous la selle de Gérald Mossé. Trois semaines plus tard, c’est Christophe-Patrice Lemaire le premier jockey de la maison qui sera en selle. Encore inconnue quelques semaines auparavant, Sarafina est la pouliche à battre dans ce Diane à 9 partants seulement. Montée exactement comme Zarkava, Sarafina est venue passer sur la main de  Zagora avant de filer vers un facile succès. Dans l’Arc, elle ne parviendra pas à imiter la reine, concluant au troisième rang après avoir été ultra malheureuse dans la fausse ligne droite.
 
 
  Sarafina et C-P Lemaire en 2010 ©APRH
 
 
Pour le septième sacre de l’Aga Khan dans le Diane, dans la colonne entraîneur, ce ne fut pas le nom d’Alain de Royer Dupré qui était inscrit, mais celui du palois Jean-Claude Rouget. Chaque année, les équipe du Prince envoyaient les yearlings de premier choix à Chantilly, et ceux jugés « inférieurs » étaient envoyés chez Jean-Claude Rouget. Qui, lors des débuts victorieux de Valyra à Bordeaux, aurait pu prédire sa victoire dans le Diane deux mois plus tard ? Parmi le peu de ces croyants figurait Jean-Claude Rouget. Après un nouveau succès dans une Course D à Chantilly, le metteur au point a insisté auprès des équipes du Prince pour supplémenter la pouliche dans le Diane contre la somme de 55 000 €. Un pari osé en apparence, mais qui se transforma en coup de génie. Sous la selle de Johnny Murtagh, la fille d’Azamour domina la grande Beauty Parlour. Malheureusement, cette pouliche dont les limites étaient toujours inconnues s’accidenta tragiquement à l’entraînement. 
 
 

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