Une belle anecdote sur Sottsass by Jacques Yesse
Quelques jours après le Jockey Club, Frédéric Ponthier, le garçon de voyage de l'écurie gagnante, était à la Une du Paris-Turf. Tout son entourage, et nous également, on était super content et fier pour lui. Un superbe entretien où il parle de son métier, de sa passion, et de la joie de gagner cette course légendaire en tant que garçon de voyage du poulain couronné. Mettre en avant tous les membres de l'équipe, c'est la moindre des reconnaissances vu le boulot qu'ils fournissent. Dans des conditions qui ne sont pas toujours très confortables.
C'est aussi ce que j'essaye de faire à travers beaucoup de mes photos. Pour qu'ils aient des souvenirs du résultat de leur travail, une fois que leur champion est sur l'hippodrome.
Car malheureusement, tous ne peuvent pas l'accompagner le jour où il court. Soit parce que l'organisation de l'écurie ne le permet pas, soit parce que l'entraîneur considère que ce n'est pas sa place. Pourtant, quand ils sont là, croyez-moi, c'est fantastique de les observer. C'est là qu'on réalise le degré d'intimité entre eux et leur partenaire, et leur intense implication dans la réussite de ce dernier. Il y a son propriétaire officiel, mais celui qui partage sa vie au quotidien, c'est un lien peut-être encore plus fort.
Moi j'ai une chance énorme car grâce à mes photos, je peux faire leur connaissance et ce sont des rencontres très agréables. Je reçois souvent des messages de ces cavaliers qui souhaitent récupérer des photos de leur protégé. Certains ont une façon tellement particulière de le demander, que je devine qu'ils ont un crack entre les mains le matin ou bien qu'ils veulent un maximum de souvenirs de leur cheval de coeur.
Je vais vous raconter ce qu'il m'est arrivé, il y a plusieurs semaines, à Saint-Cloud. Je traîne souvent du côté des écuries, pour voir marcher les chevaux, dire bonjour aux copains, observer l'agitation près des boxes. J'adore ça tout autant que d'assister aux courses.
Ce jour-là, "Ponpon" (c'est le surnom de Frédéric Ponthier pour ceux qui ne le savent pas), de l'écurie de Jean-Claude Rouget, est avec un garçon que je ne connais pas. Ils accompagnent un cheval que je connais pas non plus, avec une selle de cavalier. Leur seul partant de la réunion est bai, et celui-ci est alezan. Je m'étonne. Et puis je comprends qu'ils sont là juste pour habituer le cheval à l'hippodrome, à l'ambiance des courses, à croiser d'autres chevaux, des turfistes même peut-être :
Donc j'ignore le nom du cheval, puisqu'il n'est pas sur le programme.
Quelques jours après, je reçois un message. Quelqu'un me demande si j'ai des photos de l'alezan avec lui ce jour-là. Oui, j'en ai. Que l'entraîneur ait pris la peine de l'amener jusqu'à Saint-Cloud alors qu'il ne courait pas, j'avais trouvé cela tellement professionnel, cela avait attiré mon attention.
J'envoie les photos demandées, et je n'y pense plus. Sans me vanter, j'ai beaucoup de demandes et parfois je ne les note pas.Vous avez deviné qui était ce cheval ? Vous avez deviné qui me demandait des photos ?
Voici les deux courtes phrases échangées via messenger avec Pierre Graux, le cavalier d'entraînement de Sottsass. "Est-ce bien lui le cheval dont vous vouliez des photos ? " "Oui, on aura l'occasion d'en refaire le jour du Jockey Club".
C'était plusieurs semaines avant la course. C'était avant sa victoire dans le Prix de Suresnes. Son cavalier d'entraînement était déjà à fond sur son objectif. Je pense qu'il y croyait déjà. Alors j'espère qu'après le Prix de Diane, ce sera au tour du cavalier d'entraînement de la lauréate d'avoir sa photo à la Une du Paris-Turf.
Parce que le jour J, celui de la victoire, c'est le jockey qui est à l'honneur. Mais n'oublions pas le cavalier qui est là tous les autres jours. Il ou elle méritera que la gloire lui retombe aussi dessus. Comme sur toute l'équipe.
En tous cas, s'il n'a pas sa photo dans le Paris-Turf le lendemain, j'essayerai de l'avoir, moi !
Bonne chance à tous les cavaliers d'entraînement qui auront une pouliche dimanche dans le Prix de Diane, et qui seront sûrement aussi stressés que le propriétaire et l'entraîneur.
Et encore bravo à Pierre Graux d'avoir si bien préparé Sottsass pour gagner le Jockey Club.
Texte et photo de Jacques Yesse - publié le 12 juin sur la page Facebook du même nom