Poules d'Essai des Poulains: Victor Ludorum, au nom du père Shamardal
Victor Ludorum, un régal pour tous les passionnés de courses ! (APRH)
Pourtant avare de paroles, André Fabre aurait déclaré cet hiver que son pensionnaire Victor Ludorum lui faisait penser à un certain Mill Reef, une véritable légende des courses, gagnant des plus belles épreuves du circuit classique. Alors qu'il n'a jamais couru plus long que 1600m, Victor Ludorum vient de se propulser dans une toute nouvelle sphère en remportant cet après-midi la Poule d'Essai des Poulains avec la désinvolture des très grands. Oubliée, la rentrée décevante dans le prix de Fontainebleau, cette fois, il n'y en a eu que pour le cheval de Cheikh Mohamed Al Maktoum. Victor Ludorum, c'est l'intelligence même du crack, qui ne crache pas tout son feu sur la piste, mais mesure tranquillement les ressources de ses adversaires, sublimé par Mickael Barzalona. Monté dernier toute la ligne droite, il dégage une formidable impression de sérénité et de puissance aux 600m, lorsqu'il vient, sur la main, passer en revue le peloton, pour au final gagner de 2 longueurs, mais avec le panache de ce qu'on voit finalement rarement sur une piste : un avion à réaction.
Une 8e Poule d'Essai des Poulains pour André Fabre ! Que dire de plus ? Les superlatifs manquent pour décrire le maître entraîneur à sa juste valeur... Même s'il n'a jamais vu les 2400m, Victor Ludorum est déjà l'un des favoris de l'Arc de Triomphe, et a alimenté toutes les spéculations cet hiver, jusqu'en Angleterre. Invaincu à 2 ans en 3 courses, dont le Jean-Luc Lagardère, il faisait alors partie de l'extraordinaire vague de 2 ans de Shamardal, génie incompris pendant des années, qui montait enfin dans la lumière qui lui revenait de droit. En effet, Shamardal, outre le champion sprinter Blue Point, avait sorti en 2019 le trio des meilleurs 2 ans européens voire mondiaux, avec notre gagnant du jour, mais aussi les invaincus Earthlight et Pinatubo, tous élevés par Godolphin. Ce dernier est l'immense favori des 2000 Guinées qui se disputent samedi. Shamardal, auréolé de ce triomphe, est malheureusement disparu au firmament en 2020, une fin théatrale pour un cheval qui l'a toujours été...
Shamardal, le génie à grosse tête n'a pas fini de marquer son temps
Issu de Giant's Causeway et d'une soeur de Street Cry, Shamardal est né affublé d'une énorme tête de trotteur, et surtout avec la maladie du chien, un diagnostic qui l'aurait normalement condamné à l'euthanasie. Miraculeusement rétabli, il deviendra le champion que l'on sait, gagnant des Dewhurst Stakes (Gr.1) à 2 ans, avant de signer le tryptique Poule D'essai/Jockey-Club/ St James Palace Stakes à 3 ans en 2005. Au haras, il a mis du temps à être apprécié par les éleveurs, car la plupart de ses produits étaient signés du père avec une grosse tête. Pourtant, la piste a parlé d'elle-même, avec la réussite immédiate de ses produits, dont Lope de Vega, considéré par André Fabre comme un des meilleurs chevaux qu'il ait entraîné, et qui est aujourd'hui un étalon remarquable.
Victor Ludorum est atypique dans son pedigree, car il est, comme aime à le dire notre cher Thierry Grandsir, issu d'un inbreeding "formule 1". En effet, sa mère Antiquities, fille du très bon Kaldounevees, est elle-même une cousine de Shamardal, avec la même grand-mère la championne, Helen Street (Irish Oaks) ....Osé, mais ça marche du tonnerre, avec un Victor Ludorum qui se dirige tout droit vers le prix du Jockey-Club, prêt à faire résonner le nom de son génie de père pour l'éternité, puisqu'il a déjà une place toute tracée au haras.
Une 8e Poule d'Essai des Poulains pour André Fabre, une 1ère pour Mickael Barzalona (APRH)