Breeders' Cup Classic: Authentic et Bob Baffert contre vents et marées
Authentic et John Velazquez, grands vainqueurs de la Breeders' Cup Classic (Gr.1) 2020 (© Forbes)
Ce n'est décidément plus à prouver : 2020 est une année très compliquée pour tout le monde. Plus particulièrement pour Bob Baffert, une légende parmi les légendes chez les entraîneurs d'outre-Atlantique et qui a sa place depuis belle lurette maintenant au "Hall Of Fame" des courses américaines. Un metteur au point d'exception pour qui le Coronavirus n'aura été qu'une petite goutte de l'immense marée noire dans laquelle il s'est retrouvé cette année. Cette année avait justement commencé de la pire des manières pour le mentor d'American Pharoah et Justify, deux gagnants de la Triple Couronne américaine (Kentucky Derby - Preakness Stakes - Belmont Stakes) avec la perte tragique de deux autres de ses champions et chevaux de coeur, à savoir War Emblem, vainqueur du Kentucky Derby (Gr.1) en 2002, ainsi qu'Arrogate, le cheval de courses le plus riche de l'Histoire avec plus de 17 millions de $ de gains au compteur, notamment grâce à ses victoires dans la Pegasus World Cup (Gr.1) et dans la Dubaï World Cup (Gr.1) en 2017.
Bob Baffert retrouve le sourire après la victoire cette année d'Authentic dans la Breeder's Cup Classic (Gr.1) (© The Spectrum)
À ces pertes tragiques s'ajoutent l'arrêt de la carrière sportive pour blessures de deux de ses principaux fers de lance chez les 3 ans, Nadal et Charlatan, lauréat chacun de l'un des deux pelotons de l'Arkansas Derby (Gr.1) au printemps dernier et grands espoirs de leur entraîneur pour le Kentucky Derby (Gr.1)... juste avant que le dernier cité ne soit débouté de la plus haute marche du podium pour avoir été testé positif à la lidocaïne, un anesthésique local. Une substance prohibée également retrouvée le même jour (le 02 mai, ndlr) et sur le même hippodrome d'Oaklawn Park dans l'organisme de Gamine, une autre représentante de Bob Baffert, qui lui a valu elle-aussi d'être disqualifiée à son tour. Malgré le fait que les quantités de ces produits soient pour le moins infimes et imputables, aux dires de l'entraîneur et de ses avocats, à la négligence du personnel de l'écurie et à l'éternel problème des délais de rémanence, cette accumulation de problèmes les uns après les autres auront suffi à faire vivre un enfer à Bob Baffert en 2020.
Arrogate (à droite), l'un des grands champions entraînés par Bob Baffert, malheureusement décédé un peu plus tôt cette année (© America Best Racing)
Un ciel de tempête, parsemé de lourds nuages noirs, qu'est venue balayer une éclaircie nommée Authentic, en offrant à son mentor un quatrième succès - record en cours - dans la Breeders' Cup Classic (Gr.1), après Bayern (2014), American Pharoah (2015) et Arrogate (2016) ce samedi soir, du côté de Keeneland, aux États-Unis. Associé au crack-jockey portoricain John R. Velazquez, le fils d'Into Mischief s'est imposé à la manière des forts, soit d'un bout à l'autre du parcours, repartant très bien à 400 mètres du but lorsque son compagnon d'entraînement, Improbable (City Zip), est venu à sa hanche. Ce dernier termine à la deuxième place, deux longueurs plus loin, tandis que Global Campaign (Curlin) se montre courageux pour préserver le second et dernier accessit de cette prestigieuse épreuve.
Revivez la victoire d'Authentic dans la Breeder's'Cup Classic
Poulain de 3 ans élevé par Peter E. Blum Thoroughbreds Llc., Authentic est le quatrième produit de Flawless, lauréate en débutant à 3 ans avant d'entrer au haras dès sa deuxième sortie, et rachetée 4.100.000$ par son entourage, pleine à nouveau d'Into Mischief, il y a deux jours, à l'occasion de la dernière vente de novembre de Fasig-Tipton, à Lexington, aux États-Unis. Jamais plus loin que deuxième en sept sorties publiques, comptant notamment cinq victoires dont trois Gr.1,
Authentic a, semble-t-il, fait preuve de mauvais vouloir à l'issue de ses deux deuxièmes places acquises dans le Santa Anita Derby (Gr.1) ainsi que dans les Preakness Stakes (Gr.1), alors qu'il en était le grandissime favori, refusant de s'empoigner alors qu'il se trouvait à côté de plusieurs concurrents autour de lui. Une impression partagée par son entraîneur, Bob Baffert, à nos confrères du Racing Post (CLIQUEZ ICI POUR LIRE L'ARTICLE): "Nous étions très déçus après les Preakness Stakes et j'étais même assez surpris de son comportement. Mais c'est un cheval qui a du caractère. Il était remarquable le matin à l'entraînement depuis, et John Velazquez le connait sur le bout des doigts. Il a réussi à le mettre dans sa bulle et à aller à le faire galoper d'un bout à l'autre du parcours. Il est de mieux en mieux et a fait plus que bonne figure face aux chevaux d'âge. Il est tout simplement incroyable et je suis vraiment très content pour tout son entourage. J'aurais bien entendu aimé terminer 1-2-3 (Maximum Security terminant cinquième, ndlr), mais je suis vraiment très fier de mes chevaux. Je ne pouvais espérer mieux terminer l'année, surtout après tout ce que nous avons traversé. J'adore ce sport. C'est incroyable. C'est un grand jour ! Mais tout à fait entre nous, j'en avais un peu besoin, n'est-ce-pas ? ".
John R. Velazquez, partenaire d'Athletic ce samedi, et jockey d'exception au Pays de l'Oncle Sam (© Telegram)
Le visage radieux sous ses sempiternelles lunettes fumées suite à son dix-septième succès dans une épreuve de la Breeder's Cup, Bob Baffert avait déjà retrouvé le sourire un peu plus tôt dans la journée grâce aux succès de Gamine dans la Breeders' Cup Filly & Mare Sprint (Gr.1), avec déjà John R. Velazquez en selle, jockey le plus capé dans les épreuves de la Breeders's Cup avec un dix-huitième succès acquis ce week-end ! Revenu sur la course d'Authentic, ce dernier a déclaré à la presse anglo-saxonne: "Je remercie Dieu et toute l'équipe de Bob Baffert. Plus je vieillis et plus je deviens émotif ! Cela s'est passé comme dans un rêve. Bob m'avait dit de prendre la tête rapidement afin qu'il ne se soucie pas de ce qu'il y a autour de lui et qu'il se concentre seulement sur le fait de galoper. Cela a bien fonctionné. Il a fait exactement tout ce que je lui ai demandé de faire".
Into Mischief, le père d'Authentic, étalon à la Spendthrift Farm du milliardaire américain, Wayne Hughes (© Spendthrift Farm)
Un succès qui a également fait la joie des quelques 5.300 actionnaires de Myracehorse Stable, embarqués dans l'aventure du propriétariat grâce au célèbre hommes d'affaires et milliardaire américain, Wayne Hughes, propriétaire d'Authentic et de la Spendthrift Farm, dans le Kentucky, où est stationné le père de ce dernier, Into Mischief. Un fils d'Harlan's Holiday gagnant de Gr.1 à 2 ans qui fera la monte à 225.000$ en 2021, contre 175.000$ cette année, et qui sera rejoint l'an prochain par son fiston, Authentic, quatrième cheval de l'Histoire à remporter la même année Kentucky Derby (Gr.1) et Breeders' Cup Classic (Gr.1) après les cracks Sunday Silence (1989), Unbridled (1990) et American Pharoah (2015), qui lui débutera au tarif de 75.000$. Si ce dernier venait à saillir régulièrement 200 juments par an comme son père, qui a rencontré 248 soupirantes cette année, nul doute que les actionnaires de My Racehorse Stable, également associés sur la carrière au haras d'Authentic, ont trouvé là un invesstissement tout aussi rentable que les masques et le gel hydroalcoolique en 2020 !
Wayne Hughes, propriétaire d'Authentic et de la Spendthrift Farm (© Thoroughbred Daily News)