Michael Roberts et Piere Strydom : triomphe des anciens dans le Cape Derby en Afrique du Sud

 

Ce samedi, à plus de 12 000 kilomètres de la France, se disputait le Cape Derby sur l’hippodrome de Kenilworth en Afrique du Sud. Un évènement populaire qui dépasse la simple sphère des suiveurs de courses, puisqu’en plus du spectacle en piste le public a pu profiter d’un festival de jazz sur l’hippodrome, avec certains des plus grands artistes du pays. Avant le coup, la victoire semblait promise au champion Charles Dickens, entraîné par Candice Bass-Robinson (lire l’article réalisé sur place en 2018). Mais les courses réservent toujours leurs lots de surprises. La victoire est finalement revenue à See It Again, sous la selle du vétéran Piere Stydom, 56 ans !

 

 

 

 

L’année 2023 sera une année particulière car elle de la retraite des légendaires jockeys Frankie Dettori (52 ans), le brésilien Joao Moreira (39 ans) et du japonais Yuichi Fukunaga (46 ans). Piere Stydom lui se sent encore frais comme un gardon. Celui que l’on surnomme « Striker » (terme pour désigner l’avant-centre au football), a encore fait étalage de toute sa classe en filant le grandissime favori (à 1.2/1) Charles Dickens dans la dernière ligne droite pour venir l’ajuster sur le poteau, le tout sans utiliser la cravache. Stydom possède un palmarès exceptionnel, avec plus de 5000 victoires, et 6 titres de Champion Jockey.  

 

  Piere Stydom (à gauche), en compagnie de Frankie Dettori et de vedettes locales

 

 

L’histoire est d’autant plus belle que See It Again offre un premier Gr.1 à son entraîneur Michael Roberts, à l’âge de 69 ans. Comme Stydom, Roberts a lui aussi été une légende des pelotons, totalisant pas moins de 11 cravaches d’or. Le sud-africain aura été un pionnier, car si plusieurs des plus fines cravaches du pays ont su s’exporter avec succès à l’international, personne n’avait réussi à s’imposer en Europe. Dans les années 80, alors qu’il dominait allègrement dans son pays, Roberts décida de tenter l’aventure en Angleterre. Là-bas, rien ne fut simple, mais, de par sa capacité de travail, le pilote va réussir à se faire une place. Sa vie changera lorsqu’il va remporter les Eclipse Stakes (Gr.1) avec Mtoto, pour Alec Stewart, l’entraîneur qui aura été le premier à lui donner sa chance en arrivant sur le Vieux-Contient.

 

 

 Michael Roberts avec son champion Mtoto

 

 

En 1992, 10 ans après son arrivée, Roberts devient le tout premier jockey étranger des temps modernes (excepté en Irlande) à décrocher la cravache d’or anglaise. L’année suivante, il devient premier jockey pour le Cheikh Mohammed Al Maktoum. Homme de défi et grand voyageur, Roberts va également s’expatrier un temps au Japon, où il va notamment remporter la Japan Cup avec l’allemand Lando. A 49 ans, après une lourde chute à Wolverhampton, il se fracture les vertèbres, et met ainsi un terme à sa carrière de jockey. Roberts rentre alors au pays mais ne s’installe pas comme entraîneur, mais comme éleveur de bovins. Ce n’est que 4 ans plus tard qu’il va sauter le pas et devenir entraîneur. Installé à l’est du pays dans le KwaZulu-Natal, le professionnel connait une belle réussite, mais n’avait jamais eu l’occasion de briller au niveau Gr. 1. Comme quoi, à force de travail et de persévérance, tout peut arriver, même s’il faut attendre jusqu’à 69 ans !