Les archives France Sire : André Fabre et ses 8 triomphes dans l'Arc

05/10/2024 - DĂ©couvertes
Dimanche André Fabre tentera de décrocher avec Sosie, Mqse de Sevigné ou Sevenna's Knight le neuvième Arc de sa richissime carrière. Redécouvrez les huit succès du maître entraîneur dans la reine des courses de galop. 

 
André Fabre lors du deuxième de ses huit Prix de l'Arc de Triomphe, avec Subotica, monté par Thierry Jarnet sous la casaque d'Olivier Lecerf. ©APRH


Vainqueur du Grand Steeple-Chase de Paris en tant que jockey en 1977, puis en tant qu’entraîneur quatre années consécutives de 1980 à 1983, André Fabre décide quitter l'obstacle pour s’orienter versle plat dès 1984. Dès la première année il brille au plus haut niveau en s’adjugeant le Prix Saint-Alary avec Grise Mine, et la suivante il gagne son premier Classique à l’occasion du Prix de Diane avec Lypharita. Devenu l’homme le plus titré du galop français, le silencieux et énigmatique professionnel détient moultes records, dont celui du nombre de victoires dans l’Arc. Cette année, il sellera le favori Sosie et la remarquable Mqse de Sevign, ainsi que le stayer Sevenna's Knight, pour tenter de décrocher une neuvième couronne dans la plus grande course du monde.
 
 

Après avoir gagné quatre Grand Steeple-Chase de Paris, André Fabre se lance dans le plat au milieu des années 80 ©APRH

 
 
Trempolino et Subotica, deux Moussac au firmament
 
Né à Marystead, Trempolino, un fils du chef de race Sharpen Up et de la placée de Prix Corrida Trephine, est confié à André Fabre et débute victorieusement à 2 ans lors du meeting de Deauville, battant de 4 longueurs le futur triple gagnant de Gr.1 Le Glorieux. Battu dans les Prix de la Rochette et dans le Critérium de Maisons-Laffitte lors du reste de la saison, l’alezan se rachète en démarrant son année de 3 ans par un succès dans le Prix de Courcelles (L.). Lors du printemps Classique, Trempolino doit se contenter des médailles d’argent et de bronze dans les grandes joutes. Le poulain ne fait pas alors figure de prétendant au sacre lors du premier week-end d’octobre, mais son succès dans le Prix Niel (Gr.2) rebat alors les cartes. Dans l’Arc 87 il pulvérise le record de l’épreuve, et domine un lot d’exception en la présence de Tony Bin (vainqueur l’année suivante), le lauréat du Derby d’Espsom Reference Point ou encore la grande championne Triptych.
 
 
   Après seulement 4 saisons en plat, André Fabre décroche déjà l'Arc avec Trempolino pour Paul de Moussac ©APRH
 
 
Lui aussi élevé par Paul de Moussac, au Haras du Mezeray, Subotica est quant à lui présenté en vente yearling à Deauville, où il sera acquis par Olivier Lecerf pour la somme de 260 000 francs. Issu d’un croisement beaucoup moins prestigieux que son aîné Trempolino, Subotica est issu de Pampabard, dont il a été le seul bon cheval en plat. Comme Trempolino, Subotica débute en août de ses 2 ans à Deauville, mais doit se contenter de la 4e place. Il remporte ses deux sorties suivantes, dont le Prix Isonomy (L.) disputé à l’époque à Evry. Battu par Suave Dancer dans le Jockey Club, Subotica devient favori de l’Arc fort de ses succès dans le Grand Prix de Paris et le Niel. Malheureusement, il sera déclaré non partant la veille de la course. C’est un Subotica revanchard qui aborde l’Arc 1992, lui qui a remporté plus tôt dans l’année le Ganay, devant Suave Dancer. Face à 12 vainqueurs individuels de Gr.1, Subotica associé à Thierry Jarnet remporte un Arc ultra relevé.
 
 
 Subotica devance le champion italien Tony Bin ©APRH
 
 
Carnegie, Peintre Célèbre et Sagamix pour les plus grandes casaques du galop français
 
Fort de sa réussite extraordinaire, André Fabre se voit confier des chevaux par les plus grands propriétaires de l’époque. Propriétaire de chevaux de course depuis la fin des années 70, Cheikh Mohammed Al Maktoum voit les choses en grand pour son écurie et investit massivement à partir du milieu des années 80. En 1992, il achète à grand frais auprès de Robert Sangster un poulain par Sadler’s Wells et la gagnante d’Arc Detroit. Confié à André Fabre, ce poulain nommé Carnegie, fut plutôt tardif, débutant seulement au printemps de ses 3 ans sur 2000 mètres. Vainqueur dans l’été des Prix Eugène Adam Niel, Carnegie se pose en chef de file de sa génération pour l’Arc 1994. Courageux en diable, Carnegie résiste à toutes les attaques et succède à sa mère Detroit au palmarès de l’Arc. Ce doublé mère-fils sera par la suite réitéré par Urban Sea et Sea The Stars.
 
 
 Carnegie, devance Hernando dans l'Arc 1994
 
 
A l’image de Trempolino, Peintre Célèbre est né aux Etats-Unis, à Allez France Stables, la base américaine de Daniel Wildenstein. Alezan comme son aîné, Peintre célèbre est lui aussi né dans la pourpre, puisque fils de Nureyev et d’une gagnante de Gr.2 aux US, appartenant à la grande souche des « P » de l’élevage Wildenstein. Impressionnant à chacune de ses sorties à 3 ans, le poulain a tout d’un authentique crack. Dans le Prix Niel, qui ne devait être qu’une simple formalité avant l’Arc 1997, Peintre Célèbre est battu contre toute attente à la cote de 1,1/1. En grand champion qu’il était, Peintre Célèbre réalisa une démonstration dans la belle, battant au passage le record de l’épreuve détenu par Trempolino.
 
 
 Peintre Célèbre peut être le meilleur cheval entraîné par André Fabre ©APRH
 
 
Autre propriétaire emblématique de la fin du XXe siècle, Jean-Luc Lagardère travaillait en étroite proximité avec André Fabre. Ce dernier se voit confier un yearling, fils de l’étalon maison Linamix et de Saganeca, une gagnante de Prix de Royallieu (Gr.2), nommé Sagamix. Comme Carnegie, Sagamix est préservé à 2 ans et débute en mars de ses 3 ans, remportant ses deux premières sorties. Blessé avant les Classiques printanières, le poulain rentre et gagne dans le Prix Niel en septembre. Découvrant le terrain très souple à l’occasion de l’Arc, Sagamix s’impose à la lutte et offre son seul et unique Arc à Jean-Luc Lagardère.
 
 
 Sagamix, l'unique Arc de Jean-Luc Lagardère (au centre) ©APRH
 
 
Hurricane Run et Rail Link, dans la tradition des grands 3 ans d’André Fabre
 
Lui qui a grandi à Berlin Ouest, André Fabre a toujours entretenu d’excellents liens avec les propriétaires allemands, tels la famille Von Ullman (Gestüt Schlenderhan) ou Dietrich Von Boetticher. Le bavarois, créateur du Gestüt Ammerland avait notamment confié à Fabre sa championne Borgia dans les années 90. Quelques saisons plus tard, l’allemand et le français vont tomber sur un authentique champion nommé Hurricane Run. Seulement battu par Shamardal dans le Jockey Club, il se rattrape trois semaines plus tard en s’adjugeant le Derby d’Irlande. A l’issu de cette course, Hurricane Run passe sous pavillon Coolmore mais ne change pas d’écurie. Après avoir comme ses illustres prédécesseurs gagné le Niel, le fils de Montjeu conquiert le graal sous la selle de Kieren Fallon. L’année suivante, Hurricane Run est en course pour conserver sa couronne, mais conclut 3e, battu par son compagnon de box Rail Link.
 
 
 Incroyablement seul coté corde, Hurricane Run est sacré dans l'Arc 2005
 
 
L’entraîneur et le propriétaire les plus titrés du Prix de l’Arc de Triomphe, le Prince Khalid Abdullah, vont signer leur seul succès commun dans le championnat du monde des pur-sang en 2006. Rail Link est né d’un croisement 100% Juddmonte entre Dansili et Docklands, qui donna 4 vainqueurs de Groupe au haras. L’aventure démarra pourtant mal pour le poulain qui éjecta son partenaire Johan Victoire après avoir galopé dans un rival le jour de ses débuts. Après une 2e place la fois suivante, Rail Link enchaîne 4 victoires de rang et arrive parmi les favoris de l’Arc. Christophe Soumillon étant retenu sur Shirocco, c’est Stéphane Pasquier qui hérite de la monte. Blessé à la main après avoir brisé une coupe de champagne après le tir au but raté de Trezeguet en finale de la Coupe du Monde 2006, le pilote parvient à revenir pile à temps pour le grand jour. Alors que les japonais pensent que cette édition sera enfin celle du sacre avec l’idole nationale Deep Impact, c’est finalement le français qui est couronné.
 
 
 
Après avoir gagné sa course contre la montre, Stéphane Pasquier a pu mener Rail Link au succès dans l'Arc 2006 ©APRH
 
 
Waldgeist, un retour en grâce 13 ans après
 
Après avoir conquis 7 succès en l’espace de 20 ans, André Fabre connait une période plus creuse par la suite dans la reine des courses. Placé avec des chevaux comme Cloth of Stars, Flintshire, Méandre, ou New Bay, c’est finalement Waldgeist qui va lui offrir sa huitième victoire. Comme Hurricane Run, Waldgeist appartient au Gestüt Ammerland. Plus précoce que son aîné, Waldgeist remporte à 2 ans le Critérium de Saint-Cloud. Battu d’un rien par Brametôt dans le Jockey Club, l’alezan conclut son année de 3 ans sans la moindre victoire. A 4 ans, il enchaîne 4 succès de rang mais doit se contenter de la 4e place dans l’Arc d’Enable à Longchamp. Gagnant du Ganay pour sa rentrée à 5 ans, le fils de Galileo prépare l’Arc de la meilleure des manières en s’adjugeant le Foy. Outsider à 13/1 dans la belle, Waldgeist place une accélération dévastatrice pour priver Enable d’un historique triplé. André Fabre vient ainsi de remporter son 8e Arc, avec un huitième mâle, et pour un huitième propriétaire différent. Parviendra-t-il à porter son score à neuf ? Parviendra-t-il à briller avec une femelle ? Réponse dimanche.
 
 

2019 : le huitième Arc pour André Fabre grâce à Waldgeist ©APRH

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