Clotilde et Antoine Domenjoud, de jeunes éleveurs sur un site chargé d'histoire

Les prairies chargées d'histoire du Domaine St-Georges

 Si on vous disait que l'Allier regorge de trésors, certains seraient perplexes au premier abord, et pourtant... Nous allons aujourd'hui vous parler du Domaine St Georges, un lieu chargé d'histoire dans les courses, situé à quelques kilomètres au nord de Moulins, et qui est aujourd'hui exploité en partie par de jeunes éleveurs, Clotilde et Antoine Domenjoud. Clotilde est orthophoniste, et Antoine est à la tête de LMS Bourbonnaise, une entreprise d'équipements équestres bien connue dans le Centre-Est. Eleveurs de chevaux de sports au départ, ils ont acceuilli en 2015 leur première poulinière de courses, Une Deux Trois, issue du haras de Saint-Voir. 

Parmi les meilleures 3 ans 2019 à Auteuil, Aterisk a désormais sa mère chez les Domenjoud (APRH)

Depuis, l'effectif s'est bien agrandi, avec 6 poulinières PS et AQPS, dont une certaine Aspolina, acquise avant qu'elle ne devienne la mère de la toute bonne Aterisk, gagnante du prix d'Iena à Auteuil. Notre Aspolina a donné naissance cette année à une superbe pouliche par Castle du Berlais, et est confirmée pleine de No Risk At All, dans le but de faire naître un/une propre frère/soeur de Aterisk. Clotilde et Antoine ont également Une Toulousaine, une soeur de Vieux Morvan, et Mandara, la mère de la gagnante de listed Candaline. Tout ce beau monde profite des prés du Domaine St Georges à Bagneux, non loin de Moulins, un site à l'histoire incroyable. 

La soeur de Aterisk par Castle du Berlais née en 2020

En effet, la partie exploitée par Clotilde et Antoine n'est qu'un infime échantillon de la totalité du Domaine St-Georges, qui s'étend sur le bord de l'Allier sur 60 hectares ! Créé en 1880, il s'appelait alors le Haras de Saint-Georges. La genèse remonte à Edouard Fould, célèbre entraîneur de cette époque, qui avait commencé à monter une station d'entraînement à Moulins pour ses chevaux de province, avant d'y déménager son effectif complet en 1875. A sa mort, c'est le Duc de Castries qui a repris l'affaire, en se déplaçant à St-Georges, et y créant le haras. Sous sa casaque, il eut à la suite les champions Frontin et Little Duck, ayant réalisé tout deux le doublé Jockey Club/Grand Prix de Paris. Ces deux chevaux devinrent étalons avec également Silvio et Saint Léon. A la mort du Duc de Castries, l'affaire fut partagée entre sa femme, qui hérita de Frontin et Little Duck, tandis que le domaine revint au Vicomte d'Harcourt, avec Silvio et Saint Leon. Un joli clin d'oeil alors que le prix d'Harcourt, nommé en l'honneur du personnage, sera le temps fort de la reprise des courses ce lundi 11 mai.

Le Haras de St-Georges à la fin du XIXe siècle.

Le Vicomte d'Harcourt y installa son effectif, avec de nombreux boxes, et les pistes, qui étaient en sablel, matériau que l'on trouve rarement dans le Centre-Est à l'état naturel, mais qui borde l'Allier. Y ont été élevé les cracks Idalie (Critérium de ML), Holbein (prix Lupin), Italus (Derby du Midi, prix Dollar), ou encore les bien connus Amadou et Ecouen. Le Haras de St-Georges a connu des succès également avec son étalon Gulliver, un gagnant en Angleterre des Richmond Stakes à 2 ans et des Hardwicke Stakes à 3 ans. Ses premières générations ont foulé les pistes françaises à la fin des années 1890, avec de la réussite en plat et en obstacle. A l'époque, Gulliver portait des courants de sang très rares en France, et a ainsi croisé de belle manière avec les juments du Vicomte d'Harcourt.  Gulliver était en effet un fils de Gaillard, champion miler anglais ayant gagné les Guinées, les St James Palace Stakes et les Princes Of Wales Stakes, avant de devenir un sire très influent, ayant donné aussi War Dance, lui même à l'origine de Perth. Ce gagnant de Poule d'Essai, Jockey Club et Grand Prix de Paris, a été trois fois leader des étalons en France en officiant au Haras de Nonant Le Pin de Maurice Caillault...Le Domaine de St-Georges est donc un site riche de son histoire. Il est aujourd'hui divisé en plusieurs parties, et comporte une piste d'entraînement, d'ailleurs inutilisée depuis des décennies, mais prête à être remise en route par qui tentera le challenge...Pour les Domenjoud, le challenge c'est l'élevage, et cela commence plutôt bien !

Gulliver, un étalon qui a fait la renommée du Haras de St-Georges à la fin des années 1890