L'histoire de DNA : Man O'War et ses bottes de sept lieues
MAN O’ WAR, la foulée la plus longue jamais mesurée sur un cheval de course…
Lors de votre prochaine visite au Kentucky Horse Park de Lexington (USA), n’hésitez pas à vous attarder dans la petite aire de promenade sur la gauche de l’entrée principale. Vous y découvrirez une allée flanquée de trois piquets portant les inscriptions « Secrétariat 24 ft / John Henry 25,5 ft / Man O’ War : 28 ft », et des marques au sol symbolisant la longueur de la foulée de ces trois Champions. Il vous faudra enchaîner dix pas pour couvrir la distance que Man O’ War avalait en un seul (28 ft = 8,53 m) !
Pour qu’un cheval galope plus vite qu’un autre, seuls deux paramètres entrent en ligne de compte : la longueur de la foulée et la cadence. Et Man O’ War déployait, sous une cadence de galop à couper le souffle, la foulée la plus longue jamais mesurée sur un cheval de courses.Une véritable force de la nature qui affolait les aiguilles des chronomètres à chacune de ses sorties pour signer plusieurs records du Monde et de nombreux records de piste, dont certains tiennent encore aujourd’hui...
Man O’ War naquit le 29 mars 1917 à Lexington, issu de l’union entre l’étalon Fair Play et une fille de Rock Sand, croisement qui devint ensuite l’un des nicks les plus classiques de l’élevage américain de l’époque. Initialement baptisé The Man O’ War par l’épouse de son éleveur August Belmont Jr, en hommage à l’engagement de son mari sur le front français durant la première guerre mondiale, le poulain passa sur le ring des ventes de Saratoga à l’âge yearling pour se faire adjuger $5,000 à Samuel D. Riddle. A ce stade, le physique de Man O’ War laissait plus augurer un futur steeplechaser que le Champion qu’il devint ensuite, mais après un débourrage difficile, le cheval montra des dispositions exceptionnelles à l’entraînement et devint rapidement un athlète plus grand (1,67 m), plus fort et plus puissant que les autres, d’où son surnom « the bigred ».
Très précoce, Man O’War remporta 9 de ses 10 sorties publiques à 2 ans (dont 5 en l’espace de 24 jours). Elu Champion de sa génération, il dut l’unique défaite de sa carrière à de malencontreuses circonstances, dont un départ donné aux élastiques alors qu’il tournait le dos à la piste (comme Auriban dans un Prix du Jockey Club demeuré célèbre). Ironie du sort, le seul cheval qui l’aura devancé s’appelait Upset (= déception en anglais), et cette course conféra à l’hippodrome de Saratoga sa réputation de cimetière des Champions, malédiction qui compte parmi ses victimes Secrétariat et même, plus près de nous, un certain American Pharoah !
MAN O’ WAR, m. al. 1917 – 1947,par Fair Play et Mahubah (Rock Sand)
Vainqueur des Preakness St. (Gr.1) en toute décontraction pour sa rentrée à 3 ans, Man O’War remporta ensuite 10 autres succès en autant de sorties dont les Belmont St. (Gr.1) par 20 longueurs, le Lawrence Realization (Gr.1) par 100 longueurs, et enfin un match contre le Champion Sir Barton, lauréat de la triple couronne l’année précédente. Disputé à Windsor au Canada, ce match fut la première course entièrement filmée de l’Histoire !
Avec un palmarès riche de 20 succès en 21 apparitions publiques à 2 et 3 ans, Man O’ War est encore considéré par nombre de sportsmen américains comme le plus grand Champion de tous les temps. Etalon classique (tête de liste des pères de gagnants aux USA en 1926), on lui doit de nombreux Champions dont War Admiral, vainqueur de la triple couronne US et grand rival du légendaire Seabiscuit, un petit-fils de … Man O’ War !
Al Wukair, l'un des rares descendants de Man O'War en lignée mâle directe.
Excellent père de mères (128 gagnants de Stakes à l’actif de ses filles), Man O’ War a tracé en lignée mâle via le peu recommandable War Relic, un cheval auquel il était fortement déconseillé de tourner le dos (un groom y laissa la vie pour l’avoir oublié). Un temps relayé par le très véloce Relic, c’est via la branche établie par In Reality que la dynastie de Man O’ War subsiste encore aujourd’hui, aux USA grâce à Relaunch (grand-père de Tiznow) et Valid Appeal et en Europe avec Known Fact.
En 2019, seuls trois étalons français peuvent se targuer de descendre en droite ligne de Man O’War, à savoir Al Wukair, Dream Ahead et Totxo. Ils sont d’ailleurs, avec l’anglais Avonbridge, les seuls continuateurs de la lignée mâle de Godolphin Arabian sur notre continent !