Histoire de DNA : Ballymoss et l'architecte de la Maison Blanche

 

Officiellement investi en ce mois de janvier 2021, le nouveau Président des Etats-Unis d’Amérique, Mr Joseph Robinette Biden Jr, présente bien des similitudes avec l’architecte John McShain Jr. D’abord parce que tous les deux sont issus de familles immigrées d’Irlande, et ensuite parce que le premier réside maintenant à la Maison Blanche, demeure présidentielle qui avait été rénovée par le second entre 1949 et 1952…

 

 

 

 

Egalement responsable de la construction du Pentagone en 1940 (travaux achevés en seulement quinze mois), le très fervent catholique John McShain Jr renonça à prononcer ses vœux pour s’adonner à une autre religion : les courses de chevaux. Sa grande réussite professionnelle lui permit ainsi de fonder une écurie de courses dans le New Jersey et, parallèlement,d’acquérir une propriété à Killarney en Irlande, Kenmare House.

 

 

John McShain Jr

 

 

Il mandata alors le futur crack entraîneur Vincent O’Brien, encore jeune et alors seulement connu pour ses bons résultats avec des steeple-chasers, pour placer une enchère gagnante de 4,500 Guinées aux ventes de yearling de Doncaster sur un petit cheval alezan, présenté par son éleveur Richard Ball et dont le nom fleurait bon la verte Erin : Ballymoss…

 

Le poulain émanait de la deuxième saison de monte de Mossborough, un performer de second rang, 2e des Eclipse St. (Gr.1) à 4 ans mais dont on ignorait encore le potentiel génétique. Ses origines parlaient cependant pour lui, avec comme géniteur le Chef de Race Nearco et comme génitrice une 3/4 sœur du Chef de Race Hyperion !

Du côté maternel, même constat : sa mère Indian Call n’avait couru que deux fois sans succès, mais elle était par un gagnant du St Leger (Gr.1) et une lauréate des Yorkshire Oaks (Gr.1). Richard Ball n’eut d’ailleurs à débourser que 15 Gns pour l’acquérir en fin d’année de 3 ans !

 

 

John McShain avec Ballymoss

 

 

Ballymoss avait donc un pedigree douteux, suspicions qui prirent de l’ampleur lorsque le poulain ne conclut sa saison de 2 ans que par une modeste victoire dans un maiden en 4 sorties, et lorsqu’il termina non placé d’un handicap pour sa rentrée à 3 ans. Mais dès sa course suivante, c’est un tout autre cheval qui parut en piste : gagnant des Trigo St. (L.), deuxième du Derby (Gr.1) de Crepello malgré une préparation contrariée par un accident, vainqueur de l’Irish Derby (Gr.1) au Curragh…

 

 

Ballymoss remporte l'Irish Derby sous la selle de Tommy Burns.

 

 

Alternant le très bon et le moins bon, Ballymoss devint toutefois le premier cheval entraîné en Irlande à remporter le St Leger (Gr.1), et s’imposa à 4 ans dans la Coronation Cup (Gr.1) à Epsom et dans les King George VI & Queen Elizabeth St. (Gr.1) à Ascot, succès acquis par 3 franches longueurs.

 

 

Ballymoss devient le 1e cheval entrainé en Irlande à remporter le St Léger de Doncaster en 1957.

 

 

Automne 1958, la Ve République est proclamée en France. En parallèle des festivités organisées au Palais de l’Elysée se prépare le non moins important Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1), confrontation de l’élite mondiale du pur-sang. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’hippodrome de Longchamp ont empli d’espoir de nombreux concurrents, car le Champion Ballymoss est réputé pour détester le terrain lourd. 

 

 

 

 

 

On espérait donc un succès de la casaque Dupré portée par Tanerko et par Bella Paola mais ce fut bel et bien Ballymoss qui, attaquant de loin, disposa facilement de ses adversaires. Un entraîneur irlandais, un propriétaire américain, un jockey australien (Arthur Breasley), la victoire fut internationale, une nouveauté pour l’époque...

 

Avec un palmarès riche de 8 succès en 17 sorties et la somme record de gains de £114,150, Ballymoss entra au haras par la grande porte. On créa en son honneur une course de Groupe au Curragh (les BallymossStakes), un timbre-poste fut imprimé à son éfigie, et la locomotive British Railways Deltic Diesel D9018 fut baptisée Ballymoss !

 

 

Ballymoss a eu droit à un timbre à son effigie.

 

 

Son mentor, Vincent O’Brien, se couvrit de gloire en remportant tous les grands classiques dont 6 éditions du Derby d’Epsom. Une course de Gr.1 en plat porte aujourd’hui son nom, les Vincent O’Brien National Stakes…

 

Stationné à Whistbury Manor Stud dans le Hampshire, Ballymoss devint un très bon étalon, une fois deuxième et une fois troisième des pères de gagnants grâce à 6 vainqueurs au plus haut niveau dont Royal Palace, lauréat de cinq Gr.1 dont les 2000 Guineas (Gr.1) et le Derby (Gr.1). Excellent père de mères, d’où le gagnant de Derby Teenoso (Youth) et le vainqueur du Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1) Levmoss, le glorieux Ballymoss n’aura pas érigé une grande lignée mâle mais son nom fera toujours la fierté de nos amis irlandais, qu’ils soient insulaires ou présidents américains !

 

 

 

 

John McShain sera l'un des 9 propriétaires américains à remporter le Prix de l'Arc de Triomphe.  Le premier fut Abraham Kingsley Macomber (né en 1877 dans le New Jersey – dcd en octobre 1955 à Paris, inhumé à Cannes), qui s'est imposé en 1923 avec Parth. Macomber fut banquier en Californie et par ailleurs Président de l’hôpital américain de Neuilly de 1926 à 1928.  Le dernier n'est autre que Peter M. Brant avec Sottsass en 2020, sous l'entrainement de Jean-Claude Rouget.